
La connexion est la condition sine qua non de la connectivité d’une automobile. Cela peut sembler évident mais pourtant, il existe différentes manières de connecter une voiture. Car si les principaux constructeurs alignent une solution de connectivité dans leurs gammes, tous n’emploient pas la même méthode : les uns comptent sur le smartphone du client pour assurer la précieuse connexion 4G, tandis que les autres proposent une connexion intégrée, généralement payante (voir notre dernier dossier consacré à la télématique embarquée).
On peut à peu près généraliser en disant que les constructeurs français comme premium ont tendance à opter pour...
La connexion est la condition sine qua non de la connectivité d’une automobile. Cela peut sembler évident mais pourtant, il existe différentes manières de connecter une voiture. Car si les principaux constructeurs alignent une solution de connectivité dans leurs gammes, tous n’emploient pas la même méthode : les uns comptent sur le smartphone du client pour assurer la précieuse connexion 4G, tandis que les autres proposent une connexion intégrée, généralement payante (voir notre dernier dossier consacré à la télématique embarquée).
On peut à peu près généraliser en disant que les constructeurs français comme premium ont tendance à opter pour une connexion intégrée au véhicule, avec souvent une première tranche de trois années gratuites. Les autres recourent au smartphone du client.
À noter, des modèles disposent d’un emplacement pour positionner le smartphone qui bénéficie d’une liaison avec l’antenne de réception du véhicule, plus efficace, avec parfois un système de charge sans fil. Et un hotspot wi-fi est souvent de mise afin de connecter des smartphones ou tablettes au réseau.
Mais avec les solutions qui font appel à la connexion du téléphone de l’automobiliste, attention à la consommation de données que cet usage peut engendrer ! En France, les forfaits actuels sont tellement bien pourvus (souvent 30, 50, voire 100 Go par mois) que cela ne devrait pas poser de problème. Mais à l’approche de frontières, le réseau peut basculer. Un changement désormais couvert, dans une certaine mesure, pour des pays de l’Union Européenne, mais qui ailleurs peut se révéler très cher à l’usage (Suisse, Andorre, etc.).
L’eSIM en mode virtuel
La solution d’avenir pour intégrer la connexion à l’auto est l’eSIM (pour « embedded SIM », SIM intégrée), soit une carte SIM virtuelle, simple composant électronique de l’auto, programmable selon le contrat avec l’opérateur du client. Plus besoin de commander une carte SIM jumelle dans son contrat et de la glisser dans un emplacement spécifique, il suffit de renseigner les données nécessaires pour connecter le véhicule.
Cette solution technologique autorise une ouverture de ligne presque immédiate et facilite les abonnements multi-terminaux (téléphone, montre, voiture, etc.), tout en conservant une relation unique avec l’opérateur mobile. Mais à ce jour, les opérateurs demeurent réticents car cette solution permet de changer très facilement de fournisseur. Et les modèles équipés demeurent rares, à l’image de la récente Série 5 de BMW, très en avance en matière de connectivité. Notons que l’appel d’urgence automatique eCall, dorénavant obligatoire, est souvent assuré par une solution de ce type, embarquée à bord et destinée à ce seul usage.
La démultiplication des offres doit aller de pair avec une simplification de l’action requise pour y accéder, sans quoi le conducteur risque de voir son attention détournée. Cela paraît simple à comprendre mais le défi reste immense pour les ingénieurs et développeurs en charge des systèmes d’info-divertissement de bord. C’est ce qu’on appelle l’interface homme-machine (interfaces et expérience d’utilisation, HMI en anglais) qui revêt plusieurs formes.
L’interface homme-machine
Les moyens d’interaction les plus classiques sont les commandes au volant ou sur un satellite derrière celui-ci, via une molette ou un pavé tactile sur la console entre les sièges avant ; ou bien les écrans tactiles, enfin adoptés par les constructeurs premium allemands qui les ont longtemps rejetés pour des raisons principalement esthétiques, avec les traces de doigts que cela occasionne… ; voire encore les commandes gestuelles (BMW, Volkswagen, etc.).
Mais la grande tendance est aux commandes vocales, tandis que les assistants personnels vocaux commencent à envahir les foyers (Google, Amazon, Apple, etc.). Il est vrai que ces commandes ont fait des progrès incroyables ces dernières années : grâce à l’intelligence artificielle, elles sont capables de comprendre des demandes très informelles, comme on parlerait à quelqu’un. On est loin des phrases toutes faites des débuts, qui devaient être dites au mot près…

Android Auto, Apple CarPlay et MirrorLink
La plupart des constructeurs alignent une solution pour déporter l’écran d’un smartphone sur l’écran de bord de la voiture (mirroring en anglais), avec des fonctionnalités spécifiques, par le biais des standards Android Auto, Apple CarPlay et MirrorLink. Avec à la clé un affichage beaucoup plus confortable, souvent avec 7 ou 8 pouces de diagonale d’écran, pour 5 à 6 pouces pour nombre de smartphones. Mais aussi un affichage intégré en comparaison de celui d’un smartphone sur son support. Le système d’infodivertissement de bord est alors remplacé par celui venant du smartphone. Voici un descriptif rapide des trois standards.
– Android Auto, installé sur un smartphone Android, affiche sur l’écran de l’auto les fonctionnalités prévues par le système. Connecté via un câble USB qui le recharge, le smartphone devient un écran noir et l’écran de bord prend le relais, avec un affichage simplifié suivant la logique Android, et des commandes tactiles ou vocales pour accéder à des applications revues pour un usage au volant. L’offre est malgré tout limitée, avec l’accès facilité aux fonctions de téléphonie et messagerie, la navigation Google Maps ou Waze et de la musique en ligne en mode continu (streaming) par le biais des services de Deezer ou Spotify.
– Dans l’univers Apple, le système CarPlay relie un iPhone au système d’info-divertissement de la voiture via un câble USB, comme Android Auto – pour sa part, la nouvelle Série 5 de BMW se connecte sans fil. Téléphonie, messages, navigation (Apple Plans), musique (Spotify, iTunes, Apple Music, Google Play Music) sont au rendez-vous ; la commande vocale est confiée à l’assistant Siri, caractéristique de la marque à la pomme. L’alerte de zones de danger Coyote devrait vite rejoindre l’offre de CarPlay.
– Le standard MirrorLink, plus rare, n’est compatible qu’avec quelques modèles de smartphone (HTC, Huawei, Samsung et Sony), avec notamment les services de Coyote, Spotify et Deezer.
En face, les systèmes embarqués des constructeurs, parfaitement intégrés, sont les solutions les plus évidentes pour utiliser toutes les options liées à la connexion au réseau, bien que les possibilités offertes se limitent généralement à la navigation GPS avec info trafic, aux services de musique en ligne (Deezer, Spotify, radios internet, etc.), de livres audio et de podcasts, voire à l’accès à des réseaux sociaux (Twitter, etc.).
Les applications pour smartphone
Mais posé sur un support sur le tableau de bord ou sur le pare-brise, un simple smartphone (Android ou iPhone) se transforme aussi en un moyen simple et efficace de connecter une voiture, quel que soit son âge ! D’ailleurs, de nombreux automobilistes préfèrent recourir à leur smartphone pour la navigation GPS, en faisant appel à Waze (plus de 7 millions d’usagers en France), Google Maps, Apple Plans, Here We Go, Via Michelin, Mappy ou maps.me.
Ainsi, 40 % des Français emploient le GPS de leur smartphone pour la navigation, selon le baromètre Axa Prévention 2017 des comportements au volant. Une solution parfaitement efficace, avec une ergonomie à laquelle l’utilisateur est généralement habitué, plus simple d’usage pour ceux qui changent souvent de véhicule, comme avec des voitures de location.
Les applications pour smartphone peuvent elles-mêmes proposer un mode voiture, simplifié dans son affichage et ses commandes afin de distraire le moins possible lors de la conduite.
Navigation, info trafic et zones de danger
La Sécurité Routière a par exemple développé Mode Conduite, une application sur Android. Celle-ci désactive appels et SMS, et le système répond automatiquement par un SMS : « Je conduis et vous recontacte plus tard ». Une fois arrivé, un résumé des communications manquées est dressé. Simplement connectés en Bluetooth avec la voiture, les iPhone tournant sous le système d’exploitation iOS 11 se mettent automatiquement en mode conduite, n’autorisant que les appels et affichant la seule navigation.
D’autres applications viennent compléter les services au conducteur, à l’image de celles qui l’assistent pour progresser en éco-conduite comme Eiver ou Geco, développé pour le second avec l’expertise de l’IFP Énergies Nouvelles.

Pour la recherche d’un parking, Parkopedia répertorie toutes les offres, tandis que Polly aide à dénicher une place de stationnement dans les rues de Paris grâce à un algorithme qui calcule les chances de se garer à proximité du lieu de rendez-vous. De son côté, Parking, ou tout simplement Google Maps, aidera à retrouver votre voiture en localisant son lieu de stationnement.
Il est aussi possible de se renseigner sur le prix de l’essence avec essence ou Gasoil Now. On peut également transformer son smartphone, positionné derrière le pare-brise, en caméra de surveillance de la route, avec Camonroad (espace de stockage en ligne) ou Car Camera. Enfin, en cas d’accident, une application officielle aide à remplir en ligne un constat (E-constat auto).
La connectivité permet aussi aux véhicules d’accéder à des services de navigation dynamique en fonction du trafic avec, chez certains constructeurs, l’intégration d’avertisseurs de zones de danger comme Coyote, ou des systèmes intégrés aux navigateurs comme chez TomTom. Ce dernier est, avec Here, le principal fournisseur de cartographie pour navigation GPS chez les constructeurs.
Grandes manœuvres chez les constructeurs et dans le monde de la high-tech ! L’auto de demain sera connectée, au moins en partie autonome et électrique pour une part grandissante du marché. Cela implique des compétences que les constructeurs classiques n’ont pas à eux seuls.
Les alliances vont donc bon train entre constructeurs, fournisseurs de puces de calcul pour la conduite autonome (Intel, Nvidia, Qualcomm, Samsung ou le français Kalray avec l’Alliance Renault), plates-formes de véhicules connectés (Huawei avec le Groupe PSA) ou grands équipementiers qui parfois séparent leurs activités high-tech (Aptiv, Infineon, Bosch, Continental, ZF, Schaeffler). Une tendance reflétée par le Mondial.tech, partie du Mondial de Paris consacrée à la rencontre des deux mondes de l’auto et de la tech. L’avènement du réseau 5G et de ses débits de données démultipliés jouera aussi un rôle crucial dans le déploiement de toutes ces technologies.
Et demain ?
Dans l’optique de la conduite autonome, le business model de l’automobile serait littéralement transfiguré, avec toujours plus de partage de mobilité et des revenus croissants dans la vente de services et de contenus business et loisirs à bord, à destination de passagers libérés des contraintes de la conduite. Ce n’est pas sans raison que des géants chinois du divertissement investissent à tour de bras dans des projets autour du sacro-saint trio de demain : une voiture électrique, autonome et connectée.