
Voglertrans a engagé sa transition énergétique avec le biocarburant Oleo100 au printemps 2020. Et ce, malgré l’impact financier de la pandémie de covid-19. TPE de huit salariés et sept poids lourds, Voglertrans (Mulhausen, 67) réalise un chiffre d’affaires annuel de 800 000 euros dans le transport euro-régional de conteneurs.
Ses dirigeants, Roland et Angélique Vogler, visaient alors trois objectifs. « Nous avons voulu être acteur de notre transition énergétique pour faire avancer les choses et non subir ce que l’on nous imposerait », expose Roland Vogler. Voglertrans avait déjà signé la Charte CO2 avec la DREAL et l’Ademe en 2018. Depuis, l’entreprise menait des démarches pour remplacer le gazole par une énergie alternative. « Enfin, le 1er octobre 2019, la règlementation ZFE en vigueur dans la métropole de Strasbourg a interdit la circulation des véhicules qui ne sont pas Crit’Air 0, 1 ou 2 en cas de pic de pollution. Nous avons donc dû nous mettre en conformité. En prévision des objectifs anti-pollution du 1er janvier 2025, nous sommes allés plus loin en choisissant de rouler à l’Oleo100 éligible à la vignette Crit’Air1 dès qu’Avril aura démontré le caractère neutre de sa production », reprend Roland Vogler.

Un manque de stations GNL
La migration de la flotte de poids lourds vers le biocarburant Oleo100 d’Avril n’a cependant pas été immédiate. « Nous avons d’abord testé le gaz naturel sur trois véhicules, relate Roland Vogler. Notre métier : la traction de conteneurs maritimes sur le Grand-Est, l’Allemagne du Sud et la Suisse, nous oblige à utiliser du gaz liquéfié. Mais l’usage de GNL a présenté trop de contraintes. » De fait, le manque d’avitaillement en gaz était fréquent : il n’y a qu’une station de GNL proche de Mulhausen. En conséquence, un seul des trois véhicules était régulièrement ravitaillé.
De plus, quand les conducteurs étaient en repos, personne d’autre ne pouvait conduire leurs véhicules par manque de formation. « Enfin, l’achat de chaque véhicule représentait un surcoût de 30 à 40 % par rapport à un tracteur diesel. Sans compter les frais de mise aux normes de l’atelier d’entretien et de contrôle des réservoirs », poursuit Roland Vogler. Les camions porteurs électriques actuellement opérationnels étant inaptes à la traction de semi-remorques, Voglertrans s’est tourné vers l’Oleo100.

L’Oleo100 simple et pas cher
« Nous nous sommes alors renseignés sur le carburant à l’huile de colza du groupe Avril auprès de confrères. La solution nous est apparue plus simple d’utilisation et moins chère que le gaz, poursuit Roland Vogler. Nous avons alors fait reprogrammer nos trois tracteurs MAN pour qu’ils roulent à l’Oleo100. Nous utiliserons pendant encore deux ans ces véhicules Euro 5 de plus de six ans. Cela ne nous a coûté que 1 500 euros par véhicule. »
Le groupe Avril a aussi livré en mai une cuve de 20 m3 destinée à son carburant et Voglertrans a commencé à rouler à l’huile de colza. « La conduite et le prix du litre d’Oleo100 sont identiques à ceux d’un poids lourd au gazole. Il y a cependant une surconsommation de 6,6 % de carburant, soit 2 l/100 km. Cette différence est due au pouvoir calorifique de l’huile de colza, inférieur à celui du gazole », pointe Roland Vogler. Pour résoudre ce problème, ce dirigeant a d’abord acquis en juin 2020 un Scania R450 Euro 6d. Son moteur fonctionne aussi bien avec 100 % d’Oleo100 qu’avec un mélange de diesel et d’Oleo100 ou de B100, ce qui permet de réduit la différence de consommation.

Moins 8,2 % de carburant avec le MAN Euro 6d
Poussant sa démarche encore plus loin, le transporteur a réceptionné fin septembre un MAN TGX Euro 6d. Ce nouveau modèle s’équipe des derniers systèmes de sécurité active et passive : assistant d’embouteillage, assistant de changement de direction, assistant de changement de voie et airbag conducteur. Et grâce à l’EfficientCruise 3 et son intégration des données de navigation, son moteur Euro 6d consomme 8,2 % de carburant de moins que son prédécesseur Euro 6c. Pour ce véhicule, la surconsommation d’Oleo100 est donc compensée.
Avec quatre MAN, un Scania et deux Volvo, Roland Vogler dispose dès lors de cinq poids lourds roulant à l’Oleo100 sur sept véhicules. Son objectif d’ici la fin 2020 : faire convertir à l’Oleo100 par le constructeur ses deux Volvo, des Euro 6 âgés de deux et trois ans. L’entreprise aura ainsi réussi la transition énergétique complète de sa flotte en moins d’un an. Et espère intéresser ses clients à sa démarche en leur présentant les avantages de pratiquer un transport vert.
Notre dernière brève sur l’Oleo100
La rubrique carburant du Guide poids lourds
