
Basé sur la communication véhicule à véhicule (V2V) et les systèmes d’aide à la conduite, le platooning consiste à relier deux camions ou plus avec une « barre d’attelage » virtuelle. Le premier camion dicte la vitesse et la direction aux suivants, leur permettant de circuler en convoi rapproché, à moins de 15 m de distance. À la clé : une économie d’environ 10 % de carburant, grâce à l’effet d’aspiration engendré par le véhicule de tête.
« Nous avons déjà prouvé que la technologie du « platooning » fonctionne, avec des projets tels que l’European Truck Platooning Challenge en 2016, a indiqué Frederik Zohm, membre du comité de direction pour la recherche et le développement de Man Truck & Bus AG. Le défi consiste maintenant à adapter cette technologie aux conditions réelles dans lesquelles opèrent au quotidien les logisticiens. »
De premiers essais routiers en avril

Pour cela, Man s’est associé au transporteur DB Schenker et à l’université privée des sciences appliquées Fresenius. Lancé en mai 2017, leur projet de platooning est financé à hauteur de 2 millions d’euros par le ministère allemand des transports et de l’infrastructure numérique (BMVI).
Après plusieurs mois consacrés à la production des véhicules de test, les acteurs préparent désormais les essais routiers qui débuteront en avril 2018 sur l’autoroute A9 et dureront plusieurs mois. Les camions rouleront d’abord à vide avant d’être intégrés à des opérations réelles en mai, de manière hebdomadaire puis quotidienne. À terme, des convois circuleront jusqu’à trois fois par jour pour acheminer des marchandises.
De « vrais » conducteurs au volant des camions
Pour la première fois, ce ne sont pas des pilotes d’essai mais des conducteurs professionnels qui seront au volant des camions semi-autonomes. Ces derniers vont suivre une formation théorique et pratique dispensée par des formateurs de Man ProfiDrive. Ils s’entraîneront sur simulateur de conduite, puis effectueront les trajets en tant que passagers et en conduite accompagnée, avant d’être laissés seuls. Lors des tests, ils devront garder les mains sur le volant pour pouvoir intervenir si nécessaire : une tâche loin d’être évidente.

Évaluer les effets de la conduite semi-autonome sur la profession

C’est pourquoi ils seront suivis par des chercheurs de l’institut de recherche en santé complexe de l’université Fresenius, qui les accompagneront lors des trajets. « Notre objectif est de mesurer l’impact de cette nouvelle technologie sur les conducteurs, a expliqué le professeur Christian T. Haas, directeur de l’institut. L’étude se concentre sur les dimensions neurophysiologiques et psychologiques. »
Au programme : analyse des ondes cérébrales avec un encéphalogramme et suivi des mouvements oculaires, afin de détecter l’attention et la fatigue des conducteurs. Les résultats influeront sur le développement technologique des interfaces destinées au platooning, et serviront à déterminer les tâches que pourraient effectuer les conducteurs lors des phases de conduite semi-autonome. « Le scénario offre également la possibilité d’acquérir une connaissance fondamentale de la numérisation des conditions de travail », note l’université Fresenius.