Chez LNC 360, entreprise de logistique et de livraison en région parisienne, Éric Darras, le directeur, n’est pas tout à fait satisfait des premiers véhicules électriques reçus, deux Kangoo Z.E. Au point d’avoir annulé la commande du troisième modèle. Première déconvenue pour le responsable, les voitures ont été livrées avec retard. Elles devaient arriver au mois de juillet, ont finalement été annoncées pour octobre avant d’être livrées en décembre.
Une date qui ne correspond pas à la meilleure période pour se familiariser avec ce véhicule électrique : « Là où l’on nous annonçait 170 km d’autonomie, celle-ci s’élevait à 70 km en décembre », indique Éric Darras.
Un bilan mitigé pour le logisticien LNC 360
En tout cas à en croire le tableau de bord de la voiture. Aucun coursier de l’entreprise n’est tombé en panne sèche sur le bord de la route, tous ayant pris soin de rebrousser chemin. Vérification faite auprès du constructeur, « les compteurs d’autonomie ne sont pas fiables », a-t-on signalé à Éric Darras. Ce dernier estime pour sa part que la conception des véhicules qui lui ont été livrés n’était pas encore pleinement aboutie. Et en attendant que le constructeur livre les batteries de nouvelle génération annoncées, LNC 360 a choisi de limiter l’emploi des véhicules à des missions de représentation.
Autre motif de déconvenue à l’encontre de ces véhicules électriques, leur coût annexe. « Il faut une prise spécifique qui est du monopole de Schneider Electric chez Renault, maintenant partagé entre Schneider et Veolia. Une prise de courant extérieur qui coûte environ 10 000 euros », indique le responsable de LNC 360. Bref, « le bilan est mitigé » pour cette entreprise de livraison.
Cependant, tous les récents acquéreurs de voitures électriques n’expriment pas les mêmes déconvenues. Au conseil général des Yvelines, Guy Consumi envisage l’achat de deux Fluence Z.E. pour l’année prochaine, lorsque les voitures testées dans le cadre du projet SAVE seront rendues au constructeur.
L’intégration de trois véhicules électriques à la flotte de Vialis l’année dernière, deux C-Zéro et un Berlingo Citroën, est elle aussi jugée tout à fait satisfaisante. « Ce sont des modèles appropriés à l’usage que nous en faisons. Ils sont performants et bien équipés : radio, lève-vitre électrique », constate Philippe Pivard, son directeur général.
Pour Philippe Pivard, ces trois modèles électriques constituent aussi des outils de sensibilisation des salariés aux efforts à réaliser sur la consommation de carburant. Une prise de conscience nécessaire, dans la continuité du plan de déplacements d’entreprise réalisé par Vialis. « Dans notre bilan carbone, nous intégrons les kilomètres que les salariés parcourent avec leurs véhicules pour venir travailler », détaille le dirigeant.
Ce qui ne va pas sans peser sur le bilan carbone de l’entreprise. Pour les sensibiliser, Philippe Pivard a pris plusieurs initiatives. « Depuis l’année dernière, nous incitons les salariés au covoiturage et nous prêtons gracieusement les véhicules électriques le week-end à nos collaborateurs », explique-t-il.
Des résistances à faire tomber en interne
Ce prêt a aussi pour bénéfice de démontrer aux salariés la possibilité d’une autre conduite. Une prise de conscience nécessaire parfois jusqu’aux plus hauts niveaux hiérarchiques. « Les freins sur l’hybride ne venaient pas des salariés mais bien de l’exécutif », pointe Laurent Cochereau, directeur des achats de l’assureur chez Allianz qui a intégré des modèles hybrides parmi les 1 000 véhicules de sa flotte. « Imposer une contrainte environnementale peut être perçu négativement », avance le responsable.
Des résistances qui démontrent aussi l’importance du travail d’information à mener par les responsables de parc autour de ces nouveaux véhicules. Une démarche qui sera rendue plus aisée au fur et à mesure de la progression des performances des voitures vertes.