
À l’image du secteur automobile dans son ensemble, le marché du vitrage est soumis à de profondes transformations technologiques, avec un impact économique et budgétaire sur les flottes. Et ces transformations touchent la nature du métier des enseignes. « Il n’est plus tout à fait le même si on le compare à ce qu’il était il y a seulement cinq ans. L’automobile est un marché d’avant-garde, les aides à la conduite (ADAS) qui équipent de plus en plus les pare-brise en sont la preuve. De ce fait, la nature de nos interventions se fait plus technologique qu’auparavant », expose Nadège Scapin, directrice des marchés entreprises de Carglass.
L’impact...
À l’image du secteur automobile dans son ensemble, le marché du vitrage est soumis à de profondes transformations technologiques, avec un impact économique et budgétaire sur les flottes. Et ces transformations touchent la nature du métier des enseignes. « Il n’est plus tout à fait le même si on le compare à ce qu’il était il y a seulement cinq ans. L’automobile est un marché d’avant-garde, les aides à la conduite (ADAS) qui équipent de plus en plus les pare-brise en sont la preuve. De ce fait, la nature de nos interventions se fait plus technologique qu’auparavant », expose Nadège Scapin, directrice des marchés entreprises de Carglass.
L’impact des ADAS
Une évolution technologique que Nadège Scapin tient à resituer dans son contexte : « Les réglementations évoluent, comme le montrent la mise en place du WLTP, les exigences en matière de sécurité et d’environnement se font plus fortes. Mais pour les gestionnaires de flotte, il y a un “effet ciseaux“ de ces tendances de fond, qui les oblige à investir dès maintenant pour un ROI qu’ils ne peuvent percevoir aujourd’hui. En effet, les économies liées à l’usage des ADAS se traduiront par une diminution de la sinistralité, mais seulement à moyen terme », complète cette responsable.
En attendant, la contrainte économique reste forte. « Un gestionnaire de flotte m’a fait la réflexion que le coût moyen du poste pare-brise dans son budget avait augmenté de 25 %, révèle Stéphane Saubesty, responsable commercial grands comptes de Mondial Pare-Brise. Et de fait, le prix du pare-brise a augmenté de 90 euros avec les ADAS, tandis que le tarif du calibrage est à 94 euros », détaille-t-il. Des coûts qu’il faut savoir expliquer et justifier, surtout auprès des entreprises en auto-assurance, plus regardantes encore. Et l’équation économique globale qui prévalait ces dernières années, soit la baisse de volume compensant la hausse en valeur, ne semble plus d’actualité.
Les responsables de cette flambée du budget pare-brise sont donc les ADAS. Un sujet d’autant plus sensible pour les flottes : elles sont les premières à bénéficier de ces technologies du fait de leur recours quasi exclusif à des véhicules neufs régulièrement renouvelés, particulièrement en LLD. Pour Marie-Pierre Tanuji de Jongh, P-DG d’A+Glass, la proportion des pare-brise équipés en ADAS est de 15 % environ dans les flottes, alors qu’elle se situe entre 3 et 4 % à l’échelle nationale. Nadège Scapin observe pour sa part que certains clients de Carglass sont équipés à hauteur de 80 % de ces pare-brise « technologiques ».
Pour les prestataires du vitrage, ces ADAS, et surtout les caméras embarquées, ont entraîné une sophistication très nette de leurs interventions. Désormais, une fois le pare-brise réparé, il faut recalibrer ces caméras. Et ce n’est pas une mince affaire.
Des interventions complexes
« Nous devons réparer le pare-brise de telle sorte qu’il soit identique au pare-brise d’origine, explique Frédéric Fourgous, directeur général d’Actiglass. Or chaque constructeur a ses propres méthodes de calibrage. Il faut donc s’informer et se former aux différentes techniques qu’ils proposent. » Des pare-brise se recalibrent en roulant, le recalibrage dynamique, tandis que d’autres doivent passer par le recalibrage statique, avec des cibles qui permettent de paramétrer de nouveau les caméras. D’où la nécessité pour les prestataires de se doter des équipements adéquats. Dans le cadre d’un accord global avec AD, sa maison-mère, Mondial Pare-Brise a par exemple choisi de travailler avec le spécialiste des équipements technologiques Texa. Une démarche logique alors que le coût d’un kit complet pour recalibrer les pare-brise avoisine les 15 000euros d’après Frédéric Fourgous.
Une affaire d’équipements mais pas seulement. « Pour anticiper l’achat des cibles en amont, il est aussi intéressant de bien connaître la composition des flottes de nos clients », recommande Marie-Pierre Tanuji de Jongh chez A+Glass. Une façon de lisser les coûts d’équipement. Comme du reste ceux liés à la formation à ces pare-brise technologiques : les prestataires ont ainsi formé tout ou partie de leurs équipes – ou celles de leurs franchisés –, un effort entrepris pour la plupart depuis plusieurs années. Un certain nombre de prestataires se sont d’ailleurs formés au Cesvi, centre de formation automobile de l’assureur mutualiste Covea et, selon Frédéric Fourgous, « le centre technique le plus important de France. »
Atelier ou pas atelier ?
Intervenir sur les pare-brise équipés d’ADAS impose une autre contrainte, celle de pratiquer uniquement en atelier. « Nous avons besoin d’un sol plat et de la lumière adéquate car celle du soleil sur les parkings est trop forte. Il faut également avoir le recul suffisant et donc de l’espace pour assurer ces recalibrages », décrit Stéphane Saubesty pour Mondial Pare-Brise. Un constat partagé par les autres prestataires à l’exception d’Actiglass dont le métier est spécifique puisqu’il intervient uniquement sur site. « Il est vrai que pour les particuliers, c’est difficile. Mais pour les entreprises qui bénéficient de parkings importants, nous avons toutes les conditions requises, un sol plat et la distance nécessaire. Quant à la lumière, nous sommes équipés de toiles spéciales pour la maîtriser, un peu comme les réflecteurs de lumière sur les tournages de cinéma », souligne Frédéric Fourgous pour Actiglass.
Faciliter la mobilité
Pour le recalibrage des pare-brise équipés d’ADAS, ces interventions en atelier supposent aussi un temps d’immobilisation pour les conducteurs. Or, trop de temps passé à attendre les interventions de réparation génère des coûts d’exploitation élevés, et les prestataires cherchent toujours à apporter des réponses pour que les conducteurs ne perdent pas leur temps. Avec un maître mot : la mobilité. En toute logique, les prestataires veulent donc renforcer leur offre dans ce domaine. « Tous nos centres possèdent des véhicules relais gratuits, note Stéphane Saubesty pour Mondial Pare-Brise. Mais se pose la question des véhicules utilitaires légers, plus complexe, et pour lesquels nous constatons une augmentation de la demande. » En réponse, A+Glass dispose dans chacun de ces centres d’un VUL de dépannage, afin que tous ceux qui ont besoin de place pour leur matériel puissent continuer à travailler malgré l’immobilisation de leur véhicule. Point S, nouveau venu dans le vitrage et ce depuis juin 2019, multiplie pour sa part les catégories de véhicules de remplacement et offre une mobilité spécialement adaptée à la circulation urbaine, avec des vélos électriques, voire des trottinettes !
Mais plus que jamais, ces évolutions technologiques des pare-brise et leur impact économique rendent nécessaire le recours à la réparation. Un message que tout le monde connaît plus ou moins grâce à la célèbre publicité de Carglass, mais qui parfois reste encore à la lisière de la conscience des conducteurs. « Tout conducteur de sa propre voiture a le réflexe d’aller faire réparer dès qu’il y a un impact. En revanche, quand il est question de sa voiture de fonction, et c’est pire encore pour les véhicules de service, le cerveau ne fonctionne pas de la même manière », affirme en substance Stéphane Saubesty. Et pourtant ! Alors que la réparation coûtait déjà quatre à cinq fois moins cher que le remplacement sans les ADAS, cette proportion a quasiment doublé avec, soit de sept à dix fois moins cher.
La réparation avant tout
En bonne logique, les gestionnaires de flotte vont chercher tous les moyens pour faire prendre conscience aux conducteurs de l’importance de réagir dès qu’il y a un impact sur le vitrage. Et les prestataires veulent les aider dans une démarche qu’ils conçoivent plus globalement. Tel est en tout cas le positionnement de Carglass pour qui il faut désormais participer à la sensibilisation au risque routier. « Nous ne pouvons pas sensibiliser mieux que nous le faisons au vitrage, d’où la nécessité pour nous d’agir à une échelle plus globale, pointe Nadège Scapin. Car un petit sinistre tel qu’un impact sur un pare-brise peut traduire un état d’esprit annonciateur de sinistres plus importants », complète-t-elle.
Carglass a ainsi lancé un service de vidéos courtes, d’une minute environ, une offre baptisée E-prev, afin de sensibiliser les conducteurs à l’importance d’une bonne conduite et à son impact global vu sous tous les angles, la sécurité au premier chef. Mais pas seulement. « Nous allons vers une économie plus verte, plus vertueuse, avance Nadège Scapin. Il faut donc sensibiliser, prendre la parole, dédramatiser, expliquer les avantages, comme ceux obtenus avec l’optimisation des tournées. » Une démarche de longue haleine, reconnaît-elle, « mais il ne faut pas abandonner, nous sommes dans la bonne vague ».
Autre grand classique des services dans le vitrage, les interventions sur site, qui se voient légitimées plus encore dans ce contexte de renchérissement des coûts. « Les tournées effectuées sur site amènent à identifier tous les impacts, à les signaler et à proposer des prises en charge aux gestionnaires de flotte », argumente David Dewez, responsable national concept vitrage de Point S. Et dans certains cas, les prestataires n’attendent pas et réparent immédiatement, à l’image de Carglass.
Intervenir sur site
Les interventions sur site offrent un double avantage : elles amènent à intervenir très en amont et à faire gagner du temps aux entreprises clientes – la mobilité revenant à la charge des enseignes de vitrage. Mais logiquement, cette prestation peut coûter cher. « Nous disposons de 535 centres et chacun d’entre eux possède son unité mobile. Nous assurons donc 65 % de nos interventions sur site pour les flottes, ce qui est évidemment intéressant pour elles, mais moins rentable pour nous car plus cher. Heureusement, le volume compense ces coûts », précise Marie-Pierre Tanuji de Jongh pour A+Glass.
Les prestataires cherchent en effet à s’appuyer sur une structure de coûts la plus adaptée possible afin de pratiquer des tarifs acceptables pour les flottes. Pour un prestataire comme Actiglass, dont le modèle économique repose sur le concept d’intervention sur site, les tarifs sont présentés comme très compétitifs comparés aux grands réseaux qui supportent des frais de structure importants. Actiglass, implanté essentiellement en Île-de-France, commence à travailler en direct avec les flottes – son modèle est basé sur ses partenariats avec les assurances mutualistes. Et étend son réseau petit à petit, notamment dans le sud du pays. Actiglass possède quelque cinquante véhicules ateliers.
Repenser les tournées
« Certes, nous ne pourrons pas intervenir auprès de certaines grandes flottes faute d’un maillage suffisant, mais beaucoup de ces grands parcs font appel à plusieurs prestataires », complète Frédéric Fourgous d’Actiglass. Autre voie, celle choisie par Carglass qui a réduit le nombre de ses véhicules ateliers, aujourd’hui au nombre de 500 environ, en optimisant ses tournées. Une façon d’appliquer à soi-même les solutions préconisées à ses clients.