Au final, ces véhicules, hybrides ou purement électriques, sont adoptés selon le bon vouloir des dirigeants et des responsables de parc. Mais une chose reste sûre : à l’heure de la sélection, ces modèles sont dans toutes les têtes et appartiennent désormais, en partie du moins, aux grandes questions des décideurs.
Mais tous les choix de « véhicules verts » ne sont pas couronnés de succès. « Nous avons référencé la Toyota Prius il y a quelques années, avec un système avantageux de prime pour le collaborateur, équivalente au montant de la TVS », rappelle Renaud Pingault, pour Sanofi Pasteur MSD. « Il se trouve qu’il n’y a eu aucune commande, nous l’avons alors sortie du catalogue. Ce n’était pas le modèle le plus approprié pour les usages des collaborateurs. L’adhésion de principe ne s’est pas montrée évidente à concrétiser en commandes, preuve que l’émotionnel prend facilement le pas sur le rationnel », analyse le responsable.
Passer au véhicule vert : pas si simple
Renaud Pingault va plus loin dans sa réflexion : « Notre difficulté d’aujourd’hui n’est pas de choisir les bons véhicules, mais les bons partenaires et les bons carburants. Nous avons un rôle à jouer avec la politique de l’entreprise pour ses véhicules. Mais les tarifs des motorisations alternatives sont bien trop élevés et les loueurs restent frileux avec les valeurs résiduelles. L’infrastructure n’aide pas non plus : notre nouvel immeuble est aux dernières normes environnementales mais ne possède pas de prise électrique dans son parking… »
Certains se montrent très prudents à l’idée de franchir le pas, à l’image de Benoît Comte chez Harmonie Mutuelle. Il envisage de passer à l’électrique seulement si cela est possible pour un usage quotidien, au cas par cas, selon les métiers et les lieux géographiques. D’autres ont déjà franchi les premières étapes, à l’image de Gutenberg Networks, comme l’explique Paula Opris : « Nous sommes équipés en hybrides et nous intégrerons bientôt notre premier véhicule tout électrique, une Volkswagen e-Up! Nous avons un excellent ressenti avec ce modèle et son autonomie correspond à un usage en région parisienne, dans un premier temps. »
Les énergies alternatives atteignent 12 % des commandes cette année chez FM Logistic Corporate, souligne Yannick Drouin : « Pour les VP, nous avons étendu le choix (hybride, électrique), pour des raisons environnementales, avec Toyota-Lexus ou Volkswagen. Cela nous a aussi aidés à proposer une car policy plus attrayante pour assurer des recrutements plus efficaces. »
FM Logistic Corporate met aussi en avant une offre avantageuse, avec des dépassements pris en charge par l’entreprise. « Cela permet aussi de rouler autrement, avec des 3008 hybrides, des Jetta hybrides, des Lexus CT200H, des 508 Féline hybrides, des DS5 hybrides, etc. Des collaborateurs sont demandeurs, d’autres y adhèrent. Et nous communiquons sur ce sujet en interne », complète Yannick Drouin.
En revanche, l’expérience électrique demeure plus mitigée : « Nous avons quelques Renault Zoé mais avec des soucis d’autonomie et de lieux de recharge. Cela représente encore trop de contraintes pour ne pas rester une niche », déplore le responsable.
Avec une énergie alternative, l’usage demeure un élément clé, comme l’observe Virginie Guignard pour Solvay : « Un hybride n’a pas beaucoup de sens pour les collaborateurs qui font beaucoup de route. Je m’assure donc que le véhicule sera bien employé en milieu urbain. » Solvay est également très impliqué en matière de prévention routière et d’éco-conduite, avec une formation dispensée en situation réelle depuis 2013. L’objectif : travailler à la fois sur l’anticipation pour une conduite en toute sécurité, mais aussi sur la technique pour limiter la consommation de carburant et donc les émissions de CO2.
« Sur notre site de Tavaux dans le Jura, nous expérimentons également deux Kangoo Z.E. équipés de piles à combustible développées avec Symbio FCell et Renault Tech, avec à la clé une autonomie de plus de 320 km. Les membranes qui constituent le cœur de la pile sont fabriquées par la division polymères spéciaux de Solvay », ajoute Virginie Guignard. Solvay recourt à des Bluecar Bolloré en auto-partage dans deux sites.
Enfin, en toute logique, Toggenburger roule électrique : « Nous équipons des entreprises en systèmes de recharge de véhicules », pointe Pascal Toggenburger, le P-DG de cette PME basée dans l’Aube. « Notre flotte se compose de vingt véhicules dont deux Zoé, trois Kangoo Z.E., un Twizy pour les trajets inter-sites, que les utilisateurs jugent “fun“, surtout les jeunes ingénieurs. Je collabore avec Renault et nous nous sommes tournés naturellement vers le constructeur. Nous avons aussi des Kangoo classiques, des Berlingo, un Partner, un Vito et deux Master », énumère le dirigeant.
Répondre à des besoins spécifiques avec l’électrique
Pascal Toggenburger met en avant les atouts du Kangoo électrique : « Il offre l’avantage de ne pas faire perdre de place, tout en offrant une autonomie supérieure à 100 km et un rapport prix/prestation favorable. Les employés sont agréablement surpris de l’agrément de la conduite électrique, surtout pour des véhicules d’intervention avec des arrêts fréquents. »
Selon les modèles, les usages diffèrent : les Kangoo Z.E. ne restent pas chez les collaborateurs, les Zoé, oui. La société dispose aussi d’un point de recharge accélérée (une demi-heure pour atteindre 100 % en général) ; les conducteurs de travaux qui y recourent n’ont ainsi pas besoin de recharger à la maison. « Et ces derniers font beaucoup plus attention à leur (éco)-conduite, comme on fait attention à préserver la batterie d’un smartphone », note Pascal Toggenburger. De fait, l’équipement de la PME en véhicules électriques va progresser : « Je vais regarder l’e-NV200 de Nissan, un nouveau modèle intéressant pour les déplacements entre l’entreprise et les chantiers de proximité », s’enthousiasme le dirigeant.