
Après des années difficiles, le marché des utilitaires légers est reparti début 2011. Mais si le premier semestre s’est nettement orienté à la hausse, les ventes de VUL et de voitures de société à deux places et TVA récupérable se sont fortement ralenties en juin et juillet. Crise économique et financière, incertitudes sur l’avenir, carnet de commande en berne, difficultés à obtenir un crédit sont autant d’explications possibles et plausibles. Autre facteur d’expansion du marché : le retour à l’achat des loueurs longue durée et courte durée, après deux années difficiles. Un facteur important, comme le souligne Pierre Laromiguière, responsable...
Après des années difficiles, le marché des utilitaires légers est reparti début 2011. Mais si le premier semestre s’est nettement orienté à la hausse, les ventes de VUL et de voitures de société à deux places et TVA récupérable se sont fortement ralenties en juin et juillet. Crise économique et financière, incertitudes sur l’avenir, carnet de commande en berne, difficultés à obtenir un crédit sont autant d’explications possibles et plausibles. Autre facteur d’expansion du marché : le retour à l’achat des loueurs longue durée et courte durée, après deux années difficiles. Un facteur important, comme le souligne Pierre Laromiguière, responsable des utilitaires chez Citroën : « Le marché VU a connu une reprise (+ 3 % à fin août), portée par les ventes aux loueurs LLD et LCD. Le marché des sociétés est quasiment stable. Par segment, la baisse des dérivés fiscaux est liée à la disparition des berlines N1. Les fourgonnettes et fourgons K2 et K3 (Jumpy et Jumper) sont en progression. »
Renault gère la disparition du segment N1 pour les VS
Pour Renault, « 2011 est une année de reprise du segment des fourgons, tirée principalement par le BTP. De leur côté, les véhicules société diminuent, d’abord parce que la niche fiscale VP N1 a disparu ; nous sommes donc revenus au marché traditionnel des deux places avant. Autre raison de ce recul : nos délais de livraison se sont beaucoup allongés. À fin juillet, Renault paie sa ”sur-performance” dans les VP N1 en 2010 ; à fin 2011, nous serons revenus à une évolution positive proche de zéro, après retraitement des VP N1 », conclut Jean-Louis Wiedemann, responsable VU et marché entreprises LCV & Fleet Brand Manager à la direction commerciale France. La bonne tenue du marché au début 2011, puis un tassement des ventes, sont également constatés par Antoine du Cluzel, directeur de Volkswagen Utilitaires France : « Nous sommes toujours dans une optique de développement. Le marché a connu une forte poussée en début d’année, puis un léger ralentissement de croissance. Par rapport aux années précédentes, nous revenons à un marché ”normal” du point de vue de la segmentation. Il y a notamment eu un rééquilibrage très fort sur les fourgonnettes compactes de type Némo. Et avec la poussée importante du Master cette année, ce segment des gros utilitaires devrait redevenir le premier segment du marché français », commente Antoine du Cluzel. Qui poursuit : « Globalement, nos résultats sont très bons depuis mijuillet. Et nous sommes atypiques : nous continuons à croître en parts de marché. À fin juillet, selon notre classification, ces parts atteignent plus de 4,3 %, contre 3,6 % à fin 2010. » Pour Antoine du Cluzel, le marché dans son ensemble devrait progresser de 0 à + 2 % à fin 2011, et après un très bon premier semestre, le second apparaîtrait en demi-teinte.
De bons résultats allemands dans l’Hexagone
Autres constructeurs allemands satisfaits de 2011, Mercedes et Opel. « Dans un marché porteur, Mercedes se débrouille très bien. Nous réalisons une excellente année avec le Vito (+ 30 %) grâce à la version ”Euro 5” lancée l’an passé. Pour le Sprinter, nous sommes à l’étale comparé à 2010 : c’est une très bonne année. Ce qui est positif face à une concurrence très vive », avance-t-on chez Mercedes.
Antoine de Cluzel, directeur de Volkswagen Utilitaires France : « Volkswagen Utilitaires France enregistre de bonnes nouvelles et de bons résultats sur tous les fronts et tous les canaux de vente ».
Le constat n’est pas très différent pour Opel. « Le marché 2011 des VUL est en légère croissance et devrait se clore à environ 420 000 immatriculations, soit une hausse globale de 2 à 3 %. Le Movano et le Vivaro sont en net progrès, un mouvement qui devrait se poursuivre avec l’arrivée dernièrement des versions carrossées du Movano. Les versions bennes clés en main du Movano commencent à prendre. Il s’agit d’un marché où nous étions absents auparavant », détaille Philippe Peyrard, directeur des ventes aux entreprises et véhicules utilitaires pour Opel France. Seul recul constaté, celui du Combo : « Ce modèle est en toute fin de vie et sera prochainement remplacé. Basé sur le Fiat Doblo, le nouveau Combo sera lancé en mars 2012. Il devrait logiquement nous conduire à afficher de meilleurs résultats sur le segment des fourgonnettes, anticipe Philippe Peyrard. Quant aux versions Affaires deux places avec TVA récupérable, elles ont mal démarré l’année. Cela étant, notre élargissement de gamme nous laisse espérer de meilleurs résultats dans les mois à venir. » Chez Fiat, le bilan se veut aussi plutôt positif. « Le marché des utilitaires légers reprend un peu en 2011, avec une hausse d’environ 3 % à fin août selon nos données », affirme Yves Le Comte, directeur marketing de Fiat Professionnal. Qui ajoute : « Alors que le premier trimestre a enregistré une très forte progression, le deuxième était orienté à la baisse. Nous assistons à une légère reprise au troisième, ce qui devrait permettre au marché de finir l’année à un niveau assez proche de celui de 2010. Une nouvelle rassurante pour nous : dans ce marché complexe, Fiat Professionnal conforte son rang de quatrième acteur et de première marque étrangère, avec une part de 9,7 % à fin août. »
Jean-Louis Wiedemann, responsable VU et marché entreprises LCV & Fleet Brand Manager, direction commerciale France de Renault : « 2011 est une année de reprise pour les fourgons, tirée par le BTP. Mais les VS diminuent, d’abord parce que la niche fiscale VP N1 a disparu. »
Pour Yves Le Comte, l’une des évolutions récentes se traduit aussi par le changement d’approche des clients dans leur choix : « Désormais, c’est la règle du ”right sizing” qui prime. La demande se fait de plus en plus pointue et les critères de sélection deviennent de plus en plus spécifiques pour optimiser le choix en matière de taille mais aussi de motorisations », expose le responsable.
Une très grande prudence du côté des utilitaires lourds
Des acteurs comme Renault Trucks, Iveco ou Fuso n’interviennent que sur le « sous-segment » des utilitaires les plus lourds. Un véritable marché dans le marché, avec son évolution propre. Selon Renault Trucks, pour les véhicules de 2,6 à 6 t, les chiffres, à fin juillet 2011 par rapport à fin juillet 2010, sont les suivants : + 11,8 % pour les véhicules monte simple, + 21,6 % pour les véhicules monte jumelée, soit une progression de 13 % ; et l’année devrait s’achever autour des 10 %. « Le marché du VU a connu un premier trimestre soutenu, puis un second trimestre plus calme. Dans ce contexte haussier, la croissance des ventes reste bien supérieure à celle du marché, notamment grâce à l’effet nouveauté du Master by Renault Trucks dont les différentes versions sont commercialisées depuis 2010. Nous représentons globalement 5,8 % de parts de marché sur le VUL, avec 20 % sur le segment spécifique de la monte jumelée », se réjouit-on chez Renault Trucks. Le constructeur n’en reste pas moins prudent pour la fin d’année, face au ralentissement puis à la stagnation de l’activité économique en Europe.
« Le fait marquant est indubitablement le passage à Euro 5 pour les VUL au 1er janvier 2012, ainsi que les évolutions du moteur liées lancées dans le courant 2011. Le changement technique majeure porte sur la généralisation du filtre à particules », conclut-on chez Renault Trucks. Autre acteur important : Iveco. Son directeur des ventes, Thierry Kilidjean, dresse l’état des lieux pour 2011 : « Nous nous concentrons sur les VUL de 2,8 à 6 t, le segment du Daily. Par rapport à 2010, ce marché est en croissance de 20 % à fin août et devrait terminer à environ 160 000 immatriculations à fin 2011, soit une augmentation totale de 15 à 20 %. Cela étant, nous anticipions un tassement au second semestre. Iveco suit la tendance, avec une progression un tout petit peu plus forte sur le sous-segment des 3,5 à 6 t. Nous nous attendions à une année plus compliquée avec des attaques commerciales plus intenses. En outre, nous n’avons pas connu de tension sur nos approvisionnements. »
Un marché en attente de rebond
Iveco a axé son développement sur les ventes des fourgons de série, un marché sur lequel le Daily est historiquement moins implanté que sur celui du châssis-cabine à roues jumelées. « Nous devons poursuivre dans cette direction pour 2012 », note Thierry Kilidjean.
Éric Experton, directeur commercial de Fuso, estime pour sa part que « le marché des VUL de 3,5 à 7,5 t progresse de 15 % à fin août. Le Canter enregistre un niveau de ventes équivalent à celui de 2010, ce qui justifie par son arrivée en fin de vie, le nouveau Canter devant être lancé à l’occasion du salon Bâtimat. Globalement, le marché suit une évolution régulière, alors que le segment des châssis-cabines, sur lequel évolue le Canter, souffre plus. Mais pour la fin d’année, je reste perplexe si la reprise n’est pas au rendez-vous au dernier trimestre. J’espère que le BTP et le second œuvre repartiront. » Enfin, pour conclure cet article, quelques mots sur le futur permis européen « lourd léger » C1 qui soulève encore nombre de questions, surtout sur ses modalités précises de mise en œuvre. En revanche, tous les intervenants du secteur voient d’un bon œil la possibilité de pouvoir proposer des charges utiles plus importantes, sans les risques liés à la surcharge.
Un avenir encore incertain pour le permis C1
« Le permis C1 n’est pas traduit en droit français et il faut encore en connaître les conditions d’obtention. S’il se révèle aussi peu accessible et coûteux qu’un permis poids lourds, il ne sera pas intéressant », explique Thierry Kilidjean, pour Iveco. Chez Citroën, pour Pierre Laromiguière, « ce permis constitue un accès facilité au plus de 3,5 t par des formalités simplifiées. Cela devrait logiquement conduire à un développement du créneau des 4 à 5 t. » Chez Mercedes, les responsables du VU le considèrent comme une sorte « arlésienne. Nous attendons toujours que les décrets de ce ”nouveau” permis soient promulgués. Rien n’est encore fait ! Dès que cela interviendra, nous pourrions quelque peu modifier notre offre pour répondre à ces nouvelles possibilités. » Pour Antoine du Cluzel, chez Volkswagen, « le 3,5 t est totalement dépassé d’un point de vue réglementaire. Nous sommes d’ores et déjà prêts à une éventuelle hausse du tonnage autorisé avec nos versions de Crafter d’un PTRA de 7 t. Cela répondrait à un vrai besoin. » Une opinion partagée par Philippe Peyrard, d’Opel : « Le passage du permis B à 4,5 t serait une bonne idée pour retrouver de la charge utile. Il y a toujours plus de contrôles liés à la surcharge des VUL de 3,5 t. » Pour Éric Experton, de Fuso, « la charge utile est un vrai problème sur les versions 3,5 t. Nous avons ainsi travaillé avec Cif pour proposer une benne en acier THLE (très haute limite élastique) autorisant un gain en poids, donc en charge. De toute façon, la benne alu n’est pas dans les mœurs françaises. Le permis C1 devrait faire évoluer le marché dans le bon sens par rapport au problème de la charge utile. » La conclusion revient à Yves Le Comte, de Fiat Professionnal : « Le permis C1 peut être une solution aux problèmes de surcharge des utilitaires. Il faut que tous les constructeurs agissent dans le même sens pour parvenir à faire évoluer les mœurs en la matière. » Dont acte.