
Pour les assureurs et les courtiers, le vol de véhicules est un risque dont la fréquence reste très faible : elle atteint moins de 0,5 % et pour certaines entreprises, ne dépasse pas les 0,01 %. « En revanche, dans les flottes, les véhicules sont neufs ou récents et embarquent de nombreux systèmes d’aide à la conduite, explique Étienne de Font-Réaulx, directeur du département automobiles du courtier Théorème. Si la fréquence du vol est faible, le coût est plus élevé. »
Le coût et la nature d’un vol demeurent également très variables d’une entreprise à une autre, d’un secteur d’activité à un autre et d’un type de véhicule à un autre. « Les...
Pour les assureurs et les courtiers, le vol de véhicules est un risque dont la fréquence reste très faible : elle atteint moins de 0,5 % et pour certaines entreprises, ne dépasse pas les 0,01 %. « En revanche, dans les flottes, les véhicules sont neufs ou récents et embarquent de nombreux systèmes d’aide à la conduite, explique Étienne de Font-Réaulx, directeur du département automobiles du courtier Théorème. Si la fréquence du vol est faible, le coût est plus élevé. »
Le coût et la nature d’un vol demeurent également très variables d’une entreprise à une autre, d’un secteur d’activité à un autre et d’un type de véhicule à un autre. « Les conséquences économiques seront plus importantes chez nos clients du BTP, à la tête d’un nombre important d’utilitaires, que chez nos clients du tertiaire où le véhicule de fonction constitue une composante de la rémunération des collaborateurs », constate Étienne de Font-Réaulx.
Les VUL équipés comme cible
D’ailleurs, avec des voitures de société deux places blanches, le taux d’équipement en systèmes de récupération après-vol de type traçage est peu important. « Très communs, ces véhicules sont faciles à remplacer et leur valeur reste relativement faible », souligne Olivier David, directeur commercial France de Coyote, un prestataire qui propose de l’aide à la conduite en temps réel, de la récupération de véhicules volés et de la gestion de flotte. À l’opposé, les entreprises se montrent plus vigilantes avec les fourgons aménagés et ceux dont les équipements sont précieux. Et cette vigilance se fait d’autant plus grande que ces VUL sont difficiles à remplacer dans des délais raccourcis. À titre d’exemple, les modèles équipés de hayons élévateurs font l’objet de davantage d’attention. Pareillement, la valeur du sinistre sera plus élevée avec un véhicule électrique ou hybride dont le prix d’achat est supérieur à celui d’un modèle thermique équivalent.
Deux autres types de véhicules font l’objet de mesures de protection spécifiques. Les premiers – les modèles premium – s’équipent ainsi de systèmes après-vol quand les assurances en font la demande ou lorsque l’entreprise veut augmenter sa franchise pour diminuer le montant de sa garantie contre le vol. Enfin, les engins de manutention bénéficient aussi d’une protection renforcée.
Le contenant mais aussi le contenu
Sans oublier que le véhicule ne représente pas forcément l’objectif principal des voleurs. « Le contenu est parfois plus important pour eux, avance Étienne de Font-Réaulx. Dans le BTP, les utilitaires sont souvent volés ou victimes d’effractions pour l’outillage qu’ils renferment. Dans d’autres cas, ce sont les équipements comme les pots catalytiques qui sont recherchés. Certains de nos clients suppriment les flocages des véhicules pour que ces derniers passent plus inaperçus. » Pour les professionnels de la protection contre le vol, les véhicules habillés du logo d’une l’entreprise ont en effet davantage de risque d’être fracturés. Les voleurs espèrent y trouver des biens de valeur. Au début de la crise sanitaire liée au covid-19, des masques de protection étaient fréquemment volés dans des véhicules identifiés comme propriétés de personnels de santé.
« En tant que responsable achats pour les services généraux et que gestionnaire de flotte, je travaille en permanence avec la direction financière à l’optimisation du TCO de notre flotte », expose Laurence Alcaraz, responsable achats et services généraux de Coloplast France, un fournisseur de matériel médical et chirurgical à la tête d’environ 200 véhicules. En soulignant qu’un sinistre pour vol influe significativement sur le budget d’assurance : « Le taux de sinistralité sert de base au calcul de la prime annuelle. Nous négocions les contrats et les tarifs chaque année mais le vol d’un véhicule peut entraîner une hausse des tarifs de plus de 30 % l’année suivante », rappelle-t-elle.
Un coût administratif
Et ce n’est pas tout : « En plus du surcoût financier, le vol d’un véhicule s’accompagne de nombreuses activités administratives qui alourdissent notre mission : dépôt de plainte, constitution du dossier d’assurance ou montage du dossier de cession du véhicule auprès du loueur. Pour limiter ces préjudices, il est important de rester vigilant et de mettre en place des actions appropriées pour circonscrire cette sinistralité au maximum », recommande Laurence Alcaraz (voir aussi le témoignage).
Mais au-delà de ces coûts directs, l’entreprise subit des coûts indirects liés à un vol. La disparition du véhicule engendre une immobilisation du collaborateur et une perte d’exploitation dont le montant est difficile à évaluer. À l’image de Théorème, des courtiers fournissent un véhicule de remplacement pour une durée maximale d’un mois en attendant les résultats de l’enquête des forces de l’ordre. En cas d’échec, l’assurance est mobilisée et un véhicule de prêt prend le relais.
« Un collaborateur privé de véhicule et tout un service peut être désorganisé », confirme Anthony Tudal, directeur commercial de Vodafone Automotive, spécialiste des systèmes électroniques de protection et des solutions de traçage pour les véhicules. Ce dysfonctionnement est d’autant plus important quand il s’agit d’un VUL transformé dont le remplacement demande une fabrication spécifique et des délais de livraison plus longs. Pendant ce temps, l’activité est ralentie quand elle n’est pas arrêtée. C’est d’autant plus vrai pour les artisans qui ne disposent que d’un ou deux véhicules.
Une perte d’activité
« Pour les voitures de fonction et après une franchise qui peut être de 24 heures, le véhicule volé est remplacé par un modèle en location courte durée, complète Anthony Tudal. Mais certains véhicules transformés ne sont pas proposés en LCD. C’est vrai pour le transport de personnes à mobilité réduite (TPMR). »
Avant d’équiper ses véhicules contre le vol, et plus particulièrement d’un système de traçage, les entreprises doivent au préalable évaluer le coût des sinistres. Le montant remboursé par l’assurance et le reste à charge doivent être clairement identifiés. Les conséquences financières de l’immobilisation sont de même à chiffrer le plus précisément possible. Si le vol entraîne la perte d’un marché, l’entreprise doit le prendre en compte. Lorsque la totalité des conséquences économiques du vol a été établie, son montant doit être comparé à celui d’une solution de protection pour mesurer l’intérêt de cette dernière. « Dans une entreprise, la rationalité économique prime quand les sentiments l’emportent souvent chez les particuliers », note Olivier David pour Coyote France. Et le calcul bénéfice sur coût penche généralement en faveur de l’équipement. Seules quelques entreprises pour lesquelles la sinistralité « vol » est très faible ne ressentent pas le besoin de franchir le pas. Autre cas de figure, des flottes pour lesquelles la fréquence des vols est élevée rencontrent des difficultés à trouver un courtier et un assureur pour couvrir leurs risques. Un dispositif contre le vol peut les y aider.
Négocier l’assurance
En revanche, équiper sa flotte d’un système de protection après-vol ne permet pas de négocier une diminution de sa prime d’assurance alors qu’en France les tarifs des assureurs sont déjà les plus bas d’Europe. « Tirer les prix par le bas revient à tirer les prestations vers le bas, affirme Anthony Tudal. Le vol d’un véhicule n’est pas remboursé comme il le devrait. »
Mais la négociation peut porter sur le montant de la franchise. Et dans cet objectif, le recours à un outil de traçage des véhicules reste la méthode la plus efficace de l’avis des courtiers. « L’un de nos clients s’est équipé d’un dispositif de ce type et en a profité pour relever le montant des franchises et donc diminuer le montant de son assurance, observe Étienne de Font-Réaulx. Le vol a reculé, l’entreprise n’a pas eu à payer de franchise et elle pilote son risque avec davantage de précision. » La garantie vol constitue une option au titre de la couverture des dommages. Les entreprises ont la faculté de négocier le montant des franchises qui peuvent atteindre jusqu’à 5 000 euros par véhicule. Faites vos comptes !
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