VUL : toujours plus de sécurisation

Avec l'usage croissant des utilitaires, la nécessité d’une formation sur les spécificités de conduite et de chargement devient nécessaire. Sans oublier que des équipements et des précautions d’aménagement peuvent aussi renforcer la sécurité. 
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VUL : toujours plus de sécurisation

Selon les chiffres de l’observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) en 2010, 146 conducteurs ou passagers de véhicules utilitaires légers sont décédés lors d’accidents de la route. Un chiffre faible mais préoccupant car en nette hausse sur la période 2000 à 2010 : de plus de 80 %. En 2000, seuls 80 occupants de VUL avaient trouvé la mort sur les routes. En comparaison, le nombre de morts dans des véhicules légers baissait de 60 % sur cette période. Les utilisateurs de VUL seraient-ils de plus mauvais conducteurs ? Ces résultats statistiques sont certes à considérer avec précaution. Ce qu’ils traduisent indéniablement, c’est avant tout le recours toujours plus courant aux utilitaires légers. Mais la diffusion croissante de ces VUL ne doit pas cacher la réalité des risques liés à leur usage. « Un utilitaire léger se conduit avec le permis B. Mais avec ses 3,5 t, ce véhicule est loin d’être une voiture particulière », résume-t-on à la Caisse nationale d’assurancemaladie (Cnamts).

Apprendre à utiliser les utilitaires légers

L’organisme a commencé à se pencher sur la question au début des années 2000. En 2007, la Cnamts a édité un livre blanc avec plusieurs propositions pour améliorer la sécurisation des utilitaires. Et l’organisme pointe aujourd’hui encore les lacunes persistantes dans leur utilisation. Outre le défaut de formation spécifique à la conduite, leur usage n’est soumis à aucune restriction du temps de conduite des chauffeurs. De plus, ces derniers ne sont généralement pas formés sur les grands principes de chargement ou d’aménagement… Et si des mesures comme les restrictions d’accès aux centres urbains ont contribué à substituer les VUL aux poids lourds, les compétences des chauffeurs, elles, sont restées limitées à celles exigées pour un permis VP.

Pour remédier à cette situation, la Cnamts a lancé début 2012 l’opération « Coup de pouce à un utilitaire plus sûr ». Un accompagnement financier de 3 000 euros pour inciter les entreprises de moins de cinquante salariés à l’achat ou la location d’utilitaires neufs. Mais cette opération ne se limite pas uniquement à une aide financière : elle compte participer à l’encadrement des pratiques en soumettant à plusieurs conditions les entreprises qui souhaitent l’obtenir. Tout d’abord, le véhicule neuf choisi doit être doté de six équipements de sécurité. Autre impératif pour obtenir l’accompagnement financier : l’entreprise s’engage à faire suivre à ces représentants une formation sur différents aspects des utilitaires. Cette formation est dispensée par des organismes privés, référencés par la Cnamts et présents sur tout le territoire ; elle dure quatorze heures réparties sur deux jours.

3 000 euros pour mieux sécuriser les VUL

Le propos est de revenir sur les grands principes d’une conduite en sécurité : vue, fatigue, alcool, port de la ceinture, angles morts, etc. Mais surtout de professionnaliser l’utilisation du VUL en soulignant la nécessité de l’entretien, la tenue d’un livret de bord ou la présence d’équipements de sécurité. La  question de la sécurisation du chargement est aussi abordée : son poids, son arrimage et leurs répercussions sur la tenue de route. Autre élément important, les aménagements des véhicules, dont la fiabilité est essentielle pour les occupants en lors d’un accident ou d’un freinage violent.

Des enseignements à remonter dans l’entreprise

Véhicules et chauffeurs ne sont pas les seuls concernés par ces formations. Ces deux journées sont aussi l’occasion de s’arrêter sur la répartition des responsabilités entre les donneurs d’ordres et les conducteurs au sein des entreprises. Difficile en effet d’attendre des chauffeurs le respect des limitations de vitesse si la durée des tournées n’a pas été évaluée en amont. Et même si chauffeurs et responsables peuvent difficilement se rendre ensemble à ces formations, « les questions posées reviennent dans l’entreprise », assure Julien Tonner pour la Cramif.

5 000 entreprises seulement pourront bénéficier de cette aide, accessible jusqu’au 31 mai 2012. Une action limitée mais dont la Cnamts projette qu’elle donnera plus d’écho à son action. Car l’ensemble de ces dispositifs prévus ne sont bien sûr pas les seuls envisageables. Ainsi, en 2010, l’Institut national de recherche et sécurité pour la prévention des accidents du travail (INRS), qui dépend directement de la Cnamts, a élaboré un protocole d’essais, référencé NS 286. Suivi dans le cadre d’une démarche volontaire des aménageurs, ce protocole donne les indications pour la réalisation de structures adaptées en cas de choc.

D’autres équipements peuvent aussi compléter ceux envisagés, comme le système de contrôle de la pression des pneumatiques. Sur les autoroutes, rappelle-t-on à la Cnamts, les éclatements de pneus sont trois fois plus fréquents sur les utilitaires que sur les voitures particulières : en raison d’un sousgonflage, d’une surcharge ou de la dégradation des pneus.

Vérifier les pneus, éviter les surpoids

Enfin, bien que l’utilisation des VUL soit peu encadrée, rappelons que les comportements à risques sont susceptibles de sanctions. De fait, un surpoids supérieur à 20 % du poids du véhicule expose à une contravention de classe 5, pouvant aller jusqu’à 1 500 euros d’amende. Un dispositif légal qui pourrait bientôt s’élargir à l’aménagement intérieur et aux compétences des chauffeurs.

Six équipements de sécurité indispensables

Pour bénéficier des 3 000 euros de l’opération « Coup de pouce à un utilitaire plus sûr » de la Cnamts, l’utilitaire doit être pourvu :
• d’un dispositif d’antiblocage des roues de type ABS,
• d’une aide au freinage d’urgence,
• d’un contrôle électronique de la stabilité,
• des airbags passagers,
• d’une cloison de séparation sur toute la largeur et la hauteur du véhicule et des points d’ancrage pour arrimer les marchandises,
• d’un limiteur de vitesse ou un système équivalent.
Enfin, l’aide accordée est augmentée de 1 000 euros si le véhicule est équipé d’un indicateur de charge.