
Début 2020, le monde du véhicule d’entreprise était dans l’expectative. Les constructeurs avaient déjà revu ou prévoyaient de revoir leurs modèles et motorisations, quand ils n’en avaient pas déjà lancé de nouveaux. Au sein des catalogues, les véhicules étaient désormais conçus pour s’ajuster au cycle WLTP devenu l’étalon de la fiscalité. Ils devaient aussi s’inscrire dans les objectifs de la réglementation européenne CAFE qui fixe aux constructeurs un seuil moyen d’émissions pour les véhicules neufs vendus dans l’année. Autre contrainte pour les modèles mis sur le marché : afficher les caractéristiques nécessaires pour s’adapter dans les...
Début 2020, le monde du véhicule d’entreprise était dans l’expectative. Les constructeurs avaient déjà revu ou prévoyaient de revoir leurs modèles et motorisations, quand ils n’en avaient pas déjà lancé de nouveaux. Au sein des catalogues, les véhicules étaient désormais conçus pour s’ajuster au cycle WLTP devenu l’étalon de la fiscalité. Ils devaient aussi s’inscrire dans les objectifs de la réglementation européenne CAFE qui fixe aux constructeurs un seuil moyen d’émissions pour les véhicules neufs vendus dans l’année. Autre contrainte pour les modèles mis sur le marché : afficher les caractéristiques nécessaires pour s’adapter dans les années à venir aux contraintes renforcées d’accès aux centres urbains, avec la multiplication des projets de zones à faible émission mobilité (ZFE-m).
L’impact de la crise sanitaire
L’incertitude était d’autant plus prégnante pour les constructeurs que nombre d’entre eux misaient sur les entreprises pour soutenir leurs ventes dans un marché automobile global annoncé à la baisse en début d’année. C’était sans compter la crise sanitaire. L’incertitude a alors laissé place à l’inattendu. Et les répercussions de cette situation inédite se sont fait sentir aussi bien sur la demande des entreprises que sur les capacités de production.
La pandémie a de fait bousculé les lancements de nouveaux produits et durement touché les volumes de ventes. Quelques chiffres avancés par l’Arval Mobility Observatory : « Avec 253 jours ouvrés (contre 251 en 2019), le nombre d’immatriculations réalisées par les entreprises, les administrations et les loueurs longue durée a atteint 755 223 VP et VUL en 2020, en recul de 16,51 %. C’est 7,3 points de mieux que le marché automobile français dans son ensemble, lequel affiche un repli de ses immatriculations de 23,81 % sur la même période. » Pour information, les ventes totales de VP et de VUL dans l’Hexagone ont atteint l’an passé 1 952 404 immatriculations. Pour en revenir au marché des entreprises, ce sont donc « 149 376 immatriculations de VP et de VUL qui auront manqué à l’appel en 2020 pour faire aussi bien que le marché en 2019 », poursuit l’Arval Mobility Observatory.
Avec des usines à l’arrêt lors du confinement, puis grippées par les incontournables mesures de prévention lors de leur reprise d’activité, les constructeurs n’ont pas non plus toujours été en mesure de fournir aux entreprises les modèles attendus.
« En 2020, nous avons eu deux lancements majeurs, la dernière Leon et l’Ateca dont les ventes sociétés représentent plus de 50 % du volume. Des motorisations ont manqué au lancement, pénalisant les résultats commerciaux durant la période estivale », indique Sébastien Daudier. Ce chef du département opérations de Seat annonce une baisse globale de 28 % des ventes de la marque en 2020.
Marché des entreprises 2020 – VP + VU
Mois | VP | VP (cumulé) | VUL | VUL (cumulé) | Total | Total (cumulé) |
---|---|---|---|---|---|---|
Janvier | 35 077 | 35 077 | 25 416 | 25 416 | 60 493 | 60 493 |
Février | 45 397 | 80 474 | 30 129 | 55 540 | 75 526 | 136 014 |
Mars | 17 956 | 98 430 | 12 753 | 68 297 | 30 709 | 166 727 |
Avril | 6 039 | 104 469 | 5 656 | 73 953 | 11 696 | 178 422 |
Mai | 24 181 | 128 650 | 19 977 | 93 832 | 44 058 | 222 482 |
Juin | 46 381 | 175 031 | 35 122 | 128 964 | 81 503 | 303 995 |
Juillet | 44 804 | 222 986 | 28 538 | 159 875 | 73 342 | 382 861 |
Août | 28 101 | 251 087 | 19 176 | 179 051 | 47 277 | 430 138 |
Septembre | 48 002 | 299 089 | 32 435 | 211 484 | 80 437 | 510 573 |
Octobre | 50 238 | 349 327 | 31 161 | 242 640 | 81 399 | 591 967 |
Novembre | 43 296 | 393 253 | 29 394 | 272 033 | 73 320 | 665 286 |
Décembre | 55 236 | 448 489 | 34 701 | 306 734 | 89 937 | 755 223 |
Source : Arval Mobility Observatory |
Parts de marché des énergies dans les ventes de VL en entreprise en 2020
Trimestre | Diesel | Essence | Hybride | Électrique |
---|---|---|---|---|
T1 2020 | 69,62 % | 19,18 % | 6,80 % | 4,17 % |
T2 2020 | 69,23 % | 19,41 % | 7,36 % | 3,79 % |
T3 2020 | 68,91 % | 18,97 % | 8,32 % | 3,35 % |
T4 2020 | 67,62 % | 18,54 % | 9,58 % | 3,94 % |
Après des années de croissance continue, le marché du véhicule d’entreprise a reculé de 16,51 % en 2020 par rapport à 2019, pour un total de 755 223 immatriculations de VP et de VUL. Et si le diesel reste prédominant, l’hybride (simple et rechargeable) et l’électrique accroissent leur part de marché. Source : Arval Mobility Observatory |
Des lancements retardés
« En 2020, nous avons souffert du décalage des lancements de produits comme les Jeep hybrides rechargeables prévues au deuxième trimestre, pareillement avec le lancement reporté de septembre à décembre de la Fiat 500 électrique », illustre Nicolas Sioufi, directeur marketing FCA Fleet & Business.
Car pour renouveler les flottes, sans être trop impacté par les nouvelles grilles fiscales, les entreprises n’attendaient pas seulement des véhicules électrifiés mais aussi des modèles aux motorisations performantes en termes d’émissions. « Nous avons dû nous adapter aux comportements d’achat des entreprises cette année, avec de nombreux changements. La crise sanitaire et les politiques de développement durable ont influé sur les comportements d’achat, retrace Aymeric Scheidecker, directeur ventes aux entreprises chez BMW. Dans le cadre de la transition énergétique, il y a eu une tendance forte de nos clients et partenaires à s’orienter vers l’électrique. Auprès des entreprises, les ventes de véhicules électrifiés ont progressé de 98 % chez BMW et de 54 % chez Mini », constate-t-il.
Sur ce segment premium, les constructeurs qui n’offraient pas les motorisations adéquates ont traversé une année difficile. « Chez Jaguar, nous avons manqué d’hybrides rechargeables (PHEV). Une motorisation qui nous permet de percer sur le marché professionnel. Nous regarnissons le carnet de commandes depuis la commercialisation effective des E-Pace et F-Pace en PHEV depuis la fin 2020 », rappelle Fabien Noël, nouveau directeur des ventes corporate de Jaguar Land Rover.
DS Automobiles (Groupe PSA), qui commercialise cette motorisation PHEV sur son DS 7, a à l’inverse obtenu de bons résultats en 2020. « La marque a gagné 0,3 point de part de marché sur le VP BtoB. Sur le marché premium, nous sommes en croissance, nous dépassons les 11 % de parts de marché, avance Hugues de Laage de Meux, directeur de PSA Corporate Sales. Le DS 7 Crossback a bien fonctionné avec de bons résultats en PHEV et en versions E-Tense qui pèsent plus de 35 % des ventes. »
PHEV ou pas PHEV
Toujours sur le segment premium, Volvo Car France a aussi affiché de « bons » résultats à l’aune de l’année écoulée. « Hors courte durée, nous avons atteint 8 000 immatriculations en 2020, soit – 11 % par rapport à 2019 dans un marché en repli de 17 % », rapporte Nathalie Davenne, Une performance que cette responsable ventes entreprises explique « par la disponibilité de motorisations hybrides rechargeables sur chaque modèle. Nous correspondons à la demande du marché. Les modèles XC pèsent 80 % de nos volumes : le XC60 occupe la première marche du podium du D SUV premium en LLD, les XC90 et le XC40 sont respectivement deuxième et premier sur leur podium. »
À côté des marques premium, les constructeurs asiatiques ont également profité de la disponibilité de leurs hybrides pour accroître leurs parts de marché auprès des entreprises. « Les grands comptes ont ouvert les car policies à d’autres constructeurs pour voir ce qui se faisait, notamment dans l’électrique », constate Olivier Lécluse, responsable des ventes flottes de Mazda. En 2020, le constructeur annonce 73 % d’immatriculations auprès des entreprises, réalisées avec des véhicules hybrides et électriques, principalement grâce à des modèles comme la Mazda2, la Mazda3, le CX-30 et le MX-30 100 % électrique.
Des constructeurs challengeurs
« Nous proposons dorénavant deux véhicules 100 % électriques et quatre PHEV. Ils nous servent de cheval de Troie pour entrer dans les car policies », expose pour sa part Guillaume de Boudemange, directeur des opérations commerciales du coréen Kia. « Par rapport à nos modèles PHEV, nous avons de plus en plus de concurrents mais nous gardons notre statut de pionnier », estime-t-il.
Même satisfaction sur le résultat des motorisations alternatives chez Toyota dont quatre modèles se positionnent aux quatre premiers rangs des ventes aux entreprises dans la catégorie des hybrides non rechargeables. « Les principaux moteurs de nos résultats ont été la Corolla hybride, le C-HR hybride et l’Aygo qui ont pesé à eux trois 44,1 % des immatriculations en 2020. Lancée en septembre dernier, la Yaris “Origine France Garantie“ a aussi réalisé une très bonne performance avec 10 527 immatriculations dont 9 422 en hybride, soit 90 % des ventes », détaille Thomas Gérard, chef du département ventes sociétés et véhicules d’occasion de Toyota et Lexus France.
La carte des motorisations alternatives
Toujours chez les constructeurs asiatiques, Hyundai a affiché une croissance insolente l’an passé. « Avec les immatriculations entreprises, en retirant les professions libérales, le marché global a diminué de 17,5 % alors que nous avons progressé de 42 % », se satisfait Dominique Gobin, directeur ventes flottes et véhicules d’occasion. Un chiffre qui doit s’apprécier à la mesure de la présence du constructeur sur un marché des véhicules d’entreprise qui a pesé 14 % de ses ventes en 2020, soit 8 100 unités. « Les ventes des différentes motorisations de Kona, thermique, hybride et électrique, ont atteint environ 3 200 unités ; et le Kona hybride a généré 1 300 ventes pour sa première année. Cela montre l’évolution d’un marché des entreprises fortement diesel il y a quelques années, vers un marché avec des ventes d’hybrides significatives », conclut Dominique Gobin.
Dossier- Ventes sociétés 2021 : vers un rebond électrique ?
- Ventes sociétés – 2020 : entre crise et transition énergétique
- Véhicules utilitaires : le courant passe
- Captives : à la conquête des professionnels
- Réseaux : la proximité pour un meilleur conseil
- Ventes sociétés 2021 – Superéthanol et GNV : les autres solutions
- Des véhicules statutaires 100 % électriques