
Le baromètre annuel de MMA sur la sécurité routière dans les TPE-PME le confirme, l’investissement de ces petites structures reste faible. En 2019, 16 % des entreprises d’un à deux salariés déclaraient avoir mis en place des actions de prévention du risque routier, 14 % dans les entreprises de trois à cinq salariés, et 10 % dans celles de six à neuf salariés. Des proportions qui restent stables depuis 2016. Depuis cette date, 84 % des TPE et PME en moyenne déclarent ne pas avoir lancé d’actions de prévention du risque routier.
Des échanges informels...
Le baromètre annuel de MMA sur la sécurité routière dans les TPE-PME le confirme, l’investissement de ces petites structures reste faible. En 2019, 16 % des entreprises d’un à deux salariés déclaraient avoir mis en place des actions de prévention du risque routier, 14 % dans les entreprises de trois à cinq salariés, et 10 % dans celles de six à neuf salariés. Des proportions qui restent stables depuis 2016. Depuis cette date, 84 % des TPE et PME en moyenne déclarent ne pas avoir lancé d’actions de prévention du risque routier.
Des échanges informels
Reste que dans les petites entreprises, ce travail de prévention peut aussi exister sous des formes informelles. « Je suis pompier depuis 35 ans et également conseiller technique de secours à personne. Je suis souvent amené à discuter avec les salariés des accidents qui ont lieu sur le secteur, sur lesquels je suis intervenu ou dont j’ai pu entendre parler. Et je peux leur expliquer comment ils auraient parfois pu être évités », illustre Christophe Botton, à la tête de la SARL Botton Frères, une entreprise de sept personnes, spécialisée dans la plomberie, le chauffage et le dépannage.
Dans cette entreprise implantée à Mussidan en Dordogne, l’ensemble des monteurs et techniciens sont susceptibles de prendre la route au volant d’un des cinq véhicules : trois Master et deux Trafic. Les déplacements s’effectuent dans un rayon d’environ 80 km. « Pour le service de dépannage, les interventions durent moins longtemps mais le salarié est plus souvent sur la route », complète le responsable.
Dans les petites entreprises, la proximité avec les salariés offre d’aborder de manière plus spontanée et fréquente les questions de sécurité routière. Ces échanges peuvent aussi se dérouler à l’occasion de réunions régulières. « Lors de nos réunions de service une fois par trimestre, nous faisons un point sur la sécurité routière. Cela fait partie de l’ordre du jour », décrit Madeleine Jérôme-Evrard, responsable du parc de Coriolis, une TPE spécialisée dans l’automatisme et l’informatique industrielle, implantée à Villeneuve d’Ascq dans le département du Nord.
Dans cette société de six personnes, quatre techniciens et ingénieurs sont susceptibles de circuler pour effectuer des missions dans des entreprises plus ou moins proches, dont certaines peuvent durer plusieurs mois. « Les salariés roulent de 40 000 à 60 000 km par an, indique Madeleine Jérôme-Evrard. Depuis deux ans, la question de la sécurité routière est systématiquement abordée au cours de ces réunions. Nous échangeons sur du vécu et c’est un moment que les salariés attendent. »
Madeleine Jérôme-Evrard cite en illustration de ces échanges le cas d’un salarié en astreinte, appelé à intervenir dans une entreprise alors que la météo annonçait du verglas. « Nous avons discuté pour savoir ce que l’on aurait pu faire. La solution aurait été de dire au client que le conducteur ne pouvait pas se déplacer immédiatement et d’attendre que la situation météorologique s’améliore pour circuler », retrace la responsable de Coriolis.
Des outils plus structurés
Chez Coriolis comme au sein de Botton Frères, la question de la sécurité routière fait partie du quotidien. « Nous évoquons les problèmes de sécurité dès qu’ils arrivent. Le dialogue est institué, les salariés en parlent spontanément », constate Madeleine Jérôme-Evrard.
Ces échanges informels n’empêchent pas le recours à des outils plus structurés pour notamment créer de l’émulation autour de ce thème. Chez Coriolis à nouveau, Madeleine Jérôme-Evrard s’appuie sur des quizz lors des réunions trimestrielles. Dernièrement, elle a préconisé des Mooc aux salariés, des formations disponibles sur internet : « Nous en avons consulté un sur la prévention destinée aux chefs d’entreprise sur Mymooc. Nous avons ensuite proposé aux salariés de le suivre sur leur temps de travail. »
Autre outil glané sur internet, une simulation sur la consommation d’alcool. « Tous les ans, nous organisons un repas de Noël avec les collaborateurs et l’année dernière, nous avons diffusé cette simulation lors de la réunion qui précède en guise de prévention », rapporte Madeleine Jérôme-Evrard.
Miser sur la prévention
Comme l’indique l’étude annuelle de MMA évoquée plus haut, si peu de petites entreprises développent des politiques de prévention routière, les sociétés du BTP restent celles qui mènent le plus d’initiatives dans ce sens. Une démarche logique, liée à l’incontournable réflexion dans le domaine de la prévention des risques professionnels pour ce secteur d’activité. « Nous avons une politique de prévention sur la sécurité en général : à l’atelier pour la prévention des risques, gestes et postures avec des formations régulières, et cela se décline dans notre politique de sécurité routière », détaille Carole Blanc en charge de la sécurité au travail, de la qualité, de la partie commerciale et communication de l’Atelier du Bois, basé à Albi dans le Tarn.
Cette entreprise de fabrication de fenêtres, portes et escaliers éco-conçus en bois pour les professionnels et les particuliers compte onze personnes. Sa flotte comprend trois voitures et quatre utilitaires. Les initiatives menées entre autres par la Fédération du bâtiment ont permis à l’Atelier du Bois de faire suivre des formations à ses salariés.
« La Fédération du bâtiment et travaux publics du Tarn a organisé une journée sur la sécurité routière pour laquelle toute l’entreprise s’est déplacée », se souvient Carole Blanc. Cette journée réunissait plusieurs intervenants dont l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics, l’OPPBTP, et des spécialistes de la prévention sur les gestes et postures liés aux risques chimiques, qui proposaient aux participants une présentation sous forme de quizz.
Des journées sécurité routière
« La Sécurité routière mettait en avant un parcours avec des lunettes qui simulaient une prise d’alcool, l’ARS une présentation des différentes addictions, la Gendarmerie pour sa part avait amené un simulateur de conduite », relate Carole Blanc. Au-delà de ces opérations ponctuelles, la responsable prévoit maintenant d’autres actions pour renforcer la prévention.
Ces remises à niveau ou les participations à des opérations ponctuelles se montrent efficaces si la sécurité routière constitue une préoccupation permanente de l’entreprise. Mais outre les échanges réguliers autour de ce thème, les entreprises bénéficient d’outils plus formels pour insister sur l’importance du respect des règles. « Nous avons signé en 2019 la charte de la sécurité routière avec ses sept engagements, indique Madeleine Jérôme-Evrard. Ce sont des règles que nous respectons mais cette initiative a aussi été l’occasion de reparler de la sécurité routière à la réunion trimestrielle pour montrer aux salariés l’engagement de l’entreprise. » Cette charte, formalisée en 2016 par le gouvernement, liste les mesures de sécurité routière que l’entreprise s’engage à respecter : « pas d’alcool au volant, pas de téléphone au volant, la ceinture de sécurité, le respect de la vitesse », énumère Carole Blanc à l’Atelier du bois.
Pour le spécialiste de la livraison de salades et de plats cuisinés Ovodis, Nathalie Pychou ne dit pas autre chose : « Nous évitons de téléphoner aux livreurs lorsqu’ils sont sur la route. Comme ils sont géolocalisés, quand un client appelle, nous les localisons pour répondre aux clients sans avoir à les contacter. Nous ne les appelons que si nous ne pouvons pas faire autrement et ils ont pour consigne de s’arrêter pour répondre », rappelle cette dirigeante et gérante (voir le témoignage). Même fonctionnement chez Coriolis : « Dans notre règlement intérieur, il est mentionné l’interdiction du téléphone au volant. Il faut attendre d’être en sécurité sur une aire de stationnement pour appeler », souligne Madeleine Jérôme-Evrard.
Suivre l’état des véhicules
Et si ces différentes initiatives contribuent à responsabiliser les salariés dans leur quotidien, d’autres leviers y contribuent aussi comme le suivi de l’état des véhicules. « Chez nous, chaque salarié fait un rapport en fin et en début de semaine sur l’état du véhicule, note Christophe Botton pour Botton Frères. Et nous effectuons les réparations au plus vite quand cela est nécessaire. » Une prise en charge rapide qui contribue à maintenir le véhicule dans un état correct, tout en évitant que l’attention du salarié se relâche et que les dégradations s’accumulent peu à peu.
« On rencontre dans les TPE et PME les mêmes typologies d’accidents que celles des gros rouleurs, observe Franck Llagostera, directeur des opérations pour le loueur Athlon : leurs véhicules suivent souvent de trop près des véhicules devant eux et il y a également de nombreux problèmes de pare-brise. Ce sont aussi des véhicules qui sont endommagés parce qu’ils évoluent dans des endroits avec des difficultés à manœuvrer, ce qui cause de nombreux sinistres sans tiers. »
Pour éviter ces dégradations, les caméras de recul deviennent courantes, notamment sur les utilitaires. Autre outil qui participe à la prévention des accidents : la télématique embarquée. Une solution rarement employée dans les petites entreprises mais que la société Botton Frères a estimé utile pour son activité.
La clé de la géolocalisation
« Les véhicules sont tous équipés en géolocalisation. Nous avons commencé par les deux véhicules dédiés au dépannage pour améliorer les temps d’intervention. Nous connaissons donc le secteur où se situe le technicien pour l’envoyer plus rapidement sur une intervention. Ensuite, nous nous sommes rendus compte que la géolocalisation pouvait être bénéfique pour tout le monde, comme pour des monteurs qui pouvaient être réorientés pour intervenir aussi en dépannage. Et cela permet de disposer d’informations sur la vitesse, le temps passé sur la route, et d’apprécier l’état de fatigue de chacun », détaille Christophe Botton.
Chez Ovodis, qui recourt aussi à la géolocalisation, l’organisation des trajets se fait au cordeau. Ainsi, pour tous les personnels qui effectuent des livraisons, une feuille de route est établie en avance pour qu’ils ne la découvrent pas le matin même. « Nous établissons un nombre de positions et aucun changement n’est apporté en cours de tournée. Nous y sommes attentifs pour ne pas tomber dans le travers de certaines entreprises de messagerie qui multiplient les positions à faire en très peu de temps. Nos tournées sont organisées et rythmées, faisables dans un délai imparti, sans qu’il y ait d’excès de vitesse. Dans notre logistique, dès qu’un client est intégré dans la tournée, nous vérifions qu’il peut être desservi sans difficulté et nous le basculons sur une autre tournée si nécessaire », explique Nathalie Pychou.
Organiser les trajets
Coriolis favorise pareillement la rationalisation des déplacements. « Nous préparons le plus possible les interventions en amont dans les locaux de l’entreprise », avance Madeleine Jérôme-Evrard. Et quand le trajet est incontournable, une bonne anticipation reste aussi la clé d’une meilleure maîtrise des risques. « Pour toutes les nouvelles missions, il y a systématiquement un échange entre les techniciens et le directeur pour évaluer le meilleur itinéraire. Nous nous renseignons également sur le code de la route local si le client est à l’étranger. Et en cas de distance trop importante enfin, nous proposons de prendre un hôtel plutôt que d’effectuer des allers-retours quotidiens », poursuit la responsable de Coriolis. À suivre !
Dossier - Sécurité routière : une sensibilisation au quotidien
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