
Quand le marché des véhicules neufs fait grise mine, celui de l’occasion affiche un large sourire. Selon le spécialiste de la statistique automobile Dataneo, en 2021, le nombre de véhicules d’occasion écoulés auprès des particuliers et des professionnels a atteint 5,511 millions d’unités. Par rapport à 2020, la croissance s’est établie à 7,8 %. En 2019, année du précédent record, 5,349 millions de VO avaient été écoulés (ces chiffres excluent les véhicules importés).
« La crise des semi-conducteurs a entraîné une pénurie de VN avec des délais de livraison qui frisent le déraisonnable », explique Thomas Jouanny, chief data officer chez...
Quand le marché des véhicules neufs fait grise mine, celui de l’occasion affiche un large sourire. Selon le spécialiste de la statistique automobile Dataneo, en 2021, le nombre de véhicules d’occasion écoulés auprès des particuliers et des professionnels a atteint 5,511 millions d’unités. Par rapport à 2020, la croissance s’est établie à 7,8 %. En 2019, année du précédent record, 5,349 millions de VO avaient été écoulés (ces chiffres excluent les véhicules importés).
« La crise des semi-conducteurs a entraîné une pénurie de VN avec des délais de livraison qui frisent le déraisonnable », explique Thomas Jouanny, chief data officer chez Dataneo. À titre d’exemple, un loueur cité par ce prestataire s’est vu signifier une livraison en février 2023 pour une commande passée début novembre 2021… Et tous les constructeurs sont concernés à l’exception de Tesla dont la gestion des micro-processeurs apparaît comme plus mature. « D’autres ont noué des relations plus étroites avec leurs fournisseurs, à l’image des coréens et des japonais qui ont anticipé la crise et souffrent moins de la pénurie, poursuit Thomas Jouanny. Leurs délais de livraison sont plus courts que chez BMW, Jaguar Land Rover, Peugeot, Citroën, etc. »
2021 | 2021 | 2020 | 2021/2020 | 2019 | 2021/2019 |
Janvier | 480 861 | 499 814 | – 3,8 % | 444 845 | 8,1 % |
Février | 493 156 | 492 331 | 0,2 % | 456 856 | 7,9 % |
Mars | 587 414 | 329 389 | 78,3 % | 507 982 | 15,6 % |
Avril | 517 482 | 114 338 | 352,6 % | 503 102 | 2,9 % |
Mai | 468 255 | 317 026 | 47,7 % | 482 557 | – 3,0 % |
Juin | 547 997 | 585 744 | – 6,4 % | 458 904 | 19,4 % |
Juillet | 523 733 | 634 841 | – 17,5 % | 565 205 | – 7,3 % |
Août | 430 008 | 484 231 | – 11,2 % | 420 871 | 2,2 % |
Septembre | 490 699 | 554 840 | – 11,6 % | 464 228 | 5,7 % |
Octobre | 505 137 | 583 207 | – 13,4 % | 531 737 | – 5,0 % |
Novembre | 461 217 | 439 614 | 4,9 % | 462 865 | – 0,4 % |
Décembre | 460 910 | 482 906 | – 4,6 % | 478 052 | – 3,6 % |
Total | 5 966 869 | 5 518 281 | 8,1 % | 5 777 204 | 3,3 % |
Source : baromètre AutoScout24 |
Moins de VN, plus de véhicules d’occasion
Et face à cette raréfaction des VN, les acheteurs se tournent logiquement vers les VO récents et les VO plus âgés en profitent également. « Après la crise du covid-19, les Français ont voulu éviter les transports en commun et privilégier les moyens de transport personnels comme la moto ou l’automobile, reprend Thomas Jouanny. Comme ils ne trouvaient pas de VN, ils se sont rabattus sur les VO. »
Un constat que confirme EnchèresVO. Pour ce spécialiste du remarketing et de la vente automobiles, le marché des véhicules d’occasion a été « atypique » en 2021 et le manque de VN l’a dynamisé au premier trimestre. « Depuis, le marché des véhicules d’occasion a encore progressé et nous n’avons jamais connu un tel dynamisme, s’étonne Guillaume Arnauné, directeur général du groupe. Depuis la rentrée de septembre 2021, l’envolée des prix est assez folle quand le marché VN reste à l’arrêt. » La hausse atteindrait 15 à 20 % en 2021 par rapport à 2020. Quant au premier trimestre 2022, il devrait suivre au minimum cette dynamique avec une reprise du VN décalée dans le temps.
Même cause et même conséquences du côté des loueurs longue durée pour qui le nombre de VO vendus dépend des volumes des restitutions enregistrés au cours de l’année. Or, avec la pénurie de semi-conducteurs, les délais de livraison des VN se sont allongés et les contrats de LLD ont été prolongés. Malgré ce phénomène, Alphabet a revendu 2 500 VO en 2021, soit une augmentation de 17 % par rapport à 2020, année atypique et légèrement en deçà de la performance de 2019, dernière période de référence. « Les stocks sont bas car nous avons vendu davantage que ce que nous détenions », précise Fabrice de Margerie, directeur des opérations et informatique au sein de la filiale de BMW.
Âge | 2021 | PDM | 2020 | PDM | 2021/2020 | PDM 2021/2020 |
Moins de 1 an | 438 853 | 7,35 % | 494 661 | 8,96 % | – 11,28 % | – 17,95 % |
1 an | 329 199 | 5,52 % | 400 546 | 7,26 % | – 17,81 % | – 23,99 % |
2 à 5 ans | 1 643 597 | 27,55 % | 1 366 088 | 24,76 % | 20,31 % | 11,27 % |
6 à 10 ans | 1 199 767 | 20,11 % | 1 137 139 | 20,61 % | 5,51 % | – 2,42 % |
11 à 15 ans | 1 250 936 | 20,96 % | 1 139 509 | 20,65 % | 9,78 % | 1,53 % |
16 ans et plus | 1 104 517 | 18,51 % | 980 338 | 17,77 % | 12,67 % | 4,20 % |
Source : baromètre AutoScout24 |
Effet collatéral du manque de VN et de leurs prix élevés sur le marché, « le segment des très jeunes occasions (1 an et moins), particulièrement en hausse ces dernières années, a marqué le coup en 2021 en raison du manque de véhicules disponibles », note AutoScout24. Soit une perte de 14,2 % en volume et de 20,7 % en part de marché.
Marché des véhicules d’occasion : une forte demande
Comme les autres acteurs, Arval observe une tension sur le marché des véhicules d’occasion avec une demande particulièrement forte. « L’activité VO est historiquement importante pour notre compte de résultat, rappelle Bertrand Passelac, directeur remarketing d’Arval France. Nous devons vendre dans les meilleures conditions possibles. »
Le rôle de la RSE
Autre phénomène souligné par Arval, la pandémie amplifie une tendance sous-jacente avec un rôle accru pour la responsabilité sociale et environnementale. Celle-ci s’exprime à travers l’achat d’un véhicule qui n’a pas été produit pour soi ou par la location d’un VO afin d’offrir un deuxième parcours au véhicule. Sans oublier que le VO peut aussi constituer une solution d’attente face à l’émergence et au devenir de nouvelles technologies. « Cette pratique, qui répond à une forte attente des clients, va être mise en œuvre plus systématiquement », prévoit Bertrand Passelac.
En 2019, Arval France a revendu 75 000 VO et un peu moins de 70 000 en 2020. En 2021, ce chiffre devrait être supérieur à celui de 2019. « Nous n’avons pas obtenu les volumes espérés car la pénurie de VN a freiné les restitutions », note Bertrand Passelac. Les modèles revendus reflètent les contrats moyens de LLD, soit quatre ans et 120 000 km. En 2021, un léger allongement de la durée de détention a été constaté, d’où des VO sensiblement plus âgés. Les délais de livraison étirés sur le VN ont joué sur l’ancienneté. En 2021, les VO ont pris deux mois en moyenne, quand le kilométrage a sensiblement baissé. Désormais, le VO moyen revendu par Arval France affiche 50 mois et 95 000 km.
Une période incertaine
Chez Arval comme chez les autres revendeurs de VO, les prix ont augmenté très fortement. Et Bertrand Passelac se demande si un plateau n’a pas été atteint. D’autant que la situation devient compliquée pour des marchands confrontés à la pénurie de VO et à des prix trop élevés. Globalement, Alphabet constate pareillement une hausse des prix, alors qu’aucun des acteurs du marché des véhicules d’occasion n’avait anticipé ce bond en avant. Mais la période demeure incertaine et cette hausse ne devrait pas durer. « Le marché d’aujourd’hui ne présage en rien celui de demain, prévient Fabrice de Margerie pour ce loueur. Actuellement, nous bénéficions d’un effet d’aubaine grâce à des facteurs exogènes comme la pénurie de semi-conducteurs. À moyen terme, la situation pourrait changer. » À méditer avant de se mettre aux VO.