
Pour les Transports Barcos (Tarbes, 65000), la hausse des prix du gaz pèse lourd. D’autant que cette société a investi depuis 2017 dans onze Iveco Stralis et S-Way au GNC pour dépolluer ses livraisons aux clients de la grande distribution. Car si ce transporteur doit livrer ses clients en temps et en heure, il ne peut plus respecter son contrat de décarbonation puisque ses Iveco au gaz ont perdu toute rentabilité.
+ 30 % de hausse du GNC en un an
Ce dont s’alarme le dirigeant des Transports Barcos. « Entre avril 2021 et janvier 2022, le GNC est passé de 0,75-0,80 euro/kg à 2,90-3,50 euro/kg, rappelle Jean-Claude Barcos. Soit une augmentation de 30 % du coût du GNC en un an. Consommant 50 t de GNC par mois, j’ai vu ma facture de décembre passer de 30 000 à 50 000 euros de 2020 à 2021. Si le GNC reste à ce prix, mes poids lourds au gaz n’auront plus d’intérêt malgré nos efforts de productivité. »
Déjà, pour compenser le surcoût à l’achat de ses camions d’environ 20 %, et à l’entretien par la fréquence des révisions, Jean-Claude Barcos les avait affectés à l’approvisionnement de grandes surfaces jour et nuit six jours sur sept. Pour sécuriser les tournées, le dirigeant s’était aussi fait construire sa propre station GNV publique dans la zone industrielle de Tarbes.
1 million de km en 48 mois
Publique et raccordée au réseau, cette station trouvait son équilibre économique dans la consommation des onze Iveco des Transports Barcos, mais aussi dans la vente de GNC aux transporteurs de passage. L’apport de biogaz par l’usine de méthanisation développée par 70 agriculteurs régionaux compensait aussi les émissions de CO2 des 116 autres véhicules au gazole de la flotte du transporteur.
Les Transports Barcos s’estimaient alors sur la bonne voie. « Avec cette approche globale, nous contribuons à réduire notre empreinte carbone et à développer économiquement la région, se félicitait Jean-Claude Barcos à l’automne. En 48 mois, nos véhicules ont dépassé le million de kilomètres. Ils sont aussi performants qu’au début et leur exploitation est rentable, notamment grâce aux conseils, aux formations et à l’entretien des véhicules par le réseau d’Iveco. Nous avons donc commandé cinq nouveaux S-Way de 460 ch, destinés à renouveler notre parc GNC. »

Réduction de l’usage du gaz
Mais la crise économique du GNC a obligé les Transports Barcos à remplacer ces Iveco au GNC par des poids lourds au gazole pour les livraisons aux grandes surfaces. « J’ai inversé mon exploitation pour rebasculer mes Iveco au GNC sur des livraisons locales afin de limiter les kilomètres effectués et je les ai remplacés par des véhicules qui roulent au gazole », explique Jean-Claude Barcos. Et quant au cinq S-Way 460 ch au GNC qu’Iveco doit livrer en février, le transporteur s’interroge. « Je songe à revenir au gazole car je ne peux pas mettre mon entreprise en danger. Je vais discuter avec mon fournisseur pour voir si je peux reporter leur livraison ou les remplacer par des véhicules au gazole. »

Le transporteur a aussi réduit aussi sa consommation de gaz dans sa station GNC. « Consommer du BioGNC serait plus économique que du GNC fossile, mais les agriculteurs préfèrent vendre leur biogaz sur le réseau pour gagner davantage, poursuit Jean-Claude Barcos. Seuls les transporteurs de passage s’approvisionnent encore car ils ont besoin de recharger du GNC pour rentrer chez eux. Moi-même, j’envoie parfois mes camions refaire le plein dans une station où le GNC est moins cher. »
Adaptation ou recours aux solutions alternatives
Mais Jean-Claude Barcos ne désespère pas. « Nous ne pouvons pas réduire nos activités car les clients attendent leurs livraisons, lance-t-il. Il va donc falloir nous adapter. » Mais les solutions demeurent sous condition. La sous-traitance reste limitée par la pénurie de conducteurs et le recours aux biocarburants : huile végétale hydrogénée ou XTL pour les poids lourds Iveco ou B100 pour ses camions Volvo Trucks. Et elle dépend aussi de la disponibilité de ces biocarburants.

Les Transports Barcos peuvent aussi augmenter leurs chargements en utilisant des semi-remorques à double plancher. Mais il faut financer ces remorques et convaincre les clients d’accepter des temps plus longs de chargement et de déchargement. Enfin, le transporteur peut se contenter de rouler au gazole, retardant ainsi sa transition énergétique. Même si le gazole a augmenté dans le même temps de 30 % et l’AdBlue qui l’accompagne de 115 %. « Comme l’annoncent déjà les observateurs, la hausse du prix du gaz va limiter la croissance prévue en 2022 », conclut Jean-Claude Barcos.