
Avec un étiage équivalent voire supérieur à celui d’avant la crise de 2008, le marché français du VUL a retrouvé ses couleurs. « Au premier semestre, il s’est montré très dynamique à + 5,1 % par rapport à fin juin 2017, avec plus de 240 000 immatriculations en France. Et il devrait se maintenir sur cette tendance dans les prochains mois », résume et anticipe Thibaut Macé, responsable marketing VU France de Renault.
« La tendance est plutôt bonne », confirme Jean Margerie, directeur commercial et marketing de Gruau, lorsqu’il évoque le marché hexagonal du VUL. Et ses confrères et concurrents ne le contrediront pas sur ce point, alors que la...
Avec un étiage équivalent voire supérieur à celui d’avant la crise de 2008, le marché français du VUL a retrouvé ses couleurs. « Au premier semestre, il s’est montré très dynamique à + 5,1 % par rapport à fin juin 2017, avec plus de 240 000 immatriculations en France. Et il devrait se maintenir sur cette tendance dans les prochains mois », résume et anticipe Thibaut Macé, responsable marketing VU France de Renault.
« La tendance est plutôt bonne », confirme Jean Margerie, directeur commercial et marketing de Gruau, lorsqu’il évoque le marché hexagonal du VUL. Et ses confrères et concurrents ne le contrediront pas sur ce point, alors que la plupart des marques profitent de cette embellie. « La projection du marché du VUL en France cette année est estimée à 460 000 immatriculations, soit une évolution de + 5 % par rapport à 2017. Et il est prévu + 1,5 % en 2019 par rapport à 2018, soit 470 000 immatriculations », reprend Jean Margerie.
Pour Jean Margerie, le marché est tiré par les gros VU et les VU transformés, plus particulièrement en raison de la bonne santé du secteur du BTP. « On estime que le marché de la benne 3,5 t va progresser de près de 20 % entre 2018 et 2017 », ajoute ce responsable. Un constat que valide Thibaut Macé pour Renault : « Au premier semestre, le marché a été en partie porté par le segment des fourgons en croissance de près de 8 %. Ce qui traduit un fort regain d’activité, poussé par la bonne santé du BTP. »
L’impact du WLTP
Mais pour quelques constructeurs, la situation n’est pas si simple. C’est vrai de Volkswagen qui subit la mise en place du cycle WLTP, successeur du NEDC. « Avec + 7,7 %, les VU ont piloté la hausse du marché alors que les versions VP (ludospaces, navettes, transport de personnes, etc.) ont accusé une baisse de 1 % », expose Kérim Bournonville, directeur de Volkswagen Véhicules Utilitaires France. Pour Kérim Bournonville, ce repli est consécutif au WLTP, avec à la clé des augmentations générales des niveaux de CO2, qui ont un impact fort sur les décisions d’achat. « Le marché est globalement sain et devrait nous amener à une année record autour de 430 à 435 000 immatriculations. Et 2019 devrait se situer dans des valeurs équivalentes. Mais le marché peut devenir instable pour certains segments en fonction de mesures ou de directives liées notamment à l’environnement ou à la fiscalité », rappelle ce responsable.
Citroën
Le Berlingo en tête d’affiche
« Citroën a gagné plus de 1 point de part de marché par rapport à 2017, entre autres grâce aux bons résultats des Jumpy et Jumper. Quant au Berlingo, à la veille de son remplacement par le prochain modèle, il est resté numéro 2 du marché », détaille Hugues de Laage de Meux. Le directeur de PSA Corporate Sales France espère beaucoup du lancement de ce nouveau Berlingo pour parvenir « à améliorer les résultats de la marque sur la fin de l’année et l’année prochaine. »
« Le Jumpy nous a conduits à enregistrer une montée en gamme de nos clients vers les niveaux 2 et 3 : environ 70 % des clients optent pour la version haut de gamme Blue HDi 180 ch et BVA. Nous visons exactement la même chose avec le prochain Berlingo qui, en plus, se distingue par sa composition de gamme avec des finitions en fonction du type d’activité », anticipe Hugues de Laage de Meux.
Citroën, au travers de son nouveau label de distribution La Manufacture, va également renforcer son attractivité auprès des clients professionnels, par exemple avec les véhicules carrossés et des services. Citroën compte actuellement 92 points de vente destinés aux professionnels, en complément des concessionnaires classiques eux aussi aptes à vendre des VUL.

Fiat Professional
La Tipo et le Fiorino
À fin septembre et sur les neuf premiers mois de 2018, Fiat Professional est en forme. « Tous les segments progressent en volume et surtout les produits de plus de 5 m3 (2P à + 7,8 % et 2G à + 8,8 %). Nous constatons aussi un net ralentissement de la croissance des pick-up à + 2,5 %. Et seul le segment 1A recule (commerciales) à – 6 % », analyse Fiat Professional. Ses résultats positionnent le constructeur comme quatrième acteur en France et première marque de VUL importés à fin septembre.
À la fin du premier trimestre, Fiat a introduit au tarif la Tipo commerciale 5 portes équipée d’un bac Novetud et reconvertible en 5 places. Avec à la clé un bond de 50 % en volume sur ce segment, malgré la baisse globale des immatriculations de ce type de véhicules. Et Fiat Professional continue de mettre en avant le Fiorino : « Ce modèle gagne près de 23 % à fin septembre sur un segment en retrait de 1 %. Ce résultat est dû au succès remporté par la version essence qui pèse aujourd’hui plus de 50 % du mix », commente-t-on chez Fiat Professional.

Ford
En plein Transit
Pour Ford, 2018 et 2019 se veulent un enjeu essentiel dans la mesure où le constructeur aura, durant ce laps de temps, entièrement revu sa gamme de VU, y compris avec la dernière Fiesta Affaires. Ford a dévoilé il y a un peu moins d’un an son Transit Custom restylé, puis vient à peine de lancer ses derniers Transit Courier et Custom. Et le constructeur a levé le voile, à l’occasion du dernier IAA de Hanovre, sur ses Transit 2T mild hybrid et Custom hybride rechargeable PHEV.
« À fin septembre, les ventes des Transit Custom, 2T et du Ranger ont crû respectivement de 8,51, 10,34 et 2,76 % », rappelle Hervé Rollet, directeur véhicules utilitaires de Ford France. Le lancement des nouveaux Courier et Connect devrait permettre à ces modèles de retrouver des niveaux de ventes satisfaisants.
À noter que les versions carrossées sont un axe de développement pour Ford. En début d’année, la marque a notamment lancé une benne aluminium à destination des paysagistes. D’autres modèles carrossés sont en cours d’étude ou de réalisation et intégreront le catalogue prochainement ; c’est le cas des véhicules frigorifiques ou des ambulances et des véhicules TPMR. Enfin, pour mémoire, les Transit Centers spécialisés dans la vente de VU sont au nombre de 75 sur 350 points de vente en France.

Gruau
La carte de l’innovation
Directeur commercial et marketing de Gruau, Jean Margerie juge la performance de sa marque « plus que satisfaisante » depuis le début de l’année. « Sur le marché des véhicules frigorifiques, avec notre approche d’hyper-spécialiste, entre autres sur le médical, nous avons fait quelques très belles réalisations et nous sommes le premier carrossier certifié Certicold Pharma », souligne ce responsable.
Jean Margerie met aussi en avant des systèmes tels que le SimplyCold, présenté lors de l’IAA de Hanovre. « Ce système de froid autonome fonctionne avec de la neige carbonique obtenue via du CO2 recyclé, ce qui évite le recours à des gaz ou des fluides frigorigènes beaucoup plus néfastes pour l’environnement. Outre l’aspect écologique et le très faible impact sur le coût d’usage du véhicule, cette innovation aligne d’autres avantages dont la régulation des températures dans les compartiments, le gain de masse et des entretiens en exploitation significativement réduits. Et du fait de sa compacité et de son faible poids, SimplyCold s’adapte à la plupart des VU de 3,5 t », argumente le dirigeant.

Des VUL au régime sec
En parallèle, l’équipementier poursuit son travail d’optimisation de la charge utile, face à des véhicules qui ne cessent de prendre du poids. « Chez Labbé par exemple, les évolutions techniques viennent principalement des panneaux plus légers, des planchers constituant la base de la carrosserie, des hayons élévateurs ou encore de l’acier HLE (robustesse et optimisation du poids) », détaille Jean Margerie. Cette démarche s’applique aussi dans le secteur de la benne avec la dernière benne aluminium à la structure autoportante qui divise par deux le poids des équipements, en comparaison des produits en acier. Concluons avec le réseau Gruau qui compte 125 partenaires en Europe et continue de s’étoffer avec les premiers partenaires de Gruau Deutschland.
Iveco
Le Daily en pleine forme
Pour Iveco, avec une hausse des ventes de 11,6 % sur l’année depuis janvier, le marché des 3,5 à 7 t a atteint un « record » à 67 322 unités à fin août 2018. « Il faut surtout retenir que le niveau du marché de 2008 sera rejoint, voire dépassé cette année. Le dernier trimestre restera probablement sur cette tendance alors que le marché pour 2019 est plus incertain mais devrait rester élevé », anticipe-t-on chez le constructeur italien. Dans ce contexte, la part de marché d’Iveco a progressé et atteint des chiffres jamais égalés depuis près de dix ans, à 17,9 % à fin septembre 2018, contre 17,2 % à fin septembre 2017. La répartition des ventes entre grands comptes et réseau est demeurée stable à 60 %-40 %, avec une croissance forte de 26 % du côté des grands comptes.
En avant-première à l’IAA de Hanovre, Iveco a présenté la nouvelle gamme Daily 4×4. Cette offre, déclinée pour la première fois en fourgon et châssis-cabine, peut aller jusqu’à 7 t avec une charge utile de 4 300 kg. Enfin, le constructeur poursuit le développement de son réseau avec trois ouvertures de site à Nevers, Nîmes et Orléans.

Mercedes
La mise sur le nouveau Sprinter
À fin juin, les ventes de Mercedes évoluaient ainsi : Classe X 176 immatriculations ; Citan 703 (- 24 %), Vito et Classe V 5 427 (+ 10 %), Sprinter 5 717 (+ 10,2 %), soit au cumul 12 023 véhicules écoulés (+ 6,2 %). « Sur les six premiers mois de l’année, nous avons observé une meilleure tenue des Vito notamment en version traction, et des livraisons très dynamiques de l’ancienne génération de Sprinter. Sur un marché monopolisé à plus de 80 % par les marques françaises, le Citan en fin de cycle de vie baisse logiquement », explique Harry Salamon, directeur général de Mercedes-Benz Vans France.
À fin septembre, la marque a enregistré un recul de 5,5 % de ses ventes sur tous ses modèles, hors Classe X, avec 15 294 immatriculations. « Suite à l’action liée aux émissions menée par le KBA, l’autorité fédérale allemande d’homologation, nous avons subi en France un blocage des immatriculations d’une grande partie de la gamme (Vito fourgon et Tourer, Classe V et anciens Sprinter), et ce entre fin mai et mi-septembre. Cela a cassé la très bonne dynamique que nous avions jusqu’à mai sur les segments S2 et S3 », relate Harry Salamon.

Une rupture en milieu d’année
Harry Salamon souligne en revanche que le nouveau Sprinter lancé en juin « part très bien » et ambitionne pour la marque le chiffre global de 25 000 ventes annuelles à moyenne échéance en France. À noter qu’en 2019, 100 % de la gamme du Sprinter, dont les versions 4×4, seront disponibles.
Mercedes poursuit aussi le déploiement des services connectés Mercedes Pro (gestion de flotte, éco-conduite, maintenance prédictive, etc.), dont certains sont gratuits jusque l’an prochain avec le dernier Sprinter équipé de série du boîtier Hermes.
Dans le réseau, la marque lance en ce moment son label VO Mercedes-Benz Certified (jusqu’à 24 mois de garantie, échange sous 10 jours, connectivité, etc.) et des offres carrossées « prêt-configuré » plus faciles à assimiler par les vendeurs. Enfin, le label Van Pro Center concernera 60 % des distributeurs français à terme pour 80 % du volume.
Opel
Le Combo Cargo arrive
Sur les trois premiers trimestres de 2018, Opel s’affiche en repli de 0,5 point, notamment suite à la réduction des immatriculations en location courte durée via la grande distribution. L’ambition de la marque est de revenir au quatrième trimestre a minima à sa part de marché de 2017, avec le lancement progressif du dernier Combo. « Le Combo Cargo doit nous permettre de revenir dans la course sur un segment qui pèse près d’un tiers du marché du VU. Le prochain Vivaro sera également un lancement majeur de la gamme VU, et sera fabriqué dans l’usine de Luton au Royaume-Uni », anticipe-t-on chez Opel. À souligner : en 2017, ce site de Luton a fabriqué 60 000 Vivaro Opel-Vauxhall. L’installation de la nouvelle plate-forme EMP2 du Groupe PSA portera la capacité de production annuelle à 100 000 véhicules par an.
Depuis le début du second semestre, l’ensemble du réseau Opel (concessionnaires et agents) est désormais capable de proposer et de réparer des VU. Une évolution qui renforce la densité du réseau et ramène à une vingtaine de minutes le temps pour rejoindre un point de service Opel. « Pour nous, c’est un élément très important dans un marché où la proximité constitue une attente forte », conclut-on chez Opel.
Peugeot
Partner et gamme Utility
Sur les huit premiers mois de 2018, Peugeot affiche une croissance de + 6,5 %, qui s’explique entre autres « par l’augmentation des ventes auprès des PME, PMI et artisans, davantage travaillés par le réseau Peugeot, avance Hugues de Laage de Meux, directeur de PSA Corporate Sales France. L’Expert a enregistré une hausse de 20 % de ses ventes avec une montée en gamme de nos clients vers les motorisations et finitions haut de gamme, le Boxer progresse bien et le Partner a encore très bien fonctionné malgré son arrivée en fin de vie et le lancement proche du nouveau modèle », complète ce responsable.
Peugeot poursuit le déploiement de sa gamme de véhicules carrossés Utility avec une exposition de ce type de modèles transformés dans le réseau Peugeot Professionnel qui réunit 92 points de vente spécialisés. Hugues de Laage de Meux compte aussi s’appuyer sur le lancement du nouveau Partner, avec sa composition de gamme par métiers, pour améliorer les performances de la marque. « L’approche de PSA est pragmatique : nous avons besoin des grands comptes pour les volumes et des PME-PMI pour associer résultats économiques et VU », explique ce dirigeant.

Renault
Un réseau pro
« À fin juin 2018, nous placions trois véhicules sur le podium, avec le Kangoo (VUL le plus vendu en France) devant la Clio et le Master. Au 30 juin, le Kangoo représentait 33,8 % du segment des fourgonnettes, le Trafic 28,9 % de celui des petits fourgons, et le Master 25,9 % de celui des gros fourgons », expose Thibaut Macé, responsable marketing VU France.
À destination des clients professionnels, et notamment des artisans et commerçants, un nouveau pack M.O.F. (Meilleurs Ouvriers de France) sera disponible très prochainement sur le Trafic. Depuis l’année dernière, Renault a en outre lancé son réseau Renault Pro+ Premium. Ce réseau de spécialistes dédiés garantit entre autres une révision en 1 heure, des horaires d’atelier élargis et des VUL de remplacement de catégorie équivalente. Ce dernier service évite ainsi au client professionnel qui arrive avec son VU de repartir avec un véhicule qui ne correspond pas à son besoin du quotidien, en cas d’immobilisation ou de surcroît d’activité. Renault Pro + Premium compte à ce jour une centaine de sites à travers la France.

Toyota
Une année de conquête
À fin août dernier par rapport à la même période de 2017, Toyota a enregistré une augmentation de ses ventes de VU (hors dérivés VP) de + 26 %, après + 40 % en 2017. Pour Arnaud Martinet, responsable du département ventes sociétés et véhicules d’occasion, ces résultats sont dus à une stratégie de croissance de Toyota France sur le marché des sociétés, et en particulier sur le VU qui pèse 20 % des objectifs. « Après des problèmes d’approvisionnement, le Hilux a gagné 7 % sur un segment à + 8 %, alors que le Proace a bondi de 78 % en 2018 sur un segment à + 6 %. Toyota a pour ambition de poursuivre sa progression à la fois sur le pick-up en reprenant la place de leader, et sur le fourgon en installant le Proace comme offre majeure du segment », détaille Arnaud Martinet.
Pour la marque, 2018 se veut aussi une année de conquête qui passe par plus de visibilité, de formations, d’actions, et par le travail avec les carrossiers. Avec 40 vendeurs sociétés recrutés, Toyota compte en parallèle poursuivre la densification du réseau pour l’expertise sociétés. « Cela s’inscrit dans cette démarche d’expertise et de proximité voulue au travers de Toyota Business Plus. Avec pour la clientèle professionnelle des services d’après-vente (entretien Duotech en 1 heure) et des solutions de financement, le tout au sein d’un réseau couvrant l’ensemble du territoire », conclut Arnaud Martinet.
Volkswagen Véhicules Utilitaires
L’effet WLTP
Au premier semestre 2018, Volkswagen VU a enregistré une croissance de + 0,92 %, soit + 4,15 % en utilitaires VU et – 16,55 % en utilitaires VP. « Les immatriculations sont en conformité avec nos objectifs quoique fortement impactées par l’effet WLTP et des retards d’homologation qui perturbent nettement l’activité. Notre portefeuille de commandes est en revanche très important et nous permettra d’enregistrer de meilleures performances dès que les retards d’homologation seront résorbés », analyse Kérim Bournonville, directeur de Volkswagen Utilitaires France. Le Caddy a vu ses ventes baisser de 14,5 %, le Transporter est resté stable, le Crafter a progressé de 22,4 % et l’Amarok de + 10,7 %. Volkswagen va déployer les premiers exemplaires d’e-Crafter en fin d’année et le Combi Crafter début 2019. « Le réseau est stable mais nous réfléchissons bien entendu à l’adapter en permanence aux défis de demain, notamment l’électrique et le loisir », complète Kérim Bournonville.

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