Préoccupation récurrente des aménageurs, le gain de poids constitue plus que jamais le moteur de la conception de leurs produits. En cause : les dernières générations de véhicules dont les charges utiles sont revues à la baisse. « Aujourd’hui, le défi pour nous reste d’équiper des utilitaires plus lourds en raison de leurs motorisations Euro 6, et avec plus d’options ou d’équipements de série », expose Yves Parquet, directeur réseaux et grands comptes de Durisotti.
L’aménageur, qui intervient aussi bien dans les secteurs du BTP que du transport de marchandises ou de personnes, multiplie donc les pistes de travail. « Il nous faut trouver les...
Préoccupation récurrente des aménageurs, le gain de poids constitue plus que jamais le moteur de la conception de leurs produits. En cause : les dernières générations de véhicules dont les charges utiles sont revues à la baisse. « Aujourd’hui, le défi pour nous reste d’équiper des utilitaires plus lourds en raison de leurs motorisations Euro 6, et avec plus d’options ou d’équipements de série », expose Yves Parquet, directeur réseaux et grands comptes de Durisotti.
L’aménageur, qui intervient aussi bien dans les secteurs du BTP que du transport de marchandises ou de personnes, multiplie donc les pistes de travail. « Il nous faut trouver les matériaux adéquats : nous employons des panneaux en aluminium, en composite ou en fibre de bois, etc. », énumère Yves Parquet. Des matériaux qui, à l’instar des plus récentes motorisations, contribuent à limiter l’empreinte écologique des véhicules.
De l’innovation et du sur mesure
Outre le gain de poids qui contribue à mieux maîtriser la consommation de carburant, ces matières alternatives présentent aussi la qualité de se recycler plus facilement. Durisotti joue ainsi la carte de l’innovation avec son Polyvolume : un utilitaire réalisé sur la base d’un plancher-cabine Renault Master-Opel Movano-Nissan NV400, avec une carrosserie majoritairement faite en panneaux à base de lin 100 % recyclables.
Mais si les aménagements s’adaptent aux évolutions structurelles des véhicules, ils n’en oublient pas pour autant de répondre aux attentes des clients. « Nous avons créé un cabinet de dentisterie sur une base de plancher Master pour un client qui voulait se déplacer avec un cabinet médical dentaire, relate Yves Parquet pour Durisotti. Nous avons monté une carrosserie de style Polyvolume, que nous avons aménagée avec une salle d’attente, une salle de soins et tout ce qui va avec comme la climatisation. »
Cette recherche d’un matériel performant et adapté est une constante chez l’ensemble des aménageurs. Filiale de Gruau, Sortimo commercialise par exemple la gamme Sortimo HD en matériau composite d’un poids léger, conçu pour résister aux chocs et aux rayures. Ces caractéristiques techniques s’adaptent aux usages et améliorent les conditions de travail des utilisateurs. « Nous avons développé la gamme Flexrack pour les messageries rapides, avec des parois en composite qui se replient sans faire de bruit », illustre le responsable marketing de la marque Sortimo, Carle-Emmanuel Barbez.
Renforcer la sécurité des utilisateurs
Toujours pour améliorer les conditions de travail, les efforts de l’aménageur portent également sur la sécurité des utilisateurs. Pour les véhicules de livraison, une séparation intérieure peut alors compléter l’aménagement, « et avec une porte coulissante, le livreur passe dans l’espace de chargement sans sortir de véhicule. C’est un gain de temps et moins de risques », avance Carle-Emmanuel Barbez.
Autre proposition dans le sens d’une sécurité renforcée, le concept Pro-Safe : « Il s’agit d’un dispositif d’arrimage des charges avec des sangles qui peuvent s’accrocher aux meubles », reprend le représentant de Sortimo. Plus besoin de chercher des points d’arrimage pour les charges : les sangles peuvent s’accrocher sur les points d’arrimage d’origine du véhicule, mais aussi sur toute la structure des meubles : « Dès que l’on embarque une charge, elle peut se plaquer sur les meubles », souligne le responsable.
Ce dispositif a été exploité sur un produit lancé en début de l’année par l’aménageur : la galerie Top-System vendue à partir de 216,40 euros HT. « Comme l’aménagement intérieur, cette galerie se veut totalement modulable et personnalisable. L’utilisateur peut paramétrer les accessoires des traverses pour en faire de simples barres porte-charge ou bien des galeries complètes avec échelle, chemin de marche, etc. grâce à nos accessoires spécifiques », décrit Carle-Emmanuel Barbez. Parmi ces accessoires, un tube verrouillable dans lequel les matériaux peuvent se transporter à l’abri des regards et de l’humidité.
Et dans la continuité de la réflexion sur les conditions de travail de l’utilisateur dans son véhicule, Sortimo cherche à améliorer sa mobilité une fois l’utilitaire arrivé sur site. Dans ce sens, l’aménageur aligne la gamme Workmo à partir de 172,80 euros HT.
Des équipements avant tout pratiques
« Ces modules d’aménagement sont aussi des postes de travail. L’aménagement est extrait du véhicule pour travailler sur le chantier », explique Carle-Emmanuel Barbez. Un gain de mobilité pour le technicien qui se veut aussi un gage de plus grande efficacité : « Cela permet de faire le moins d’allers-retours possible entre le véhicule et le chantier. Ce qui génère, sur une année, un gain de productivité certain », argumente ainsi le responsable.
Reste que si le gain économique d’un aménagement peut se mesurer en productivité, il peut aussi s’envisager dès l’installation par le choix des matériaux employés : bois, aluminium, acier ou matériaux composites.
Chez Orsymobil, les aménagements allient l’acier, l’aluminium et le polypropylène, une matière plastique. « Nous recourons désormais à l’aluminium sur quelques composantes de l’aménagement (cadre de finition, éléments de tiroir), en remplacement de l’alliage acier, pour un gain de poids assez important », indique Alexandre Petri, responsable du développement de la gamme Orsymobil pour Würth France.
Alléger avec les nouveaux matériaux
Pour la protection intérieure du véhicule, parois et plancher, « le polypropylène contribue à gagner une cinquantaine de kilos par rapport à un kit classique », ajoute ce responsable.
Faire appel à ces matériaux demeure toutefois soumis à des contraintes de sécurité, comme le souligne Alexandre Petri : « En tant qu’aménageur, nous nous devons de commercialiser les produits les plus légers. Mais cela a ses limites : à force d’alléger les matériaux, on perd en stabilité, en solidité, et on ne peut plus travailler avec certains corps de métier dont les pratiques mettent le mobilier à rude épreuve. »
Lorsqu’il peut être exploité, le gain de poids dû à ces matériaux contribue à compenser les pertes de charge utile dans les derniers modèles de VUL, et par ricochets à diminuer leur consommation. Un impératif tout particulièrement pour les véhicules électriques, bien que leur part reste anecdotique pour un aménageur comme Orsymobil : « Nous avons dû en faire une vingtaine cette année au maximum sur 1 800 aménagements », calcule Alexandre Petri.
Bois, métal, composite, etc.
Mais ces gains envisageables sur la consommation doivent aussi se comparer au surcoût de ces matériaux, notamment par rapport aux aménagements en bois. « Notre aménagement en aluminium coûte peut-être 30 à 50 % plus cher que le bois », estime Alexandre Petri. Pour compenser, l’aménageur propose à ses clients de réutiliser leurs aménagements d’une génération de véhicule à l’autre (voir l’encadré ci-dessous).
Si cette réutilisation des équipements améliore leur longévité chez les clients, l’aménageur ne s’empêche cependant pas d’innover. « Lors du salon Batimat, nous allons présenter nos premiers prototypes de meubles “2020“, dévoile le responsable d’Orsymobil. Alors qu’aujourd’hui les meubles sont conçus plutôt sur le modèle modulaire des ‘‘Lego’’, cette gamme sera plutôt conçue sur le modèle des ‘‘Meccano’’, avec des possibilités de personnaliser l’aménagement plus finement et de combiner les deux possibilités. »
Si les possibilités d’aménagement et les matériaux employés évoluent, le bois demeure, lui, une constante. Indétrônable dans les utilitaires des artisans qui réalisent eux-mêmes leurs aménagements, il est aussi incontournable chez les aménageurs. « Certains professionnels n’ont pas forcément le budget pour investir dans des solutions d’aménagements en métal ou en aluminium. Notre objectif est de mettre en avant des alternatives à celles-ci », justifie Dorian Guittenit, responsable recherche et développement chez Kit Utilitaire, un prestataire qui fait du bois le principal matériau de ses installations.
« Notre clientèle se compose des grands corps des métiers de l’artisanat : plombiers chauffagistes, électriciens, menuisiers, etc. Nous cherchons à offrir à ces professionnels des solutions rapides, ergonomiques et en accord avec leur budget », complète Dorian Guittenit. Atout valorisé par Kit Utilitaire : ses aménagements satisfont aux critères de respect de l’environnement. « Notre bois est certifié PEFC, indique Dorian Guittenit, un label qui garantit l’exploitation raisonnée des forêts. Nos gammes d’aménagements Optipro et Premium sont également certifiées par des crash-tests. La particularité de ces équipements est de pouvoir les transférer lors d’un changement de véhicule », poursuit le responsable.
Le recours au bois, un matériau peu coûteux, n’empêche pas les innovations. Dernière en date pour Kit Utilitaire, la gamme Optipro qui autorise une personnalisation selon les attentes du client. « Avec cette gamme sortie en mai dernier, les clients peuvent concevoir leurs équipements à partir de plus de cent blocs de tailles et des fonctions différentes, en adéquation avec leurs besoins », expose Dorian Guittenit. Cette personnalisation est menée à bien à la suite d’échanges entre les conseillers maison et les clients. Ces derniers indiquent les modèles d’utilitaires à équiper et leurs souhaits, comme installer l’équipement du côté du conducteur plutôt que du côté de la porte latérale. L’aménagement est ensuite personnalisable par blocs. Un système « sur mesure » mais à un prix réduit.
Répondre aux attentes du client
« Avec nos techniques de production, nous maîtrisons les coûts pour afficher un prix de vente attractif, argumente Dorian Guittenit. Un maximum de pièces sont communes afin de réaliser des économies d’échelle. Les blocs sont ensuite assemblés selon un jeu de “Meccano“. »
Cette gamme Optipro vient compléter les autres produits de Kit Utilitaire. « La gamme Optimum est la gamme standard qui répond à la majeure partie des demandes de notre clientèle, détaille le responsable. Nous avons ensuite la gamme Optipro et ses nombreuses possibilités de personnalisation, ainsi que la gamme Premium, soit le plus haut niveau avec sa finition vernie. »
Parmi les nouveautés, Kit Utilitaire avance aussi des solutions pour améliorer la mobilité des utilisateurs. « Il y a une forte demande d’équipements pour venir chercher le matériel dans le véhicule et le sortir facilement. Nous proposons dans ce sens le kit arrêt-valises pour empêcher les mallettes de bouger », note Dorian Guittenit. Autre nouveauté pour faciliter la mobilité des utilisateurs, le lancement d’un marchepied sur ferrure d’attelage pour offrir aux clients « des alternatives aux solutions existantes et renforcer notre position en tant qu’aménageur global pour véhicules utilitaires », annonce Dorian Guittenit.
Des équipements et des accessoires
Le catalogue d’accessoires complémentaires aux aménagements constitue une constante commune à plusieurs aménageurs. « Les accessoires sont une demande fréquente de nos clients, entre autres pour la sécurisation des véhicules par le biais des serrures électriques ou mécaniques », souligne Aline Basile, co-gérante d’Optima System. Autre demande des entreprises : des matériels pour compléter l’alimentation et la distribution électrique. « Ils évitent de perdre de temps lors d’une intervention en facilitant par exemple l’alimentation de compresseurs », reprend ainsi la responsable.
Chez Modul-System, le catalogue des matériels électriques a aussi été récemment étoffé. « Sous le nom de Modul-Connect, nous avons toute une série d’accessoires d’électrification des véhicules incluant le câblage », résume Philippe Tavel, directeur de l’aménageur.
Pour le câblage, le dispositif de Modul-System mise sur une installation rapide qui ne nécessite pas d’expert pour la pose. « C’est un système étanche de type faisceaux numériques sur trois fils. Il est alors possible de gérer les appendices lumineux à l’intérieur ou à l’extérieur du véhicule, des émetteurs et récepteurs, ainsi que du courant basse tension 12 volts sur un seul circuit », décrit Philippe Tavel. Ce circuit peut alimenter des gyrophares, des triflashs, la lumière intérieure ou la lumière directionnelle sur le véhicule. « Et si un composant est en panne, cela n’interfère pas sur l’ensemble du circuit », complète ce responsable.
Renforcer l’autonomie électrique
Pour les équipements électriques, l’aménageur commercialise aussi un nouveau chargeur pour alimenter les batteries auxiliaires, employées pour les équipements électriques des techniciens et artisans. « Sur les voitures, la capacité électrique des batteries a été limitée pour diminuer la masse embarquée, explique Philippe Tavel. Avec des équipements comme les Adblue, il faut trouver des gains de poids ailleurs. » Un équipement comme le chargeur de Modul-System se veut pertinent pour les voitures électriques. « Avec ces véhicules, l’enjeu reste l’autonomie, rappelle le responsable de Modul-System. Il faut éviter de prendre de l’énergie pour alimenter les périphériques. Notre chargeur crée un circuit indépendant pour les autres électrifications. »
Outre cette diversification vers les accessoires, l’aménageur continue d’innover dans son cœur de métier. « Nous proposons un système de plancher pour lequel nous avons fait plusieurs demandes de brevet », indique Philippe Tavel. Dénommé Modul-Floor, ce plancher prend la forme de pavés de dimension standard, articulés les uns aux autres. « Les pavés couvrent la plus grande partie du plancher. Viennent ensuite des compléments pour ajuster à la forme du modèle d’utilitaire », précise Philippe Tavel.
Un tel système génère bien sûr des économies d’échelle pour l’aménageur, des économies répercutées aux clients. « Jusqu’ici, il était nécessaire d’aligner d’autant d’articles que de modèles d’utilitaire et chaque modèle possédait des spécificités comme une paroi de séparation ou non », pointe le représentant de Modul-System. Avec ce plancher, les matériels à stocker pour l’aménageur se font moins nombreux. Ce produit a été repensé pour mieux s’adapter aux usages. « Nous l’avons voulu le plus résistant et léger possible. Nous avons déposé un brevet pour sa conception à base de couches d’aluminium, de structures en nid d’abeilles et de couches en textile qui permettent d’assembler les différents composants », décrit Philippe Tavel. Avantage de ce produit : son poids. L’autre plancher de Modul-System en polypropylène antidérapant de 15 mm à structure en nid d’abeilles est 60 % plus léger que le bois, le nouveau matériau est 24 % plus léger.
Dernière caractéristique de ce produit : il n’est pas fixé mécaniquement mais grâce à une colle technique. « Cela confère une grande résistance entre les deux planchers. Le plancher ainsi fixé contient, lui, un système de fixation mécanique pour recevoir les aménagements », argumente Philippe Tavel.
Ces solutions sont aussi conçues pour s’adapter aux usages des véhicules utilitaires de livraison dont le nombre ne cesse de s’accroître, poussé par le développement des commandes en ligne. En parallèle de son plancher, l’agenceur a développé un aménagement baptisé Modul-Express, spécialement conçu pour cette branche d’activité, « avec un mobilier rétractable, très résistant et léger », selon Philippe Tavel.
De nouvelles opportunités de marché
Le développement de certaines branches d’activité représente de fait des opportunités de marché pour les prestataires. « Notre clientèle se concentre dans le secteur du BTP à 90 %, mais nous avons aussi un fort développement dans d’autres secteurs comme le transport d’oxygène », observe Stéphane Crescini, directeur commercial de SD Services.
Pour cette activité de transport d’oxygène, SD Services fait systématiquement appel à l’aluminium pour le plancher et les côtés, avec des rails d’arrimage pour le matériel. « L’aluminium répond aux contraintes d’oxydation et aux risques d’incendie, surtout par rapport au bois. L’acier n’est pas souhaitable parce qu’il augmente le poids et diminue la charge utile. Et les protections au sol et sur les parois n’ont pas besoin d’être très épaisses pour protéger efficacement le véhicule », détaille Stéphane Crescini. Ce dernier estime par ailleurs que le nombre de véhicules équipés est passé, en France en quelques années, de 3 000 ou 4 000 véhicules par an à 10 000 aujourd’hui.
Pour ses clients, SD Services aligne dorénavant sa gamme 100 % aluminium, Infinity, qui s’est substituée à la gamme V6 en acier. « Historiquement, avec l’aménagement contreplaqué de gamme Wood SYS, nous étions positionnés moyen haut de gamme, explique le responsable de SD Services. Nous recherchions un positionnement avec le métal sur un même niveau de proposition. »
Faire léger, solide et pratique
L’aluminium répond à cette stratégie commerciale mais offre aussi des atouts pour la conception des installations embarquées : « C’est un produit plus haut de gamme qui offre un design plus épuré et harmonieux. Avec aussi moins d’éléments dépassant de l’aménagement sur lesquels il serait possible de se heurter ou de s’accrocher », décrit le responsable. L’avantage se veut aussi esthétique : les couleurs s’harmonisent dans les tons gris clair.
Le matériau amène enfin un gain de poids bien que celui-ci ne soit pas déterminant. « Il faut compenser par de l’ajout de matière la perte de résistance par rapport à l’acier, justifie Stéphane Crescini. Sur 200 kg d’aménagements par exemple, on gagne 15 à 20 kg au maximum. » Et comme chez ses concurrents, l’aménageur cherche à améliorer la mobilité des utilisateurs avec des gammes modulables : « Une partie du mobilier peut se déplacer sur le lieu de travail. Nous proposons aussi aux clients des servantes à roulettes qui peuvent se descendre du véhicule ou se fixer à l’intérieur », complète Stéphane Crescini.
Des aménagements sur mesure qui s’adaptent aux besoins et vont de pair avec un réseau d’aménageurs implantés dans toute la France. « Nous nous appuyons sur seize agences. Une nouvelle vient d’être installée en Lorraine. Et le site de Paris Nord, situé actuellement près de Ligny, va s’installer à Taverny (95), une situation plus proche de Paris pour une surface trois fois plus grande », conclut le responsable SD Services. La mobilité est bel et bien en ligne de mire.
