
Sur neuf mois, la CSIAM a ainsi enregistré l’immatriculation de 42 640 tracteurs et porteurs, en hausse de 8 % entre 2018 et 2019. Dans le détail, 18 718 porteurs ont été mis à la route depuis le début de l’année, soit + 5,3 % comparé à la même période en 2018. « La hausse l’an dernier sur la même période était de 6 % », a précisé la CSIAM. Qui constate toutefois « un net ralentissement de la croissance 2019 sur le deuxième quadrimestre. » Du côté des tracteurs, 23 922 unités ont été immatriculé sur les neufs premiers mois de 2019, soit + 10,8 % comparé à la même période en 2018, notamment grâce à des renouvellements de parc en Euro 6.
Tachygraphe intelligent : un pic de ventes en juin
Le marché a affiché un pic de ventes en juin en anticipation du changement d’homologation européenne imposant l’intégration d’un tachygraphe intelligent dans tous les véhicules de transport de marchandises de plus de 3,5 t et de transport de personnes de plus de 9 places à partir du 15 juin 2019. Ce pic a été suivi d’un ralentissement de l’activité avec entre – 10 et – 20 % de ventes en juillet, août et septembre 2019 comparé à 2018. « Les marchés restent tout de même très soutenus et reviennent à un niveau normal autour des 50 000 camions immatriculés, après des niveaux un peu forts ces dernières années », a nuancé Philippe Canetti, directeur général de DAF Trucks France.
Marchés français toutes marques des utilitaires lourds et véhicules industriels | ||||
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Janvier à septembre 2018 | Janvier à septembre 2019 | Variation 2019/2018 | Part de marché | |
> 3.5 à 5 t | 1 234 | 1 145 | – 7 % | 2 % |
> 5 t | 39 356 | 42 640 | 8 % | 98 % |
Tracteurs | 21 588 | 23 922 | 10,8 % | |
Porteurs | 17 768 | 18 718 | 5 % | |
Dont >= 5,1 à 16 t | 5 243 | 5 355 | 2 % | 13 % |
Dont > 16 t | 34 113 | 37 285 | 9 % | 85 % |
Les ventes de bus en recul
En parallèle, le marché des bus et cars a également progressé de 2,5 % sur neuf mois entre 2018 et 2019 à 5 012 unités. Cette progression a en fait seulement concerné les cars avec 3 829 unités immatriculées (+ 5,1 %), tandis que les immatriculations de bus ont reculé de 3,4 % à 1 177 unités. Les constructeurs d’autocars anticipent une année à 5 500 unités immatriculés et ont également signalé quelques difficultés de livraisons dues à des notifications de plus en plus tardives des marchés jusqu’en avril pour le mois de septembre. Il s‘attendent aussi à un ralentissement des ventes en 2020, l’activité étant très assujettie aux échéances électorales.
Marché des cars et bus de janvier à septembre 2019 | ||||
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< 5 t | 5 t et plus | Total | Variation 2019/2018 | |
Bus | 1 177 | 1 177 | – 3,4 % | |
Cars | 44 | 3 785 | 3 829 | 5,1 % |
Non spéc. | 1 | 5 | 6 | – 80,6 % |
Total | 45 | 4 967 | 5 012 | 2,5 % |
Quel avenir pour les énergies alternatives ?
L’événement a aussi été l’occasion de faire le point sur le développement des énergies alternatives sur le segment des véhicules lourds. Selon Thierry Kilidjean, directeur général d’Iveco France, « le GNV représente actuellement environ 1,5 % du marché du PL et continue de croître. Le frein reste toujours l’approvisionnement et le nombre de stations, principalement pour le GNL, tandis que le GNC pose des problèmes d’autonomie. Cependant, il y a une grosse pression des chargeurs et des consommateurs sur les chargeurs et ces derniers comprennent vite l’intérêt économique de rouler au gaz. »
D’après Philippe Canetti, DAF Trucks estime que le diesel représentera toujours plus de 50 % du marché européen à l’avenir et que le reste se partagera entre l’électrique et l’hybride électrique-hydrogène. En effet, « le législateur va se poser la question de la provenance de l’énergie utilisée pour faire fonctionner les véhicules électriques », anticipe-t-il. De son côté, Mercedes-Benz Trucks imagine qu’il y aura 30 % de diesel en 2040 et plus du tout de gaz. « Le gaz est une énergie de transition », a argué Jean-Marc Diss, P-DG de Mercedes-Benz Trucks France.
Des objectifs européens à respecter
Selon lui, la réponse aux obligations européennes de réduction des émissions de CO2 de 15 % en 2025 par rapport à 2019 et de 30 % en 2030 passera par un mix énergétique diversifié, et l’électrique présente l’avantage de compter double dans le calcul. D’autre part, les performances du diesel devraient continuer à évoluer pour réduire la consommation et donc les émissions. Et si les constructeurs n’atteignent pas ces objectifs, « les pénalités s’élèveront à 4 800 euros par gramme de CO2 supplémentaire en 2025, puis plus de 6 000 euros en 2030. Chez Daimler, cela équivaut à 300 millions d’euros par gramme supplémentaire », a chiffré Jean-Marc Diss.
« Les biocarburants peuvent également être une solution pour atteindre les objectifs 2025, mais il faut regarder l’impact en amont », a également signalé Philippe Canetti de DAF Trucks. De fait, la CSIAM milite auprès de l’UE pour que la législation prenne en compte les émissions sur l’ensemble du cycle de vie.
Enfin, la CSIAM a rappelé que le secteur est marqué par une pénurie de chauffeurs de PL de plus de 7,5 t, avec 40 000 postes à pourvoir en France, auxquels s’ajoutent 10 000 postes ailleurs au sein de la filière (mécaniciens, informaticiens, commerciaux, etc.) mais aussi tous les employés partant à la retraite et qu’il va falloir remplacer.