Pour Olivier Picard, directeur général du télématicien Ocean, « disposer de véhicules équipés en première monte sera crucial, car il n’y aura plus aucune logistique pour bénéficier d’un système de télématique embarquée : les véhicules arriveront déjà connectés. Cet équipement n’engendrera donc plus de coûts d’installation et d’immobilisation pour l’entreprise. »
Un point de vue partagé par le loueur Arval : « Nous avons pour projet de pré-équiper tous nos nouveaux véhicules en location à l’horizon 2020 afin d’activer la plate-forme à distance dès que l’entreprise cliente souhaite recourir à Arval Active Link », annonce Karen Brunot, directrice marketing d’Arval France.
Certains prestataires misent donc sur des partenariats avec les constructeurs. Bien qu’ayant son propre boîtier aftermarket, Ocean a signé un accord avec les deux constructeurs français pour utiliser leurs propres boîtiers et récupérer les données de leurs véhicules équipés en première monte. « L’objectif est de nouer des partenariats avec le plus grand nombre de constructeurs comme nous en avons déjà avec les français », déclare Olivier Picard.
Des partenariats avec les constructeurs
De son côté, la plate-forme Axodel, filiale de Kuantic, renforce son partenariat avec PSA et est en relation avec Renault. « Nous complétons l’offre VN des constructeurs en intégrant notre boîtier le plus en amont possible de leurs flux logistiques (voir le témoignage Eurofeu) », explique le directeur général Samuel Vals.
À l’inverse, pour Donato Quagliariello, directeur France de Quartix, il est trop tôt pour signer ces partenariats : « Le marché des balises première monte n’est pas mature. Les données ne sont pas toutes présentées pareillement et tous les modèles ne sont pas équipés », estime-t-il. Le télématicien ne souhaite pas non plus récupérer les données de l’ordinateur de bord. « C’est trop compliqué, argue Donato Quagliariello. De plus, il n’y a pas forcément de retour sur investissement. Et c’est inutile à long terme car cela sera fait directement par les constructeurs. »
En attendant, le télématicien a lancé en juillet dernier Quartix Plug&Track, une balise qui se branche sur la prise OBD pour uniquement récupérer plus facilement l’alimentation électrique qu’avec un boîtier trois fils (voir l’encadré ci-dessous). Une balise qui devrait peser de 10 à 15 % de ses ventes en France, anticipe Quartix.
Mais d’autres acteurs n’hésitent pas à concurrencer les constructeurs sur leur terrain, comme Targa Telematics. Le télématicien a sorti au premier semestre 2018 un boîtier OBD qui remonte positionnement géographique et données techniques du véhicule. L’enjeu : assurer le niveau d’intégration et de sécurité des boîtiers de première monte.
« En effet, la plupart des boîtiers OBD font du “bruit” sur le bus de communication de la voiture, souligne Jad Tabet, directeur France de Targa Telematics. Ils scannent continuellement pour connaître le modèle du véhicule. Cet envoi constant de requêtes provoque des perturbations entre les systèmes du véhicule et l’ordinateur de bord. Pour contourner le problème, nous préconfigurons en amont la compatibilité du boîtier selon le modèle, détaille Jad Tabet. Ainsi, il n’y aura plus que des messages propres à ce modèle qui transiteront sur le bus, y compris en provenance du boîtier. » Un enjeu qui va devenir de plus en plus important à mesure que les véhicules se complexifient et s’équipent de systèmes d’aide à la conduite…
Cinq façons de remonter des données
Boîtier en première monte — Le constructeur a intégré au véhicule un boîtier télématique en première monte et vend un accès aux données de l’ordinateur de bord. Le boîtier et la fiabilité des données sont validés par le constructeur. Mais toute la flotte ne peut pas être équipée du même boîtier si elle comporte plusieurs marques ou des modèles anciens.
Boîtier CAN — Un boîtier installé en seconde monte est connecté au bus de données CAN (Controller Area Network) du véhicule. Ce système de transmission de données permet aux systèmes embarqués du véhicule de communiquer sur des câbles partagés, d’où le terme de bus. L’installation du boîtier nécessite cependant l’accord du constructeur, sous peine de perdre la garantie du véhicule.
Prise OBD — Les données du bus CAN peuvent aussi être lues via la prise OBD (On-Board Diagnostic) du véhicule. Conçue pour les réparateurs, celle-ci est reliée au système de diagnostic embarqué qui surveille les émissions polluantes du moteur. Facile d’installation, ce boîtier peut toutefois être débranché par le conducteur et générer des perturbations sur le bus CAN, si bien que des constructeurs coupent la prise OBD au-dessus d’une certaine vitesse.
Boîtier trois fils — Branché sur la batterie du véhicule, le boîtier trois fils emploie ses propres capteurs – généralement un GPS et un accéléromètre – pour évaluer plus ou moins précisément les données du véhicule, tels le kilométrage ou la consommation. Équipé d’une batterie interne, ce boîtier peut continuer à transmettre des données à l’arrêt.
Smartphone — Des applications mobiles recourent à l’accéléromètre et au GPS du smartphone pour remonter des données. Mais il faut que le conducteur ait un téléphone chargé et allumé.