
Quand il est question d’aménager leurs utilitaires, les critères des entreprises en matière d’ergonomie et de sécurité n’ont rien de bien nouveau. Mais ces exigences ne cessent de s’affiner et se font beaucoup plus pointues. « Les demandes des flottes sont toujours plus spécifiques, là où il y a quelques années ces dernières se contentaient d’étagères, confirme Marc Lepetit, responsable marketing du prestataire Kit Utilitaire. Ces attentes concernent l’ergonomie, le gain de temps et le confort de travail. »
On peut y voir le signe de la maturité d’une clientèle qui, à l’épreuve des faits, prend conscience de ce qu’il est possible d’obtenir...
Quand il est question d’aménager leurs utilitaires, les critères des entreprises en matière d’ergonomie et de sécurité n’ont rien de bien nouveau. Mais ces exigences ne cessent de s’affiner et se font beaucoup plus pointues. « Les demandes des flottes sont toujours plus spécifiques, là où il y a quelques années ces dernières se contentaient d’étagères, confirme Marc Lepetit, responsable marketing du prestataire Kit Utilitaire. Ces attentes concernent l’ergonomie, le gain de temps et le confort de travail. »
On peut y voir le signe de la maturité d’une clientèle qui, à l’épreuve des faits, prend conscience de ce qu’il est possible d’obtenir de la part des prestataires. Mais ce changement se fait aussi sous l’effet de la pression interne des salariés, notamment par le biais des syndicats et des CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail). Une autre explication avancée par les prestataires de l’aménagement et de l’équipement est à chercher dans la volonté des flottes d’aller vers un « downsizing » de leurs véhicules, à la fois pour des raisons économiques et environnementales. D’où la nécessité d’optimiser au mieux l’usage des VUL, tout en tenant compte de ces contraintes multiples.
Sur mesure ou personnalisation ?
Cette évolution des besoins se traduit par deux tendances nettes : la première recouvre une spécialisation « métiers » de l’offre, la seconde son « accessoirisation ». Avec deux manières d’aborder les aspects métiers de tels aménagements : soit le sur mesure, soit une certaine forme de standardisation, mais en cherchant la meilleure personnalisation possible.
Cette seconde voie a été choisie par Kit Utilitaire qui met en avant sa gamme Optipro. « Nous avons souhaité standardiser les demandes spécifiques, explique Marc Lepetit, responsable marketing de ce prestataire. Nous avons répertorié toutes les demandes et synthétisé les grandes tendances par métier. Notre objectif : baisser les coûts de production pour aboutir à un sur mesure abordable pour les flottes. »
Optipro se présente comme une gamme d’aménagements en bois, conformément à la spécialisation de Kit Utilitaire, même si ce prestataire ne néglige pas les autres matériaux, dont le métal. Mais avec le mobilier personnalisable, Marc Lepetit explique que jusqu’à maintenant, tout ce qui est modulable est en métal. Optipro est donc, selon son concepteur, la première gamme du genre à être en bois.
La question de l’accessoire
« Une fois que nous avons identifié les besoins qui ressortent régulièrement au sein d’un métier, nous accessoirisons. Pour la plomberie, l’un des quatre métiers que nous avons choisi d’investir, nous avons créé un meuble spécifique : un établi avec un étau pour faire de la soudure. Et nous avons veillé à prévoir ce qu’il faut pour arrimer des bouteilles de gaz, de quoi ranger raccords et joints, mais aussi l’électroportatif », décrit Marc Lepetit. Kit Utilitaire a identifié trois autres métiers, les menuisiers, les électriciens et les agents de maintenance, et entend poursuivre sa stratégie de standardisation métier en fonction de la demande. Un kit plombier coûte environ 2 500 euros HT, prix non remisé, comprenant trois meubles et neuf accessoires.
Gruau mène pareillement en amont cette « réflexion métier », sans s’appuyer au sens strict sur des offres standardisées. Le carrossier s’est ainsi lancé dans une démarche d’innovation. Celle-ci vise à observer les usages dans un secteur donné afin de voir comment les professionnels agissent au quotidien, pour ensuite construire un prototype qui servira de modèle avant la production des véhicules en série. Une démarche dénommée G’innov, « fondée sur l’intelligence collective », comme la qualifie le carrossier.

Optimisation et rationalisation
« Nous avons entre autres travaillé sur ce concept dans le domaine de la logistique, particulièrement celle de la chaîne du froid, avec la possibilité de faire du tri-température, relate Jean Margerie, directeur commercial et marketing de Gruau. Ce qui est original dans notre démarche, c’est bien la rationalisation et la séparation des différents secteurs du froid, comme entre le congelé et les produits frais. Avec un travail sur l’ergonomie à l’intérieur du véhicule de manière à gagner à la fois sur la charge utile et la productivité du chauffeur-livreur », poursuit-il.
D’autres spécialistes sont sur une longueur d’onde différente et ne jurent que par le sur mesure intégral. C’est le cas d’Optima System. « L’expression des besoins métiers constitue une tendance réelle mais nous ne souhaitons pas y répondre par des gammes spécialisées, expose Olivier Huteau, directeur général de l’entreprise. Chacun de nos clients a l’impression de travailler différemment des autres et d’avoir la bonne façon de faire. Ces professionnels ont donc besoin de s’accaparer mobilier et méthode de travail », précise-t-il. Une offre standardisée par métier ne peut donc convenir et Optima System révèle d’ailleurs avoir tenté l’expérience, sans succès.
Dans ce contexte, le sur mesure permet d’envisager tous les équipements recherchés par les entreprises, en fonction des besoins métiers bien sûr, mais pas seulement. « Les flottes travaillent beaucoup sur l’optimisation de l’espace et la rationalisation du matériel transporté, note Olivier Huteau. Elles demandent en effet à descendre en taille pour respecter des stratégies de RSE (responsabilité sociale et environnementale) et pour s’adapter aux politiques urbaines désormais très exigeantes dans les centres urbains. D’où la nécessité pour nous d’un gros travail de développement. »

Repenser l’intérieur et l’extérieur
Les spécialistes de l’aménagement et de l’équipement se réclament volontiers de la fameuse méthode japonaise des 5S, alléger l’espace de travail, rendre efficace son organisation, augmenter son état de propreté, prévenir le désordre, encourager l’autodiscipline. Et pour Carl-Emmanuel Barbez, responsable marketing de Sortimo, cette réflexion va bien au-delà du strict espace d’aménagement. « Aujourd’hui, on parle aussi des 5S quand le professionnel sort de son véhicule et va vers le lieu de son intervention afin de travailler dans les meilleures conditions d’hygiène et de sécurité possibles », observe-t-il.
Sortimo a donc imaginé une gamme d’accessoires pour le professionnel dès qu’il quitte son véhicule, avec le concept ProClick. Soit une ceinture portée par l’utilisateur et sur laquelle s’accrochent plusieurs poches remplies d’accessoires. L’avantage pour ce dernier reste de garder les mains libres quand il se déplace. Cette ceinture n’a rien d’original en soi, précise en substance Carl-Emmanuel Barbez, mais elle est totalement intégrée dans un écosystème de travail cohérent. D’abord grâce à une interface identique à celle des aménagements dans le VUL, ensuite par le biais d’un meilleur confort de portage.
« Avec ProClick, il existe plusieurs tailles de sac, aux formes variées, aux fonctions différentes et bien identifiées, avec une ouverture pour une vue au-dessus. Tout cela facilite le travail d’un professionnel, notamment en hauteur où les risques de déséquilibre sont nombreux », ajoute Carl-Emmanuel Barbez. La ceinture en question se déverrouille d’une seule main. Cette ceinture avec ses accessoires se veut avant tout compatible avec la récente gamme d’aménagements lancée par Sortimo, la gamme SR5. Un kit de démarrage pour ces accessoires ProClick coûte entre 120 et 160 euros TTC.

Une accessoirisation croissante
Cette offre de Sortimo illustre la seconde tendance de la demande des flottes vers une accessoirisation croissante. Les prestataires le disent tout net : « L’accessoirisation a pris une place plus importante dans nos ventes, affirme Marc Lepetit pour Kit Utilitaire. Nous avons étendu notre gamme d’accessoires compte tenu de la progression de la demande, avec jusqu’à 3 000 produits sur notre site. »
La crise sanitaire a aussi renforcé cette demande, avec des solutions de désinfection et des kits de lavage. Par exemple, Optima System commercialise Opticlean, une station de lavage des mains dotée d’un bidon d’eau de 5 l, de savon liquide et d’un dévidoir de papier, pour un tarif d’environ 190 euros HT. De son côté, Gruau propose Protect Man by Gruau, un système amovible de cloisonnement sanitaire de la cellule habitable pour isoler chacun des occupants d’un véhicule sans contact entre eux.
Modul-System, qui se définit comme un aménageur plutôt haut de gamme, s’est lancé dès 2016 dans la vente d’accessoires, barres de toit, lumières, convertisseurs, etc. « Pour les véhicules de chantier et d’atelier, il faut de nombreux aménagements spécifiques, qui vont des ressources électriques jusqu’à la fibre optique et la régie d’eau », explique Philippe Tavel, directeur général de ce prestataire.
Modul-System mise aussi sur son plancher Modul-Floor, composé de feuilles d’aluminium, d’une couverture de laine et de polypropylène léger. « Ce plancher très résistant est totalement collé et protège les véhicules, soutient Philippe Tavel. Il autorise le chargement des pièces lourdes, corrosives, abrasives. Le stockage et la manipulation des produits en sont rendus plus aisés. » Autre argument valorisé par l’aménageur, le gain de poids de 30 % pour ce plancher plus léger, entre autres par rapport aux planchers en bois.




Les limites du gain de poids
Un constat qui remet la problématique de la charge utile au cœur des préoccupations des flottes. Des flottes sollicitées par tant de paramètres que parfois, ce critère pourtant essentiel du poids est laissé de côté. Et le sujet ne cesse de se complexifier, aussi bien pour les prestataires que pour leurs clients. « Les nouvelles exigences réglementaires, et surtout la mise en application du WLTP, ne nous facilitent pas la tâche, à nous carrossiers mais aussi aux constructeurs : à chaque exigence réglementaire, le véhicule devient plus lourd », rappelle Jean Margerie pour Gruau. D’où une recherche accrue pour gagner sur le poids, même si ce gain se fait de plus en plus difficile à obtenir. « On commence à atteindre les limites de l’exercice », confirme Olivier Huteau pour Optima System.
Car s’il existe bel et bien des matériaux très légers, leurs coûts restent souvent exorbitants pour une flotte. Si bien que les prestataires sont condamnés à faire preuve d’astuce avec ce qui existe, le bois, l’acier, l’aluminium et les matériaux composites. Chaque prestataire a son point de vue et sa stratégie sur la question, qui ne change pas forcément avec le temps.
Gruau reste toujours favorable à l’usage de l’aluminium pour certains types de véhicules, notamment les véhicules bennes. « L’aluminium est cher, mais il divise quasiment par deux le poids d’une benne. Nous vendons aussi des bennes mixtes mais selon nous, l’aluminium demeure la vraie solution », estime Jean Margerie. La benne commercialisée par Gruau a de fait été conçue spécifiquement pour l’aluminium. Et pour répondre aux détracteurs de cette matière qui mettent en avant son coût élevé, Jean Margerie leur oppose sa valeur ajoutée : « Pouvoir transporter deux fois plus de marchandises résout au moins partiellement l’équation économique, et ce grâce à ces gains de productivité. »
L’aluminium en question
D’autres prestataires font un usage limité de l’aluminium, à l’image de Sortimo qui privilégie les profilés en aluminium. « En acier, ils sont plus compliqués à assembler », justifie Car-Emmanuel Barbez. Mais jamais cette matière n’est employée pour les tôles ou les autres éléments, qui eux restent en acier. Lequel acier peut être travaillé de différentes façons pour atteindre aussi un certain niveau de légèreté. « L’objectif est d’y mettre le moins de matières premières, c’est donc le design qui allège l’acier, pointe pour sa part Philippe Tavel pour Modul-System. Au fil des années, nous avons réussi à gagner 200 kg sur une charge utile de 800 kg », illustre-t-il.
Modul-System a ainsi travaillé chacun des postes de l’aménagement et de l’équipement des VUL, il ne lui reste plus qu’à s’attaquer au poste de travail, « dernier poste encore très lourd », selon Philippe Tavel. Pour l’alléger, le prestataire s’intéresse d’ailleurs à un matériau composite proche de ce qui se fait pour les planches… de surf.
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