Quand il est question de se mettre à l’électrique, les conducteurs ne sont pas toujours convaincus d’emblée. Il reste donc à les persuader avec des solutions complémentaires, comme le recours ponctuel à des modèles thermiques pour de longs trajets. Et les formations à la conduite, voire à l’éco-conduite électrique, sont aussi très appréciées.
Pour amener ses collaborateurs à opter pour une voiture de fonction électrique, SAP Labs France, filiale R&D de l’éditeur allemand de logiciels, leur propose un large choix de modèles, Twizy, Zoé, Tesla, Leaf, e-Golf et ou I-Pace.
Avec le véhicule électrique, il faut aussi savoir motiver les conducteurs pour leur faire abandonner les modèles thermiques, polluants certes, mais bien pratiques. « Pour les collaborateurs qui ont une loi de roulage d’environ 12 000 km par an, nous les incitons à passer à l’électrique, et à choisir l’essence ou l’hybride entre 12 000 et 22 000 km », indique Patrick Martinoli, directeur délégué innovation projets et expertise automobile chez Orange.
La flotte d’Orange comprend environ 18 000 véhicules dont 300 électriques. Pour ces derniers, les principaux modèles sont les Renault Zoé et Kangoo Z.E., et les Nissan Leaf et e-NV200. « Pour les...
Avec le véhicule électrique, il faut aussi savoir motiver les conducteurs pour leur faire abandonner les modèles thermiques, polluants certes, mais bien pratiques. « Pour les collaborateurs qui ont une loi de roulage d’environ 12 000 km par an, nous les incitons à passer à l’électrique, et à choisir l’essence ou l’hybride entre 12 000 et 22 000 km », indique Patrick Martinoli, directeur délégué innovation projets et expertise automobile chez Orange.
La flotte d’Orange comprend environ 18 000 véhicules dont 300 électriques. Pour ces derniers, les principaux modèles sont les Renault Zoé et Kangoo Z.E., et les Nissan Leaf et e-NV200. « Pour les voitures de fonction, le choix reste encore restreint, regrette Patrick Martinoli, car la Zoé est souvent trop petite pour une famille et la BMW i3 n’offre que 4 places à bord ». Petit plus en revanche : le salarié paiera moins d’avantages en nature sur un véhicule électrique (sur ce point, voir aussi le témoignage de SAP).
Des solutions incitatives
« Parmi les solutions facilitatrices, détaille Patrick Martinoli, un collaborateur qui fait d’ordinaire de petites tournées et opte pour un véhicule électrique peut faire appel à un des modèles thermiques en autopartage et inversement. Autre avantage : les grands rouleurs qui prennent de temps en temps un véhicule électrique en autopartage pour des trajets urbains s’habituent à l’électrique. Cela prouve que l’électrique et l’autopartage se marient bien. »
Concernant l’autopartage justement, Orange veut accélérer l’utilisation de l’électrique et faire évoluer le système de réservation qui propose par défaut le véhicule avec le moins de kilomètres au compteur, si la personne ne demande pas expressément un modèle électrique. « Bientôt, le logiciel positionnera systématiquement un véhicule électrique en premier dans les métropoles », anticipe Patrick Martinoli.
Autre option prise par Orange en négociation avec ALD Automotive, la formule « switch » qui permet aux conducteurs d’une voiture de fonction électrique de disposer d’un modèle thermique pour les vacances et les grands week-ends, soixante jours par an. « Nous positionnons la Nissan Leaf sur ce type de contrat », conclut Patrick Martinoli (voir son témoignage).
Ce système d’échange véhicule électrique/thermique existe d’ailleurs chez d’autres de nos entreprises témoins (voir l’encadré ci-dessous), dont SAP Labs France. Les salariés de la filiale R&D de l’éditeur allemand de logiciels bénéficient aussi d’un autre avantage : alors qu’ils paient le carburant de leur voiture de fonction, la recharge électrique est offerte par l’entreprise.« Ils peuvent recharger gratuitement sur nos sites et nous leurs offrons le badge Freshmile qui leur donne entre autres accès au réseau Sodetrel, à celui de CNR en vallée du Rhône et à la recharge sur les bornes Autolib’ et Belib’ à Paris », expose Benoît Duval, responsable du parc de SAP Labs France, soit 270 voitures de fonction dont une cinquantaine électriques (voir le témoignage).
Passer du thermique à l’électrique (ET INVERSEMENT)
Chez SAP Labs France, pour lever les dernières réticences vis-à-vis de l’électrique, les collaborateurs pourront bénéficier d’un véhicule thermique offert par l’entreprise pendant les vacances. « Il peut s’agir d’un des quatre véhicules thermiques en pool, souligne Benoît Duval, ou d’une voiture prise en LCD. Par ailleurs, les collaborateurs réticents peuvent tester l’électrique avec les deux véhicules en pool. » Et les concessionnaires jouent le jeu : « Une Nissan Leaf a été proposée aux collaborateurs pour une semaine d’essai et Jaguar a fait bénéficier les collaborateurs de tests de l’I-Pace sur une centaine de kilomètres avec des pilotes instructeurs à bord », complète ce responsable.
Chez Dentsu Aegis Network France, les conducteurs des voitures et des scooters électriques ont aussi la possibilité via Alphabet de bénéficier pour les vacances d’un véhicule thermique, entre cinq et six semaines par an. Une option très appréciée et commercialisée par de nombreux loueurs. Mais cette prestation pourrait ne pas perdurer dans le temps. « Quand une majorité de clients sera passée à l’électrique, les loueurs pourraient ne plus suivre par manque de modèles thermiques disponibles en masse à la même période », estime Philippe Crassous pour Sepur.
Pour les voitures de fonction électriques, Bouygues Construction teste de son côté un mode incitatif sur la base du volontariat. Une démarche qui passe par une offre de budget complémentaire, accordé en sus du véhicule électrique et qui permettra aux collaborateurs de louer un plus grand modèle thermique ou de prendre le train sur les grandes distances, lors des congés par exemple.
Enfin, avec l’électrique, l’appréciation des conducteurs est quasiment toujours positive du fait du confort de conduite et de l’absence de bruit, une fois les premières réticences dépassées. Mais une formation spécifique reste indispensable selon La Poste qui a fait passer des stages d’éco-conduite électrique à tous les facteurs, via sa filiale Mobigreen. Une démarche d’autant plus importante que la flotte de l’opérateur postal compte 14 000 modèles électriques sur un total de 60 000.
« Il faut savoir s’adapter à la boîte automatique et notamment utiliser le frein moteur plus puissant que sur un modèle thermique, souligne Christophe Martinet, directeur commercial et marketing de Véhiposte. Il faut aussi faire plus attention à l’environnement car le véhicule est silencieux. La formation contribue en outre à une véritable appropriation de l’électrique par les facteurs. »
Pour Orange, Patrick Martinoli ne dit pas autre chose : « Il reste toujours une petite réticence. Certains craignent de ne pas savoir conduire le véhicule. Il faut apprendre à n’employer que le pied droit et à le lever à l’approche du feu rouge pour optimiser la recharge. Il faut donc savoir anticiper, ce qui s’apprend dans les formations à l’éco-conduite. Déjà 10 000 de nos collaborateurs ont été formés pendant une journée aux risques routiers et à l’éco-conduite. Et nous envisageons d’y intégrer un module spécifique sur l’électrique », prévoit ce responsable.
À la tête de 142 véhicules dont 93 électriques, le producteur de cognac Hennessy a pareillement misé sur les formations à l’éco-conduite. « Pour les conducteurs des modèles thermiques, cela nous a amenés à économiser 8 % de carburant. Pour ceux qui roulent en électrique, ils tiennent plus longtemps la charge. Ainsi, les collaborateurs réapprennent à conduire avec des bonnes pratiques qui sont aussi plus sécurisantes », décrit Sophie Gourbat-Raimbault, responsable sécurité et environnement.
Une conduite plus apaisée avec l’électrique
Des entreprises, à l’image de Dentsu Aegis Network France, favorisent la prise en mains de l’électrique « en faisant un bout de chemin avec les salariés pour leur en montrer le fonctionnement. Il faut en effet savoir juger la consommation et optimiser l’autonomie en décélérant. Ce sont des astuces à apprendre. Après, ils apprécient tous le côté “zen“ de la conduite et le confort », note Stéphane Belair, responsable des 109 véhicules dont 7 électriques de ce spécialiste des médias, du digital et de la création de campagnes de communication numérique (voir son témoignage).
« Avec l’électrique, les conducteurs font plus attention à leur conduite pour bénéficier d’un maximum d’autonomie, pointe pour sa part Philipe Crassous, directeur matériel et achats de Sepur. Le spécialiste de la collecte des déchets et de la propreté urbaine possède dans son parc 156 véhicules électriques. Mais avec la forte augmentation de l’autonomie des véhicules, les comportements vertueux ont tendance à s’effacer et la différence de comportement se fait moins nette », nuance Philipe Crassous.
Dernier avantage du passage à l’électrique : la motivation qu’il peut générer chez les conducteurs. « Ils vont naturellement dans le sens de l’éco-conduite. Ils se “challengent“ régulièrement sur l’autonomie. C’est presque devenu un jeu », avance Benoît Duval pour SAP Labs.
Chez le spécialiste de la collecte des déchets et de la propreté urbaine Sepur, la cinquantaine de voitures de fonction sont hybrides. Quant aux chefs d’équipe et aux agents de maîtrise, ils roulent en Zoé depuis 2014, soit un parc de 156 véhicules électriques.
Entretenir l’émulation
Chez Hennessy, les conducteurs ont tellement « accroché » à l’électrique que « des collaborateurs sont en train de mettre en place un site internet en interne pour ceux qui souhaitent acquérir un véhicule électrique à titre personnel. Ils en apprécient la fiabilité et le confort », confirme Sophie Gourbat-Raimbault (voir son témoignage). Chez LVMH pareillement, les deux véhicules électriques en autopartage via Alphacity, mis à disposition pour les rendez-vous professionnels mais aussi pour des usages personnels le soir et en week-end, peuvent servir d’incitation. « Ceux qui les testent y reviennent. Il y a même des collaborateurs qui possèdent une voiture thermique de fonction et qui préfèrent prendre un électrique pour se rendre à un rendez-vous professionnel. Non seulement il y aura zéro émission, mais en plus ils se gareront plus facilement », avance Grégory Rouca. Ce responsable des services généraux constate « une certaine accélération autour de l’électrique », et trois véhicules vont arriver prochainement pour rejoindre la quinzaine de modèles hybrides rechargeables et électriques parmi les 156 véhicules de fonction (voir le témoignage).
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