
Pour tous les constructeurs automobiles, la clientèle des entreprises revêt une importance capitale. Renault ne déroge pas à la règle. « Cette activité est stratégique, confirme John Cleworth, directeur du business développement pour la direction des ventes spéciales. En France, pour Renault et au cours d’une année normale, les ventes aux entreprises représentent la moitié des ventes en volume. En termes de chiffre d’affaires, cette part dépasse les 50 % car les VUL affichent des valeurs unitaires plus élevées. »
Dans son catalogue, la marque au losange commercialise des véhicules 100 % électriques comme des hybrides et des hybrides...
Pour tous les constructeurs automobiles, la clientèle des entreprises revêt une importance capitale. Renault ne déroge pas à la règle. « Cette activité est stratégique, confirme John Cleworth, directeur du business développement pour la direction des ventes spéciales. En France, pour Renault et au cours d’une année normale, les ventes aux entreprises représentent la moitié des ventes en volume. En termes de chiffre d’affaires, cette part dépasse les 50 % car les VUL affichent des valeurs unitaires plus élevées. »
Dans son catalogue, la marque au losange commercialise des véhicules 100 % électriques comme des hybrides et des hybrides rechargeables. Si l’évolution des ventes des hybrides ne constitue pas un indicateur intéressant car leur commercialisation remonte seulement à la rentrée 2020, celles de la Zoé sont parlantes : elles ont progressé de 36 % depuis le début de l’année auprès des entreprises quand, simultanément, les ventes BtoB de VUL et de VP ont baissé de 17 %. Pour Renault, présent sur le marché des véhicules électriques depuis des années, ce renforcement de la demande est porté par des contraintes réglementaires et fiscales toujours plus fortes.
Un engouement électrique
Ce que valide le spécialiste des infrastructures de recharge électrique EVBox en citant la loi d’orientation des mobilités (LOM) et la générosité des aides fiscales comme moteurs de développement de ce marché. « Cet engouement découle également de la crise sanitaire avec une envie grandissante d’agir pour l’environnement, plaide Corinne Frasson, directrice d’EVBox en France. De plus, la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) intègre des mesures autour de l’impact des entreprises. »
La pression des salariés joue aussi en faveur de la mobilité électrique. Selon le Baromètre de la Mobilité EVBOx, deux conducteurs de véhicules électriques sur trois veulent disposer d’une borne de recharge sur le site de leur entreprise. EVBox affiche ainsi 250 000 points de charge installés dans plus de 70 pays. « Plus qu’une lame de fond, la mobilité électrique se développe comme un véritable tsunami, reprend Corinne Frasson. Toutes les conditions sont réunies pour une transition nette dans les flottes avec une demande qui croît de manière exponentielle. »
Avant l’arrivée de l’électrique et son décollage attendu, le choix des véhicules au sein des entreprises se faisait entre le diesel pour les parcours routiers et l’essence pour la ville. Maintenant, il existe un panel de solutions plus large avec les gammes électrifiées, le diesel, l’essence ou encore le GPL, le GNV ou le flexfuel. Ce qui complexifie singulièrement la donne pour les gestionnaires de flotte.
La bonne énergie pour le bon usage
« Dans ce contexte, le rôle du vendeur se renforce, explique John Cleworth pour Renault. Nous avons développé des outils pour travailler dans le détail sur les TCO des différentes énergies avec nos clients. Le but poursuivi : pour le bon véhicule, choisir la bonne énergie pour le bon usage. » Une méthode avec comme finalité de ne pas décevoir le client.
En amont de l’électrification de la flotte, les entreprises recherchent en effet conseil et accompagnement. Les questions portent essentiellement sur l’autonomie et les infrastructures de recharge. Renault a donc créé une division spécifique pour cartographier les utilisations, évaluer le potentiel de véhicules et définir les besoins en infrastructures de recharge.

« Auparavant, le service se déclinait sur le mode de l’ambassadeur de la marque, observe Corinne Frasson pour EVBox. Désormais, le conseil figure au premier rang des besoins des entreprises. Le client est lucide sur ce qui doit être fait. Il cherche à être accompagné et il est d’autant plus satisfait de recueillir des conseils de la part d’un expert qu’il s’est déjà fait un avis. » Cela étant, les entreprises ont une visibilité sur les technologies présentes à l’instant T mais ont des difficultés à analyser leur évolution. « Les véhicules vont changer mais l’infrastructure va rester, insiste Corinne Frasson. Nous conseillons les entreprises pour les aider à accompagner l’évolution des véhicules. » Selon EVBox, les sites accueillant des bornes rassemblent davantage de points de charge : la moyenne est passée de quatre auparavant à dix ou vingt aujourd’hui. Autre actualité, les déploiements nationaux d’une centaine de sites se multiplient. Et les entreprises apprécient d’avoir les mêmes équipements sur l’ensemble du territoire.
La question de la recharge
Chez EVBox, dès la phase de conceptualisation du projet, un interlocuteur prend en main l’installation et la mise en service des bornes. Dans un deuxième temps, lorsque les infrastructures sont opérationnelles, EVBox met en avant plusieurs services. Grâce à un logiciel ad hoc, l’entreprise accède alors à un tableau de bord où apparaît l’activité des points de charge. Parallèlement, EVBox propose des cartes d’accréditation pour accéder aux bornes. « La maintenance est un autre service appelé à se développer dans les mois et les années à venir, prévoit Corinne Frasson. C’est une brique importante de l’écosystème. »
Des entreprises en attente de conseil
Pour le transporteur DHL Express France, Laurent Zerafa, responsable du parc automobile, valide l’importance de l’apport de conseil : « Parmi nos prestataires, les fabricants de bornes nous aident à calibrer les installations. Nous pouvons avoir jusqu’à 80 bornes sur un seul site. Si les puissances ne sont pas correctement calculées, les problèmes se multiplient et les coûts s’envolent. Les spécialistes des infrastructures de recharge déploient des systèmes de gestion de l’énergie pour une recharge intelligente », expose-t-il.
Autre service employé par DHL Express France, l’accès à un portail internet où apparaissent le parc de bornes et l’activité de chacune d’entre elles. « Si besoin, nous pouvons restreindre l’accès à des personnes habilitées. En 2021, nous allons investir trois fois plus dans la mobilité électrique qu’en 2020. L’année dernière, nous avons transporté plus de 1,5 million de colis avec des solutions vertes, soit quatre fois plus qu’en 2016. En 2021, nous visons les 3 millions », poursuit Laurent Zerafa, à la tête de 1 500 véhicules en propre pour DHL Express, et 2 000 véhicules avec des partenaires. Sur ce total, le transporteur fait appel à 100 véhicules électriques et vise les 200 en 2022 (voir le témoignage).
De son côté, le télématicien Masternaut vient de lancer MoveElectric, un outil de transition pour passer du thermique à l’électrique. Cette solution concentre son expertise sur le sujet. Selon les calculs réalisés par Masternaut, 40 % des véhicules en circulation en France pourraient basculer à l’électrique et réaliser leurs tournées avec une seule charge rapide par jour. Autre constat, 70 % des opérateurs de flottes en France et au Royaume-Uni cesseront d’acheter des véhicules thermiques dans les cinq prochaines années.
Accompagner la transition
Pour aider les entreprises à appréhender le potentiel de l’électrique dans les flottes, Masternaut évalue la gamme et le modèle du véhicule envisagé, analyse le TCO et estime les besoins en points de charge. Pour les entreprises déjà utilisatrices, le spécialiste de la télématique apporte un suivi des données clés pour mesurer la performance du véhicule. Enfin, pour les parcs aux besoins élargis, Masternaut fournit davantage d’informations sur le véhicule comme sur les systèmes de recharge.
Pour vérifier l’adéquation entre les utilisations et les véhicules électriques, les entreprises doivent de fait disposer de données fiables. « Lors des premiers pas avec l’électrique, les entreprises doivent contrôler l’état de charge et l’autonomie, explique Alberto de Monte, directeur commercial OEM, électrique et mobilité durable pour Masternaut. Par la suite, elles veulent bénéficier d’un meilleur contrôle sur le coût et le temps de charge et s’assurer que leurs conducteurs se sentent à l’aise avec les véhicules électriques et notamment que leurs craintes sur l’autonomie et la recharge sont prises en compte. »
Un point d’entrée unique
Selon Renault et face aux constructeurs automobiles, les autres prestataires accuseraient un temps de retard sur ce sujet de l’électrique. « Les loueurs longue durée sont encore dans une phase de structuration quand les captives apparaissent en pointe, estime John Cleworth qui défend son métier. Avec la LOM et l’obligation de réserver 10 % des renouvellements à des véhicules propres à partir de 2022 pour les parcs de plus 100 véhicules, les loueurs longue durée vont monter en puissance. »
Avec une électrification lourde et irréversible, les loueurs vont ainsi s’organiser et agréger des services pour que leurs clients n’aient pas à faire appel à une multitude de prestataires. Pour leur part, les constructeurs développent des partenariats et s’apprêtent à lancer des services intégrés comme les cartes de ravitaillement multi-énergies. « Notre structure a vocation à être un intermédiaire, avance John Cleworth. Il existe une multitude d’intervenants autour de ces sujets (pétroliers, acteurs de l’énergie, etc.). Les entreprises ont besoin d’intégration pour travailler avec un seul interlocuteur. »
Chez Renault et en comparaison des modèles thermiques, les entreprises ont davantage recours au financement par la DIAC pour les véhicules électriques. Pour l’entretien et les pneus, la demande est équivalente. Au-delà, Renault a développé des services spécifiques à l’électrique parmi lesquels figurent les outils de gestion de parc. Commercialisé sous le nom d’Iris Live, l’outil de télématique fait remonter des informations sur la conduite, la consommation d’énergie, sur l’état de la charge ou encore l’autonomie. « La télématique permet de vérifier que l’usage est approprié, remarque John Cleworth. Dans le cas de l’hybride rechargeable, l’optimisation de l’utilisation en mode électrique amène à réaliser des économies sur le TCO. Le gain peut aller du simple au triple » (voir aussi l’encadré ci-dessous).
Des services intégrés
Pour sa part, Stellantis (ex PSA et FCA) a misé sur l’intégration des services en s’associant à Engie EPS pour créer une joint-venture autour de la mobilité électrique. Baptisé Free2Move eSolutions, cet acteur a pour ambition de soutenir et de faciliter la transition vers la mobilité électrique avec des solutions pour les particuliers comme les entreprises. Parmi ces services figurent les infrastructures de recharge (installation, entretien et exploitation), des abonnements mensuels de recharge à des bornes publiques ou résidentielles et la gestion du cycle de vie des batteries. Free2Move eSolutions proposera également des prestations énergétiques dites « innovantes » comme l’intégration de la technologie Vehicle-to-Grid (V2G) et des solutions de gestion de l’énergie pour réduire le coût total de possession du véhicule.
En parallèle, les réseaux d’installateurs se constituent et les partenariats se multiplient. « Nous sommes le fabricant de bornes à avoir noué le plus grand nombre d’accords avec les constructeurs de véhicules, argumente Corinne Frasson pour EVBox. Nous leur offrons l’opportunité de fournir à leurs clients le véhicule, l’infrastructure et l’installateur. » La ligne directrice consiste à faciliter l’usage de la borne, soit à limiter le temps passé à recharger. Au-delà de tous les services, la disponibilité reste la pierre de touche d’une infrastructure. Les services autour de cet équipement visent à monter en compétence pour augmenter le taux de disponibilité au maximum.
De nouvelles offres
De son côté, Masternaut constate une multiplication des services autour de ces nouvelles mobilités. « De nombreux acteurs développent des services similaires et le marché est très encombré, assure Alberto de Monte. Il attire à la fois des acteurs établis et de nouvelles entreprises issues des univers de l’automobile et de l’énergie. » En attendant peut-être une consolidation.
Dossier - Véhicules électriques : une offre intégrée de services
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