
Pour le marché du vitrage, les années passent mais la tendance demeure inchangée : une décrue en volume et une hausse en valeur due entre autres à l’apparition des ADAS (aides à la conduite). Avec, à la clé, des pare-brise plus technologiques, mais aussi plus grands qu’auparavant et donc plus chers, à l’acquisition comme au remplacement et à la réparation. En outre, la forte inflation qui touche l’ensemble de l’industrie automobile est largement perceptible dans le domaine du vitrage, très consommateur d’énergie pour la fabrication. Et la première partie de 2023 ne dément pas cette tendance, avec « des pics et des creux très forts, difficiles...
Pour le marché du vitrage, les années passent mais la tendance demeure inchangée : une décrue en volume et une hausse en valeur due entre autres à l’apparition des ADAS (aides à la conduite). Avec, à la clé, des pare-brise plus technologiques, mais aussi plus grands qu’auparavant et donc plus chers, à l’acquisition comme au remplacement et à la réparation. En outre, la forte inflation qui touche l’ensemble de l’industrie automobile est largement perceptible dans le domaine du vitrage, très consommateur d’énergie pour la fabrication. Et la première partie de 2023 ne dément pas cette tendance, avec « des pics et des creux très forts, difficiles à gérer », selon Frédéric Fourgous, directeur général de l’enseigne Actiglass.
Pour leur part, les flottes font preuve d’une vigilance accrue face à la hausse constante des prix du vitrage. Et selon les prestataires, le vitrage commence désormais à être considéré pour ce qu’il coûte : autrefois noyé dans le calcul du TCO auquel il participe plutôt à la marge, le voilà qui suscite, comme l’ensemble des postes de l’après-vente automobile du reste, l’attention non plus seulement des gestionnaires de flotte centrés essentiellement sur le service apporté en matière de bris de glace, mais aussi celle des acheteurs.
Le vitrage a un coût
Face à ces attentes des professionnels, les enseignes ont peu de latitude. « Nos prix d’achat ont beaucoup augmenté », rappelle Frédéric Fourgous pour Actiglass, en estimant cette augmentation à 16 % environ, quand Sébastien Saubesty, responsable commercial grands comptes de l’enseigne Mondial Pare-Brise, évoque jusqu’à 25 % de hausse. Ces prix sont ceux du vitrage mais il faut aussi tenir compte du coût des autres pièces et des colles dont les prix ont augmenté de façon plus modérée, soit de 7 ou 8 %, d’après Marie-Pierre Tanugi de Jongh, P-DG du réseau A+ Glass. Mais toutes ces hausses sont répercutées jusqu’à un certain degré sur les clients. « Il y a un mécontentement auquel il faut faire face, note Rodolphe Noulin, directeur du réseau Speedy. Les fabricants posent leurs prix sur le marché et cette réalité s’impose à tous. Il faut donc la traduire auprès des clients qui y sont eux-mêmes confrontés dans leur métier. Pour notre part, nous essayons de maintenir notre équation économique en conservant notre capacité d’investissement », poursuit ce responsable.
Pour Stéphane Saubesty chez Mondial Pare-Brise, préserver la rentabilité de l’activité reste indispensable : « Face à la forte hausse des prix d’achat, nous nous montrons plus stricts et nous avons revu des conditions à la baisse. Certes, les flottes que nous refusons trouvent les tarifs qui les intéressent ailleurs, car il existe de nombreux acteurs dans le bris de glace. Ce qui peut se faire localement mais pas au niveau national », prévient ce responsable.

Marché du vitrage : préserver la rentabilité
En gros, les prestataires du vitrage semblent avoir plus de mal à proposer de fortes remises, car les marges ont forcément souffert des différentes hausses tarifaires sur le marché. « Mais on réalise encore des marges dans ce métier », tient à préciser Frédéric Fourgous pour Actiglass. Cela étant, toujours selon Frédéric Fourgous, les prestataires qui travaillent avec les assureurs sont obligés d’offrir des remises significatives… Mais leur marge de manœuvre se fait d’autant plus étroite que ces prestataires ont dû beaucoup investir pour s’adapter aux mouvements de fond du marché automobile, entre l’arrivée des ADAS et celle des motorisations « vertes ».
Certes, il y a aussi des progrès technologiques du côté des prestations de réparation : pour A+Glass, Marie-Pierre Tanugi de Jongh évoque à ce sujet un matériel capable d’intervenir sur trois véhicules simultanément. Quelques centres Speedy ont également investi dans ce nouveau matériel. Mais les deux enseignes soulignent qu’il s’agit d’un gros investissement. Et sans doute faudra-t-il attendre avant d’obtenir de véritables économies d’échelle qui apporteront un peu d’oxygène dans la construction des tarifs.
Pour maîtriser au mieux le budget lié au vitrage, le seul véritable levier aux mains des gestionnaires de flotte et des prestataires sur le marché reste la prévention, soit des bris de glace évités et le recours à la réparation plutôt qu’au remplacement des pare-brise. Un levier connu de tous, bien que le taux de réparation progresse mais reste faible. « Chez nous, il est passé de 23 à 26 % entre janvier et juillet de cette année », révèle Simon Desbois, directeur des marchés entreprises du réseau Carglass. Un chiffre élevé d’après ce responsable quand, toujours selon lui, les autres prestataires ne dépassent en général pas les 15 %.
La prévention, encore et toujours
Les causes de ce faible taux de réparation sont bien connues : les professionnels font moins attention à leur véhicule que les particuliers, et le message de la réparation reste toujours difficile à faire passer. D’où des idées originales. Carglass met ainsi en avant différents outils depuis plusieurs années, dont des vidéos de sensibilisation. Ce prestataire a aussi lancé en parallèle une « éco-calculette » : le gestionnaire de flotte peut alors évaluer la réparation de pare-brise du point de vue économique, mais aussi du point de vue des émissions de carbone. « Le remplacement, c’est plus de vitrage donc plus d’énergie produite, c’est aussi plus de transport », souligne Simon Desbois.
Et termes de prévention, il reste toujours les visites de parc par les enseignes, avec une demande en hausse sur le marché depuis l’an dernier selon plusieurs prestataires du vitrage. Et ce, malgré les freins inhérents à cette offre. « C’est intéressant à partir du moment où il y a un certain nombre de véhicules présents sur un site donné. Mais rassembler autant de véhicules demeure parfois compliqué », pointe Rodolphe Noulin, pour Speedy. Et cela demande de l’organisation, « par exemple de prévoir un calendrier des interventions sur site en fonction du contrôle technique », complète Marie-Pierre Tanugi de Jongh, pour A+ Glass. Néanmoins, prévenir en identifiant puis en réparant les impacts sur les pare-brise génère de vrais gains. Rappelons-le, réparer un pare-brise coûte entre 80 et 100 euros, le remplacer près de 800 euros. Et cela participe aussi de la sécurité sur la route.
Évidemment, le gain se fait encore plus flagrant quand la prévention touche d’autres aspects du véhicule, comme la pression des pneus – des prestations que peuvent assurer les enseignes aux compétences élargies, à l’image de Speedy ou Point S. Mais les spécialistes du bris de glace ne sont pas en reste grâce à des partenariats noués avec d’autres enseignes.
Réparer sur site ?
Une prestation d’intervention sur site se fait essentiellement pour prévenir et réparer. Mais des conditions doivent être réunies pour la mener à bien, conditions qui deviennent drastiques quand les pare-brise s’équipent d’ADAS. Car nombre de constructeurs imposent des règles précises pour de telles interventions, règles qui, bien souvent, ne peuvent s’appliquer qu’en atelier. Et si des enseignes parviennent à réunir les bonnes conditions sur place (un sol plat, suffisamment d’espace et un éclairage adéquat), cette réparation sur site reste minoritaire.
Autre piste d’optimisation, proposer, comme le fait A+Glass, de tout gérer de A à Z, de la facturation jusqu’aux services de conciergerie, de sorte à n’avoir qu’un seul point d’entrée pour le client qui réalise des économies en gestion administrative. C’est du reste une tendance générale qui concerne l’ensemble des postes de l’après-vente automobile, l’optimisation passant aussi par une meilleure gestion administrative des prestations.