Véhicules particuliers : un marché tourné vers l’électrique

Selon une analyse de l’Ifpen, l’année 2020 a marqué un tournant pour le parc automobile mondial de véhicules particuliers dont les ventes sont désormais orientées vers l’électrique, tant du fait des constructeurs que sous l'influence des mesures gouvernementales.
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Véhicules entreprise

L’institut de recherche et d’innovation IFP énergies nouvelles (Ifpen) a publié une note de conjecture consacrée au marché mondial et européen des véhicules particuliers, après une année 2020 marquée par la crise sanitaire due à l’épidémie de Covid-19.

Les ventes mondiales de véhicules particuliers ont ainsi reculé de 14 % en 2020 par rapport à 2019, avec 77,7 millions d’unités immatriculées. L’Ifpen estime que ces ventes devraient rebondir de 11 % à 86,2 millions de véhicules en 2021. Cela resterait toutefois 5 % en dessous du niveau de 2019.

La situation est identique en Europe où les ventes de VO ont baissé de 24 % entre 2019 et 2020. Selon l’Ifpen, elles devraient là aussi rebondir de 15 % à 14,3 millions de véhicules en 2021. « A condition que les mesures de confinement restent limitées au premier trimestre et que les problèmes d’approvisionnement de certains matériaux et composants (comme les semi-conducteurs), signalés par plusieurs constructeurs automobiles, ne retardent pas les plans de production. » Ces chiffres resterait là encore inférieurs de 12 % au niveau de 2019, avec un retour à la normale prévu au mieux pour 2023.

VP électriques et hybrides rechargeables : + 36 % en 2020 sur le marché mondial

Dans ce contexte, les ventes de véhicules particuliers électriques (BEV) et hybrides rechargeables (PHEV) ont pourtant fortement progressé. Près de 2,8 millions d’unités ont été immatriculés dans le monde en 2020 (+ 36 % comparé à 2019), représentant 3,6 % de part de marché (PDM).

Sur ce total, 1,1 million d’unités ont été vendues en Europe (+ 85 % et 9,6 % de PDM), deuxième marché mondial après la Chine (4,4 millions). À noter que la Renault Zoé (98 000 unités), la Tesla Model 3 (79 000) et la Volkswagen ID.3 (51 000) ont dominé le marché européen.

Au total, le parc mondial de BEV et PHEV a atteint 9,5 millions d’unités fin 2020 dont 2,8 millions en Europe. En parallèle, les ventes mondiales de VP à pile à combustible hydrogène ont grimpé de 8 % à 2 800 unités en 2020.

« Cette forte résilience du segment électrique s’explique essentiellement par les plans de relance et de soutien au secteur automobile », explique l’Ifpen. Pour 2021, l’institut estime que les ventes mondiales de VP électriques et hybrides rechargeables atteindront entre 3,4 et 3,3 millions d’unités, avec une part de marché de 4,5 à 5,0 %.

« Compte tenu des derniers engagements pris par les constructeurs automobiles et les gouvernements pour développer les véhicules électriques, 2020 est une année charnière marquant le début d’un changement majeur dans le parc automobile mondial, affirme l’Ifpen. Tout retour en arrière ou statu quo semble désormais totalement inenvisageable. »

Vers 25 à 30 millions de BEV et PHEV vendus en 2030

De fait, les scénarios de développement du parc de véhicules électrique convergent tous vers un total de 25 à 30 millions de BEV et PHEV vendus en 2030, résume l’institut qui a comparé les travaux de l’Agence internationale de l’énergie et des consultants BCG, BNEF, Deloitte et WoodMackenzie.

Trois phases sont attendues : « une phase d’accélération entre 2020-2025, avec un taux de croissance annuel moyen des ventes d’environ 30 % », puis « une phase de progression soutenue jusqu’en 2030 avec une croissance annuelle des ventes de 20 % » et enfin un ralentissement « entre 2030 et 2040 avec un taux de croissance autour de 7 % par an », résume l’Ifpen. À terme, la part de marché des véhicules BEV et PHEV pourrait atteindre 50 % en 2040, avec une part du parc total autour de 25-30 %.

En parallèle, les ventes de véhicules hydrogène (FCEV) devraient rester un marché secondaire : « Selon le scénario le plus optimiste (BNEF), la part des ventes de FCEV pourrait atteindre 1 % en 2035 (857 000 véhicules), note l’institut. D’ici 2040, BNEF estime à 15 millions le nombre de véhicules particuliers FCEV, soit 1 % du parc automobile. »

Une réglementation européenne qui favorise les véhicules qui émettent moins de CO2…

En Europe, le marché des VP est influencé par les réglementations en matière d’émissions de CO2 des VP neufs. En 2021, les constructeurs ne doivent pas dépasser un taux moyen d’émissions de 95 g/km sur la totalité de leurs ventes de VP neufs dans l’Union européenne. En conséquence, « la stratégie des constructeurs est double : accélérer les ventes de voitures électriques et hybrides, et en même temps renforcer les pools d’émissions avec d’autres constructeurs pour associer leur production à celle d’un autre plus vertueux », pointe l’Ifpen.

« Les émissions du parc des véhicules neufs européen ne sont pas encore connues (le rapport de la Commission est généralement publié en juin), mais les premières analyses montrent que les émissions devraient passer de 122 g/km en 2019 à 107 g/km », indique l’Ifpen, soit bien au-dessus de l’objectif. En revanche, « les améliorations du rendement énergétique et les nouvelles technologies mises en œuvre par les constructeurs ont été compensées par la production de voitures plus grandes, la diminution des immatriculations de véhicules diesel et l’augmentation du nombre de SUV sur la route », explique l’institut.

…et moins de polluants atmosphériques

Autre facteur d’influence en faveur des BEV et PHEV : la future norme Euro 7 qui sera votée en 2021, pour une entrée en application en 2025. « Selon les informations disponibles actuellement, les limites envisagées pour les NOx seraient de 30 mg/km (contre 60 en essence et 80 en diesel avec la norme Euro 6) et de 100 à 300 mg/km pour le CO (contre 500 et 1000 actuellement », dévoile l’Ifpen. La norme devrait également « introduire des coefficients de conformité plus stricts sur les tests de conduite en conditions réelles (RDE) » et pourrait « inclure d’autres polluants comme l’ammoniac (NH3), les particules ultrafines (diamètre inférieur à 10 nm), le protoxyde d’azote (N2O) et même les particules émises par les freins. »

Enfin, bien que le prix des carburants ait diminué en 2020 suite à une baisse de consommation due aux confinements, la recharge électrique reste moins coûteuse. Ainsi, en France, les prix de l’essence et du diesel ont reculé respectivement de 10 % et 12 % en 2020 tandis que le tarif de l’électricité a augmenté de 4,5 %, mais la recharge sur une prise domestique demeure trois fois moins chère, à 0,43 euros/leq.