Pascal Urano est à la fois chargeur et transporteur sur le Grand Est et la région parisienne. Il dirige la société de terrassement de plateformes logistiques Urano. Sa société Truck Location (Warcq, 08497) transporte par route ou en multimodal les matériaux qu’Urano produit. « Nous fabriquons les cailloux, les transportons et les répandons, valorisant ainsi la chaîne complète de la construction, expose ce dirigeant. Nous transportons aussi le carburant que nous consommons ». En 2020, il a décidé d’accompagner la transition énergétique. Pascal Urano n’alimentera plus ses véhicules routiers et ses engins de travaux publics qu’au biocarburant B100 à partir de 2023.
Eligibilité au suramortissement de 40 %
Pour cela, Pascal Urano a contacté la société Saipol. Une société qui produit du B100 à partir du colza cultivé en France pour sa filiale Oleo100. Il a également contacté le constructeur MAN qui lui fournit depuis 2017 l’intégralité de ses 200 tracteurs TGS ou porteurs TGS 8×4. MAN lui a confirmé que tous ses véhicules étaient homologués pour consommer du B100.
MAN lui a aussi assuré qu’il développait, dans le cadre d’un accord signé en juin 2021 avec Saipol, une gamme de poids lourds TGS et TGX. Ces véhicules roulent au B100 exclusif grâce à leur capteur de contrôle MAN Greenbox. Immatriculés B1, ces camions bénéficient d’un suramortissement de 40 % à l’achat. Ils disposent aussi d’un TCO identique à celui de leurs modèles antérieurs au gazole grâce à la réduction de consommation de 5 à 6 % des nouveaux MAN, qui compense la surconsommation de 5 à 6 % du B100.
95 à 100 % de véhicules au B100 fin 2022
Dès mars 2021, Pascal Urano a programmé le rétrofit au B100 de ses 80 poids lourds 2020 et 2021 pour fin 2022. Il a aussi commandé 120 MAN TGS au B100 exclusif pour remplacer tous ses poids lourds plus anciens. Le dirigeant a justifié ses choix. « Immatriculés B7, les véhicules de 2020 et 2021 sont trop récents pour que je les renouvelle. Ils ne seront jamais B1, même s’ils roulent au B100. Par contre, remplacer mes vieux camions par des MAN TGS au B100 exclusif me permettra de les immatriculer B1. Je pourrai aussi bénéficier de la réduction de consommation de 5 à 6 % du moteur Euro 6E de MAN. » Le premier MAN TGS B1 lui a été livré mi-février 2022. Fin 2022 ses 200 véhicules industriels rouleront au B100. À condition que ses 10 tracteurs porte-engins 6×4 de 550 ch aient été homologués B100.
Les engins de TP au B100 d’ici 2023
Pour Truck Location, le bilan carbone est déjà positif. « Entre mars 2021 et février 2022, Truck Location a économisé 6 000 m3 de gazole, soit 14 000 t de CO2, rapporte Pascal Urano. Une seule contrainte, le délai entre les entretiens raccourci de 30 %. J’ai donc décidé de rétrofiter aussi mes engins de chantier. Bergerat Monnoyeur m’a confirmé qu’ils sont tous éligibles au B100. D’ici fin 2022, ils rouleront donc au B100. L’ensemble de nos véhicules consomment chaque mois 400 000 l de gazole. Nous abaisserons ainsi de 75 % les émissions carbonées de l’ensemble de notre flotte. Ce sera 23 000 t de CO2 en moins par mois. »
Gérer les approvisionnements en carburant
Le B100 étant réservé aux flottes captives, le transporteur a aussi réorganisé la livraison de B100 à ses véhicules stationnés sur les chantiers. « Depuis notre dépôt de 500 000 l de B7, B35 et GNR, nous alimentions déjà nos véhicules distants avec quatre porteurs ravitailleurs, explique Pascal Urano. Nous avons simplement remplacé les carburants fossiles par du B100 et acheté deux citernes, l’une pour les camions Truck Location et l’autre pour les engins Urano, plus 4 autres ravitailleurs pour fournir toute la flotte. Nos tracteurs disposent de réservoirs de 750 l qui leur donnent une autonomie de 3 jours de carburant. Ceux de 450 l sur les porteurs ont 5 jours d’autonomie. Nous construisons aussi un dépôt supplémentaire de 800 000 l pour l’ensemble de la flotte. »
Un B100 à prix unique sur toute la France
Même cette nouvelle organisation s’avère profitable. « Nous allons chercher notre B100 à l’usine Saipol du Mériot (10400) par camion porteur-remorque de 36 000 l et livrons nos camions. Nous bénéficions ainsi d’un prix unique du B100 pour toute la France. Un prix exempt de tout surcoût de transfert de bord à bord, se félicite Pascal Urano. De plus, Saipol affrète nos camions remorques pour livrer leurs autres clients, ce qui augmente notre activité de transport. » Le seul point noir réside dans la hausse actuelle du prix de gazole, sur lequel le prix du B100 est indexé. « En douze mois, cette hausse a augmenté de 480 000 euros par mois notre coût de carburant, reconnaît-il. C’est trop et cela ne peut pas durer. Mais j’y vois un avertissement : cela nous montre ce qui arrivera encore si nous continuons à dépendre des énergies fossiles. »
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