V2G : des gains et des freins

Dans le cadre d’une extension de site pour Titi Floris et d’une acquisition et d’une délocalisation pour Hotravail, les deux entreprises souhaitent pérenniser l’usage du V2G. Le spécialiste du transport de personnes Titi Floris dispose aujourd’hui de 31 véhicules compatibles V2G ; ils sont six du côté du groupement d’entreprises adaptées Hotravail, pour ses agences en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine. Mais les deux flottes rencontrent plusieurs obstacles au développement du V2G. Des freins qui tiennent à l’offre restreinte de véhicules compatibles et à l’autonomie parfois insuffisante de ces véhicules.

Des autonomies…

Ainsi, pour Hotravail, Olivier Demont, responsable développement commercial et production, critique l’autonomie des VUL compatibles V2G : « Nos ambitions dépendent étroitement de l’offre. Nous souhaiterions surtout qu’il y ait plus de VUL électriques compatibles V2G et qu’ils aient une autonomie réelle suffisante. Une autonomie qui ne baisse pas dès que l’on allume le chauffage ! », pointe ce responsable. Chez Hotravail, les plus gros rouleurs parcourent jusqu’à 300 km par jour avec des VUL thermiques, alors que les VUL compatibles V2G roulent une centaine de kilomètres par jour. Toujours selon Olivier Demont, « grâce à des batteries plus volumineuses, non seulement ces véhicules auront plus d’autonomie, mais ils pourront aussi restituer encore plus d’électricité dans le réseau. En clair, nous n’avons pas à ce jour de feuille de route sur le V2G, car son déploiement se fait véritablement en fonction des opportunités », expose ce responsable.

Chez Titi Floris, le gestionnaire du parc Erwan Goudaud rapporte des autonomies réelles qui permettent aux véhicules V2G de sa flotte de parcourir entre 15 000 et 20 000 km par an : « Avec respectivement 270 et 350 km d’autonomie réelle pour les Nissan Leaf 40 kWh et 62 kWh, et 230 et 200 km pour les Nissan e-NV200 Evalia 40 kWh version 7 places et 40 kWh version PMR », énumère ce gestionnaire. Qui plaide aussi pour le déploiement de bornes V2G « à grande échelle », sur les aires des supermarchés et autres grandes surfaces.

… et des offres insuffisantes

« Aujourd’hui, nous avons clairement un déficit de véhicules utilitaires et particuliers compatibles V2G, souligne Éric Mevellec, P-DG de Dreev. Nous avons beaucoup travaillé avec les utilitaires e-NV200 et les VP Leaf de Nissan. Mais de nouveaux véhicules V2G vont arriver ! Nous travaillons par exemple avec Stellantis. » Chez Titi Floris et Hotravail, tous les véhicules sont en effet des Nissan, avec des e-NV200 et des Leaf pour le premier, et uniquement des e-NV200 pour le second. « Or, Nissan ne produit plus d’e-NV200, jusqu’ici le seul utilitaire V2G sur le marché, ajoute Virginie Monnier-Mangue, déléguée territoriale d’EDF Occitanie. Les seuls utilitaires V2G aujourd’hui disponibles sont donc d’occasion alors même que les collectivités et les entreprises, selon leurs activités, sont assez demandeuses en utilitaires. » Selon cette responsable, « à partir de 2024, d’autres constructeurs que Nissan comptent proposer des modèles V2G. » Un point d’autant plus important que de nombreuses flottes se limitent à des constructeurs français.

De nouveaux modèles V2G

« C’est grâce aux retours du projet Flexitanie que nous avons pu faire valoir auprès des constructeurs la demande des clients pour plus de véhicules V2G », confie Éric Mevellec. Le P-DG de Dreev exprime son optimisme : « D’ici 18 mois, nous estimons que la technologie V2G sera très largement accessible, avec de nombreux modèles de véhicules compatibles. » En juin 2023, Renault a ainsi annoncé que la nouvelle Renault 5, 100 % électrique, qui sortira en 2024, sera compatible V2G. Kia a lui aussi récemment confirmé que son SUV EV9, doté de 541 km d’autonomie et attendu pour septembre, serait pareillement compatible V2G.