
« Les entreprises sont toujours plus nombreuses à faire appel aux VO. Lorsqu’elles financent leurs véhicules en LLD, elles ont l’intention d’accorder une place grandissante à l’occasion et pensent à ce mode de financement pour passer à l’acte. » Observateur du marché des flottes en tant que président de l’Arval Mobility Observatory, François Piot donne un coup projecteur sur une tendance qui s’affirme.
Lors de la création d’une entreprise, le VO peut en effet être vu comme un recours. Avec un bilan de moins d’un an, les structures naissantes rencontrent des difficultés pour obtenir un crédit afin d’acheter un VN ou d’en louer un. Le risque de...
« Les entreprises sont toujours plus nombreuses à faire appel aux VO. Lorsqu’elles financent leurs véhicules en LLD, elles ont l’intention d’accorder une place grandissante à l’occasion et pensent à ce mode de financement pour passer à l’acte. » Observateur du marché des flottes en tant que président de l’Arval Mobility Observatory, François Piot donne un coup projecteur sur une tendance qui s’affirme.
Lors de la création d’une entreprise, le VO peut en effet être vu comme un recours. Avec un bilan de moins d’un an, les structures naissantes rencontrent des difficultés pour obtenir un crédit afin d’acheter un VN ou d’en louer un. Le risque de défaut étant supérieure, établissements financiers et loueurs longue durée refusent les dossiers ou imposent des conditions léonines. Les loueurs n’ayant pas accepté les dossiers des entreprises sur les VN, ces dernières se résolvent à intégrer des véhicules de seconde main. Référencer des VO peut donc se faire sous la contrainte.
Des VO dans les TPE-PME
Autre cas de figure, dans les TPE, l’occasion est souvent une option privilégiée pour le déploiement d’un deuxième véhicule. « 60 % de l’exploitation sont assurés avec un VN en achat ou en LLD et le solde par un VO », précise François Piot. Lorsqu’elles décident d’intégrer des VO à leurs flottes, TPE et PME se concentrent souvent sur les véhicules de direction. Elles envisagent de les garder plus longtemps, obtiennent peu de ristournes sur ce type de véhicule et veulent bénéficier de la forte décote enregistrée par un VN après une ou deux années d’utilisation.
Un constat confirmé par Stéphane Montagnon, associé et fondateur de Holson, cabinet de conseil et de fleet management, pour qui seules les entreprises au périmètre restreint font rouler des VO : « Les grandes entités ont peu d’intérêt à louer des véhicules de deuxième main car, grâce aux accords conclus avec les loueurs et les constructeurs, elles obtiennent des conditions commerciales aussi compétitives que sur le marché du neuf. »
Dans ce contexte, l’intérêt de ces petites entreprises rencontre celui des loueurs longue durée qui, depuis des années, cherchent à louer les véhicules restitués par leurs clients en fin de contrat. « Mais cette pratique se heurte à une difficulté, remarque François Piot. L’écart entre les loyers des VO et des VN n’est pas assez élevé pour constituer un argument immédiat. Tributaire de l’âge et de l’état du modèle, le loyer d’un VO varie aussi sensiblement, explique François Piot. Cela étant, dans les appels d’offres, les entreprises se battent pour beaucoup moins et un contrat peut se perdre ou se gagner pour un, deux ou trois euros par mois. »
L’argument budgétaire en question
Car l’argument budgétaire ne joue pas toujours en faveur du VO. « En comparaison avec les VN, nos clients qui achètent des VO ont le sentiment de réaliser une opération plus rentable, souligne Stéphane Montagnon. Et ils estiment qu’ils peuvent revendre les VO sans difficulté à un prix symbolique sans avoir à piloter la valeur de revente. Mais au-delà de 100 000 km par an, le budget entretien augmente de 30 à 50 % et les consommations de carburant partent à la hausse. »
De fait, l’ancienneté d’un véhicule peut soulever des interrogations. La consommation de carburant est en général plus élevée bien que son poids dans le TCO reste relativement marginal. Et la politique RSE de l’entreprise peut s’opposer à des VO dont les émissions de gaz à effet de serre et de polluants locaux s’envolent si elles sont comparées à celles des VN. En outre, même si la fiabilité et la longévité des véhicules ont fait des progrès considérables, les entreprises peuvent craindre les risques de panne ou de casse sur des VO vieillissants. Mais avec la LLD, le loueur continue de porter ses risques et rassure l’entreprise. « Les constructeurs ont fait de tels progrès qu’afficher 120 000 km au compteur ne représente pas un frein, considère François Piot. Le véhicule est encore en très bon état. »
L’évolution de la fiscalité pourrait aussi avantager les VO. Les véhicules immatriculés avant l’arrivée des nouvelles dispositions légales ont bénéficié d’une imposition plus favorable et arrivent sur le marché VO avec un avantage économique encore plus important par rapport aux VN.
Faire évoluer les mentalités
Si l’économie espérée peut intéresser de nombreuses entreprises et notamment les TPE-PME, les collaborateurs apprécient les VN et ne se résolvent aux VO qu’à contrecœur dans la majorité des cas. « Mais les mentalités évoluent, reprend François Piot. L’usage commence à importer davantage que la propriété. En location courte durée, les conducteurs ne se soucient pas de savoir si le véhicule est neuf. De plus, avec la moyenne durée, les loueurs longue durée reprennent l’idée d’une location par catégorie et non en fonction de l’âge du véhicule. Peut-être l’essor de la location moyenne durée prépare-t-il le terrain à la relocation de VO avec contrats d’entretien sur de longues durées. »
Stéphane Montagnon estime aussi que le contexte de pénurie sur le VN pourrait inciter les entreprises à se tourner vers le VO. « Dans l’attente de la livraison d’un VN, les collaborateurs se voient attribuer des véhicules déjà en parc. Pour eux, rouler au volant d’un VO ne présenterait pas de différences et cette solution leur permet d’obtenir leurs véhicules plus vite », expose Stéphane Montagnon.
Et le VO pourrait d’autant plus facilement se généraliser dans les flottes que son état extérieur et intérieur est irréprochable. « Lors de la réattribution de véhicules, des collaborateurs les ont refusés en raison de leur état de détérioration », prévient cependant Stéphane Montagnon.
Et le véhicule électrique ?
S’il est irréprochable et face au VN, le VO peut également se justifier dans un raisonnement de développement durable. « Peu d’entreprises réfléchissent de cette manière mais la situation pourrait évoluer », estime toutefois Stéphane Montagnon. Pour qui les véhicules électriques sont un bon exemple de l’intérêt des VO pour les entreprises. « Sur le marché du neuf, les constructeurs n’appliquent pas de remise, constate-t-il. Or les entreprises vont avoir besoin de rouler en électrique pour continuer à circuler dans les zones à faibles émissions. » Aujourd’hui, l’obsolescence rapide des technologies électriques disqualifient les VO par rapport aux VN. « Mais quand les batteries auront des autonomies compatibles avec les usages, les entreprises pourront s’intéresser au marché de la deuxième main, anticipe Stéphane Montagnon. Avec 80 ou 200 km par jour, de nombreux modes d’utilisation sont compatibles. Le VO électrique se justifiera d’autant plus qu’il s’use moins vite qu’un modèle thermique. » À suivre…
Évolution des ventes de VO et de VN en 2019
Véhicules d’occasion | Véhicules neufs | ||||||||
2019 | 2018 | 2019/ 2018 |
2019/2018 (JOC) | 2019 | 2018 | 2019/ 2018 |
2019/2018 (JOC) | VO/VN | |
Janvier | 444 845 | 435 639 | 2,1 % | 2,1 % | 155 080 | 156 786 | – 1,1 % | – 1,1 % | 2,87 |
Février | 456 856 | 425 799 | 7,3 % | 7,3 % | 172 443 | 168 822 | 2,1 % | 2,1 % | 2,65 |
Mars | 507 982 | 519 943 | – 2,3 % | 2,4 % | 225 818 | 231 012 | – 2,3 % | 2,4 % | 2,25 |
Avril | 503 102 | 473 119 | 6,3 % | 1,3 % | 188 197 | 187 447 | 0,4 % | – 4,4 % | 2,67 |
Mai | 482 557 | 464 113 | 4,0 % | – 1,2 % | 193 948 | 191 648 | 1,2 % | – 3,9 % | 2,49 |
Juin | 458 904 | 507 166 | – 9,5 % | 0,0 % | 230 967 | 252 147 | – 8,4 % | 1,2 % | 1,99 |
Juillet | 565 205 | 517 276 | 9,3 % | 4,5 % | 172 228 | 175 385 | – 1,8 % | – 6,1 % | 3,28 |
Août | 420 871 | 409 012 | 2,9 % | 7,8 % | 129 259 | 150 476 | – 14,1 % | – 10,0 % | 3,26 |
Septembre | 464 228 | 441 489 | 5,2 % | 0,1 % | 173 444 | 148 751 | 16,6 % | 11,0 % | 2,68 |
Octobre | 531 737 | 533 634 | – 0,4 % | – 0,4 % | 188 989 | 173 863 | 8,7 % | 8,7 % | 2,81 |
Novembre | 462 865 | 455 792 | 1,6 % | 12,2 % | 172 735 | 171 534 | 0,7 % | 11,3 % | 2,68 |
Décembre | 478 052 | 404 128 | 18,3 % | 12,7 % | 211 193 | 165 395 | 27,7 % | 21,6 % | 2,26 |
Total | 5 777 204 | 5 587 110 | 3,4 % | 3,8 % | 2 214 301 | 2 173 267 | 1,9 % | 2,3 % | 2,61 |
Source : AutoScout24 France |
Pour le marché du VO comme celui du VN, 2019 a constitué une année particulièrement faste. Avec, sur ces deux marchés, une augmentation importante des ventes en fin d’année, notamment due à l’anticipation de la fiscalité dans sa version 2020.
Répartition des ventes de voitures d’occasion par modèle
Modèle | 2019 | PDM | 2018 | PDM | 2019/2018 |
Renault Clio | 390 995 | 6,8 % | 390 052 | 7,0 % | 0,24 % |
Citroën C3 | 204 640 | 3,5 % | 185 209 | 3,3 % | 10,49 % |
Citroën C4 | 187 935 | 3,3 % | 184 708 | 3,3 % | 1,75 % |
Renault Scénic | 164 303 | 2,8 % | 171 331 | 3,1 % | – 4,10 % |
Renault Mégane | 158 966 | 2,8 % | 165 788 | 3,0 % | – 4,11 % |
Volkswagen Golf | 151 738 | 2,6 % | 150 414 | 2,7 % | 0,88 % |
Renault Twingo | 150 796 | 2,6 % | 150 960 | 2,7 % | – 0,11 % |
Peugeot 308 | 147 428 | 2,6 % | 129 536 | 2,3 % | 13,81 % |
Peugeot 206 | 147 263 | 2,5 % | 159 348 | 2,9 % | – 7,58 % |
Peugeot 208 | 136 595 | 2,4 % | 112 092 | 2,0 % | 21,86 % |
Peugeot 207 | 103 225 | 1,8 % | 101 914 | 1,8 % | 1,29 % |
Volkswagen Polo | 100 904 | 1,7 % | 103 620 | 1,9 % | – 2,62 % |
Peugeot 3008 | 86 970 | 1,5 % | 76 737 | 1,4 % | 13,34 % |
Renault Captur | 82 280 | 1,4 % | 73 776 | 1,3 % | 11,53 % |
Peugeot 307 | 80 385 | 1,4 % | 89 411 | 1,6 % | – 10,09 % |
Peugeot 2008 | 70 801 | 1,2 % | 57 825 | 1,0 % | 22,44 % |
Ford Fiesta | 68 266 | 1,2 % | 68 541 | 1,2 % | – 0,40 % |
Opel Corsa | 67 406 | 1,2 % | 65 482 | 1,2 % | 2,94 % |
Audi A3 | 65 032 | 1,1 % | 63 754 | 1,1 % | 2,00 % |
BMW Série 3 | 63 705 | 1,1 % | 63 700 | 1,1 % | 0,01 % |
Mini Mini | 55 525 | 1,0 % | 49 279 | 0,9 % | 12,67 % |
Dacia Sandero | 53 239 | 0,9 % | 41 089 | 0,7 % | 29,57 % |
Toyota Yaris | 52 400 | 0,9 % | 48 113 | 0,9 % | 8,91 % |
Mercedes Classe A | 52 097 | 0,9 % | 46 823 | 0,8 % | 11,26 % |
Fiat 500 | 51 925 | 0,9 % | 47 318 | 0,8 % | 9,74 % |
Total VO | 5 777 204 | 50,1 % | 5 587 110 | 50,1 % | 3,4 % |
Source : AutoScout24 France |
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