
Les vols de véhicules ont reculé pendant la crise sanitaire, avant de reprendre puis de se stabiliser. Selon les statistiques du ministère de l’Intérieur, le nombre de ces « évènements » évolue en effet peu et demeure autour des 120 000 cas par an sur le territoire français depuis 2018. Toutes les carrosseries, toutes les marques, tous les segments de véhicules sont concernés. « Mais avec un climat économique et social plus difficile et notamment avec le renchérissement du coût de la vie, nous anticipons une recrudescence des vols », avance Olivier David, directeur commercial de Coyote France, prestataire spécialiste de la récupération...
Les vols de véhicules ont reculé pendant la crise sanitaire, avant de reprendre puis de se stabiliser. Selon les statistiques du ministère de l’Intérieur, le nombre de ces « évènements » évolue en effet peu et demeure autour des 120 000 cas par an sur le territoire français depuis 2018. Toutes les carrosseries, toutes les marques, tous les segments de véhicules sont concernés. « Mais avec un climat économique et social plus difficile et notamment avec le renchérissement du coût de la vie, nous anticipons une recrudescence des vols », avance Olivier David, directeur commercial de Coyote France, prestataire spécialiste de la récupération électronique des véhicules.
Une mauvaise nouvelle pour les entreprises, très exposées aux vols de véhicules, d’autant que leurs flottes représentent une part toujours plus grande des ventes de véhicules neufs en France. Pour les voleurs, rien ne distingue une voiture de fonction d’une autre automobile. Mais les VUL, munis d’aménagements et d’équipements, intéressent les malfaiteurs. Plus vulnérables quand ils sont habillés aux couleurs d’une entreprise, ces VUL sont censés contenir du matériel de valeur.
Des véhicules utilitaires légers très exposés au vol
« Il existe deux types de vol, constate Anthony Tudal, directeur commercial de Vodafone, autre spécialiste de la récupération électronique des véhicules. L’un s’attache au contenant, l’autre au contenu. En outre, les VUL sont très ciblés car la demande est forte. Les chantiers liés à Paris 2024 suscitent de nombreux besoins difficiles à satisfaire sur le marché du neuf en raison des pénuries de composants. Les véhicules volés sont revendus sur leboncoin et les clients finaux n’en connaissent pas forcément l’historique », poursuit Anthony Tudal. « Les VUL ont cinq fois plus de risque d’être dérobés que les VP », valide Olivier David pour Coyote France. Ces utilitaires sont subtilisés pour leur contenu dont les équipements transportés. Les nacelles, les habillages en bois, les ateliers mobiles sont activement recherchés par les voleurs. Lorsqu’ils sont escamotés, les véhicules équipés de bennes partent souvent à l’étranger, par exemple dans les pays de l’Est. Et les entreprises sont plus exposées quand leurs véhicules appartiennent à des marques reconnues ou quand leur flotte comprend principalement des VUL.
La cible des flottes
Dans le BTP, ce phénomène est très important. Globalement, seuls 38 % des VP et 12 % des VUL sont récupérés ; pour les engins de travaux publics, ce pourcentage oscille entre 0 et 11 %. « Le taux de sinistralité est élevé quand le taux de récupération est faible », souligne Olivier David. En mettant en avant un autre type de vol qui consiste à louer un véhicule sans le restituer dans les délais. Les VP sont alors souvent démontés et leurs pièces revendues, tout comme les VUL de plus en plus fréquemment. Sachant que d’après les statistiques, les véhicules les plus vendus sont aussi les plus volés.
Selon une étude réalisée pour Coyote, une entreprise sur trois a déjà été confrontée de près ou de loin à un vol de véhicules. Ce fléau est une réalité pour les professionnels et ses conséquences se font parfois très lourdes. Le bien volé doit être racheté et l’entreprise perd la différence entre le montant de l’indemnisation versée par l’assurance et la valeur réelle du véhicule. Dans l’attente d’un nouveau véhicule ou engin, elle doit faire appel à la location pour poursuivre son activité. Un coût qui n’est pas toujours pris en charge par la compagnie d’assurance. « 65 % des entreprises ne savent pas comment l’assurance prend en charge les vols », rappelle Olivier David pour Coyote.
Le vol, une perte sèche pour l’entreprise
Toujours d’après l’étude de ce prestataire, 77 % des entreprises considèrent la désorganisation comme la première conséquence d’un vol de véhicule pour l’entreprise. 30 % évoquent une perte de marge d’exploitation (pertes de contrats, impossibilité de livrer, etc.). 23 % affirment avoir vu leur prime d’assurance augmenter au cours de l’année qui a suivi le vol. 11 % ont cité l’insatisfaction des clients au chapitre des coûts indirects. Pour 43 %, la perte financière directe a dépassé les 10 000 euros au-delà des remboursements des assurances. « Plus l’entreprise est importante, plus la perte est faible car le risque est mieux couvert par les assurances, note Olivier David. Quoi qu’il en soit, la perception du vol n’est pas à la hauteur des enjeux. Ceux qui n’ont pas subi un tel sinistre n’ont pas conscience de ses implications. »
Pour les professionnels, les conséquences financières d’un vol demeurent de fait difficiles à appréhender. Pour remplacer un véhicule avec un bras de levage, l’entreprise devra attendre six mois et sa productivité va s’en ressentir. Si un artisan perd son VUL, il ne pourra plus exercer son activité. « Il devra lui aussi attendre jusqu’à six mois pour obtenir un nouveau véhicule, insiste Anthony Tudal pour Vodafone. Le préjudice est moins grave pour une voiture de fonction dont la perte n’empêche pas le collaborateur de se déplacer. En revanche, perdre un véhicule de service pèse sur l’activité. »
Autre conséquence, cette fois en termes de procédures administratives et donc de temps : le gestionnaire de flotte et le département des finances vont devoir gérer les échanges avec l’assureur et les forces de l’ordre, puis commander un autre véhicule ; autant d’opérations chronophages pendant lesquelles l’entreprise ne se concentre pas sur son cœur de métier.

Franchise et garantie
De façon générale, selon sa « sensibilité » au risque de vol, l’entreprise doit arbitrer entre le montant de la franchise et le coût de la garantie. Bien entendu, plus la franchise est élevée, plus la garantie sera faible et vice-versa. L’entreprise doit analyser sa flotte et se poser la question des conséquences d’un vol pour chaque véhicule. Mais si la majorité des entreprises sont assurées contre le vol, certaines compagnies d’assurance refusent de couvrir le risque lorsque la valeur des véhicules, de leurs équipements et de leurs matériels est trop élevée. Dans ces conditions, les entreprises peuvent faire appel à des spécialistes de la récupération après-vol et s’auto-assurer.
Illustration par l’exemple
À la tête de 450 véhicules (80 % de VUL), LS Services, une société coopérative spécialiste de la livraison de colis et de la maintenance de compteurs électriques, recense une cinquantaine d’effractions sur ses véhicules chaque année. « Le vol d’un véhicule nous coûte sa franchise, soit 500 euros. Même si nous avons recours à des véhicules de remplacement, cet évènement désorganise nos missions. Dans le cadre de notre contrat d’assurance, nous avons droit à 45 jours de véhicules de remplacement. Dans ces conditions, le coût d’un vol reste essentiellement indirect », expose Bruno Lucien, responsable technique du pôle automobile de LS Services.
Bruno Lucien évoque aussi les coûts liés aux vols de matériels. « Ces vols portent sur des visseuses, de l’outillage d’électricien, du matériel professionnel, etc. Chaque fois, le préjudice atteint 1 500 à 2 000 euros, soit le coût du matériel contenu dans la caisse de l’électricien. Notre franchise est de 1 500 euros. Chaque vol donne lieu à un dépôt de plainte au commissariat. Une liste du matériel est établie avec les factures correspondantes. L’ensemble des documents est ensuite envoyé à Diot, notre courtier », détaille Bruno Lucien. Dernier point mis en avant par ce responsable : « Le bris de glace génère un coût direct puisque nous avons décidé d’opter pour l’auto-assurance sur cette garantie. Avec cinquante déflecteurs à 250 euros brisés chaque année, la facture dépasse les 10 000 euros. Nous sommes très attentifs au vol car son coût est important. Mais ce n’est pas une priorité et je ne vois pas comment améliorer la situation », conclut Bruno Lucien.
Alarmes, cannes et géolocalisation
Pour faire face, l’entreprise peut prendre des mesures spécifiques et s’équiper de différents dispositifs. La première des mesures à mettre en œuvre passe par un stationnement dans les lieux les plus sûrs et les moins exposés. De leur côté, les alarmes et les cannes de sécurité ralentissent les voleurs sans les bloquer. « Ensuite, la géolocalisation, avec les technologies GPS et GSM, peut être déployée quand le risque n’est pas crucial pour l’entreprise, assure Olivier David pour Coyote. Mais avec des brouilleurs GSM, les malfaiteurs peuvent contourner ces dispositifs. » Pour lutter contre le vol de véhicules, les alarmes sont donc apparues au milieu des années 1970. Elles se sont développées jusque dans les années 1980 et jusqu’à ce que le coupe-circuit ne devienne obligatoire. Depuis quelques années, elles sont revenues au goût du jour et intéressent les automobilistes et les entreprises qui ne souhaitent pas investir dans un système onéreux de télématique ou de géolocalisation. Quant aux cannes antivol, elles découragent les malfaiteurs les moins motivés et retardent les autres.
Avec les systèmes télématiques, le premier objectif vise à gérer les véhicules en temps réel et non à lutter contre le vol. Coyote commercialise ainsi des boîtiers à ondes radios dont la fonctionnalité de géolocalisation s’active lorsque le véhicule disparaît. Appartenant à Coyote, une équipe de détectives identifie le lieu où ce véhicule stationne et mobilise les forces de l’ordre pour le récupérer.
Localiser les véhicules
Grâce à cette technologie, Coyote assure retrouver les véhicules dans des sous-sols, des garages ou encore des containeurs. Certifié par un organisme indépendant, son taux de récupération atteint 91 %. De plus, 93 % des véhicules récupérés sont en bon état. Coyote équipe 300 000 véhicules en France. Le coût mensuel atteint 10 euros par véhicule et par mois.
Avec la géolocalisation des véhicules volés, les conducteurs peuvent aussi ne pas agir et ne pas prendre de risque en cas de car ou de home jacking, tout en récupérant ensuite leurs véhicules. Vodafone emploie pour cela les technologies du GPS pour localiser les véhicules et du GSM pour transmettre les coordonnées géographiques. Cette technologie permet de suivre les véhicules dans les 45 pays européens (57 dans le monde) où Vodafone est présent. Cet opérateur équipe particuliers, artisans et professionnels à travers son réseau de concessionnaires. La protection contre le vol est proposée contre 300 euros pour le boîtier, auxquels s’ajoute un abonnement sur douze mois. Pour les entreprises, Vodafone intervient en direct avec des solutions de télématiques étendues au sein desquelles la protection contre le vol ne constitue qu’un seul aspect des fonctionnalités. Le système peut par exmple empêcher le véhicule de redémarrer après un arrêt de quelques secondes ou envoyer des alertes quand il s’éloigne d’une zone géographique définie au préalable. En moyenne, le coût d’une telle offre s’établit à 600 euros pour un boîtier et 24 mois d’abonnement.
Vers une hausse des vols de véhicules ?
En 2021, Vodafone a retrouvé 671 véhicules dans quatorze pays, pour une valeur estimée de 21 millions d’euros. La récupération la plus rapide n’a pris que trois minutes. Implantée à La Défense, la plate-forme de télésurveillance et d’assistance de Vodafone reçoit 3 000 alertes par mois en moyenne. À écouter Anthony Tudal, ce volume devrait encore croître dans les mois et les années à venir : « Nous traversons une crise mondiale avec des véhicules neufs qui se font toujours plus rares. Dans ces conditions, le vol va prendre de l’importance », souligne-t-il. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour les gestionnaires de flotte.
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