« Depuis le début janvier 2012, nous avons intégré une Renault Fluence Z.E. à notre flotte », indique la directrice déléguée au développement durable du centre hospitalier (CH) de Valenciennes, Marie-Cécile Vandendael. « Elle est employée pour les trajets correspondant à 120 km aller-retour, par exemple les visites à l’agence régionale de santé ou au CHRU de Lille, destinations qui font l’objet de fréquents déplacements », poursuit-elle.
Si cette Fluence Z.E. illustre la volonté de généraliser l’usage de l’électrique – le CH de Valenciennes prévoit d’en intégrer plusieurs dans son appel d’offres l’année prochaine –, elle témoigne aussi de l’ouverture à un nouveau mode d’organisation. Au départ destinée au directeur du centre, la voiture est proposée aux autres utilisateurs. De fait, les gestionnaires de flotte peuvent encore ajouter une vertu aux modèles électriques : leur capacité à vaincre les résistances des personnels à mettre les véhicules en pool.
Venir à bout des résistances et des habitudes
Ces résistances sont bien connues, comme la réticence de certains agents à se voir déposséder de leur véhicule, qui s’accroît souvent au fur et à mesure que l’on progresse dans les échelons de la hiérarchie. Cet attachement à « son » véhicule peut aussi se manifester par une difficulté de le partager pour un trajet : « Nous faisons la guerre aux véhicules qui roulent pour rien, confie anonymement un responsable du parc d’une ville du Sud de la France. Nous essayons de mutualiser les voitures quand un service fait un déplacement, avec un véhicule au lieu de deux pour deux personnes qui se rendent au même endroit. »
Pour assurer le succès de ce mode de gestion partagée auprès des agents, une période de transition s’impose avec une phase de test dans quelques services. Autre clé de la réussite, une charte pour encadrer les usages. À Rennes, celle-ci a été établie en douze points : de la déclaration des problèmes sur les véhicules dès le retour à l’interdiction des usages personnels ou l’obligation de faire le plein au moins au quart du réservoir.
Si la communication est importante pour délimiter le mode d’utilisation, elle l’est aussi pour continuer à promouvoir le dispositif une fois celui-ci mis en place.
L’auto-partage pour diminuer la taille des parcs
Au conseil régional de Poitou-Charentes, la flotte est passée en 2008 d’une douzaine de véhicules à une centaine aujourd’hui. Un pool de douze véhicules a été établi pour 700 agents de la collectivité mais des dysfonctionnements persistent. « Les nouveaux agents n’ont pas le réflexe de consulter notre système de réservation interne et font des demandes de location courte durée pour leurs déplacements », déplore France Mimault, la gestionnaire du parc de la région. Un dysfonctionnement dont le coût vient obérer les économies générées par la mise en pool.
À Rennes, l’auto-partage a été lancé en 2005. Le coût du logiciel et du système de boîte à clés a été estimé à 13 000 euros pour les trois parkings équipés. Mais simultanément, « nous avons supprimé 26 véhicules du pool et plus récemment une dizaine d’utilitaires légers. De plus, le kilométrage moyen est remonté de moins de 5 000 km à environ 7 000 », relate Philippe Denis, responsable du service parc automobile.
Les collectivités ne sont pas plus unanimement prêtes à se tourner vers les offres d’auto-partage commercialisées par des prestataires de location. Du côté de l’Ugap, on constate que ces solutions sont rarement sollicitées. « Dans le secteur public, une grande partie des flottes n’est sans doute pas adaptée », note Jean-Marc Borne, chef du département véhicules de la centrale d’achats. En cause : des services éparpillés qui ne facilitent pas la mise en commun des véhicules.
Partager l’auto-partage avec le grand public
Mais surtout, une autre solution se profile pour les collectivités et les administrations : celle des voitures en auto-partage… proposées dans les villes. « Nous pratiquons la mise en pool des véhicules mais nous recourons aussi à des véhicules Idelib, l’auto-partage en libre-service de la ville », explique Marc Jubaul-Breger, président du syndicat mixte de traitements des déchets (SMTD), en charge du développement durable à la mairie de Pau. « Pour le SMTD, Idelib a de fait évité de renouveler deux véhicules. Avec un coût d’environ 200 euros par mois, l’économie réalisée est considérable par rapport à l’achat. Et en plus, nous économisons sur le stationnement », précise le responsable.
Comme dans de nombreuses collectivités, la ville de Pau est partie prenante dans le réseau de voitures en auto-partage. Pour la préfecture des Pyrénées-Atlantique, cela s’est fait à travers la communauté d’agglomération qui participe au syndicat mixte des transports urbains Pau porte des Pyrénées, ce dernier supervisant lui-même le réseau Idelib.
La plupart du temps, les sociétés d’auto-partage sont constituées sous forme de SCIC : des SARL ou SA à but d’intérêt collectif dans lesquelles les collectivités prennent des parts, jusqu’à hauteur de 20 %. À Besançon, le capital de la SCIC Autocité est réparti entre salariés, usagers, porteurs du projet, exploitants de sociétés publiques de transport, ainsi que des partenaires publics et privés. Ces montages financiers ont pour résultat de contribuer au développement de l’électrique comme de l’auto-partage.
En Poitou-Charentes, la région a acheté une centaine de véhicules électriques : la plupart pour le réseau en auto-partage public qu’elle a créé, Poitou-Charentes Auto-Partage, mais six d’entre eux vont rejoindre le pool destiné aux agents de la région. Et si le développement de l’électrique se trouve conforté par ces initiatives, l’auto-partage pourrait lui y trouver un véritable tremplin, alors que les prestataires privés ont encore du mal à l’imposer sur le marché.