
Les gestionnaires de flotte y sont habitués : la fiscalité des véhicules a toujours constitué une variable complexe à maîtriser parce que difficile à anticiper. Les taxes, TVS, bonus, malus, etc., évoluent régulièrement (voir l’article sur la fiscalité). Pareillement, l’alignement progressif des fiscalités du diesel et de l’essence donne à ces responsables de parc du fil à retordre (voir l’article). Et toutes ces variations rendent difficile la définition d’une car policy pour l’année suivante.
Avec le WLTP (Worldwide harmonized Light vehicles Test Procedures) qui succède au cycle NEDC, une autre incertitude émerge : ce nouveau mode de mesure des émissions rend incertaine la fiscalité à venir mais aussi son étalon, les émissions de CO2. Au 1er septembre prochain, le taux de CO2 des voitures va ainsi être apprécié selon le barème du « NEDC corrélé ». Les anciens résultats du test d’émissions seront réévalués avec un outil de calcul baptisé le « CO2mpas », censé s’approcher du résultat WLTP. Et en janvier 2019, c’est le WLTP qui sera l’étalon de l’appréciation des émissions (voir l’article).
WLTP : des conséquences à mesurer
Quelles en seront les conséquences fiscales de ce changement ? Rien n’est officiellement annoncé. Logiquement, une augmentation des taxes est à prévoir, au niveau des appréciations à la hausse des émissions de CO2 selon ce nouveau test. Qui apportera aussi une mesure plus précise selon les différentes options des modèles (taille des jantes, toit ouvrant, etc.) et évaluera les impacts d’autres éléments sur les émissions comme l’aérodynamisme des véhicules (voir aussi l’article).
Cette « ré-homologation » incite les constructeurs à revoir leurs gammes afin que les taux d’émissions constatés restent maîtrisés. « Chez certains constructeurs, les modèles les plus anciens sont arrêtés car ils n’ont parfois plus de raison d’être au catalogue. Pour d’autres modèles, des modifications sont en cours comme des adaptations sur des motorisations diesel pour lesquelles il faut ajouter un filtre SCR (anti NOx) et un réservoir d’AdBlue », constate Marc Laurent, directeur pricing et valeurs techniques du loueur ALD Automotive.
Toutes ces modifications ont des conséquences sur les délais et la disponibilité des voitures commandées. Si les constructeurs se veulent rassurants, les loueurs eux constatent des incertitudes sur des délais de livraison.
Un manque de visibilité
« La visibilité n’est pas encore très bonne sur tous les modèles disponibles au catalogue », résume Marc Laurent pour ALD Automotive. Le constat est similaire chez Parcours : « Pour des motorisations qui conservaient de bons résultats en NEDC corrélé, on pouvait penser qu’il n’y aurait pas d’évolutions majeures en WLTP. Mais des constructeurs ont procédé à des changements de motorisation sur ces mêmes véhicules, entraînant aujourd’hui des délais de livraison parfois supérieurs à douze mois », indique Alexis Boehm, directeur des ventes du loueur Parcours.
Pour éviter les mauvaises surprises, les loueurs mettent en avant, auprès de leurs clients, des solutions garanties : la commande de modèles de stocks par exemple, qui n’ont pas été soumis aux tests WLTP parce que mis sur le marché avant le 1er septembre 2017. « Des clients ont par anticipation accéléré les renouvellements sur le premier semestre », note Alexis Boehm. Face aux incertitudes du marché, Parcours oriente aussi ses clients vers des solutions provisoires : « Nous leur proposons de prolonger sans pénalité les contrats en cours ou encore de passer en location moyenne durée pour les besoins urgents. »
Une certitude : « Le WLTP va assurément obliger les gestionnaires de parc à revoir leur car policy en 2019 », projette Marc Laurent pour ALD. Pour s’assurer que leurs gammes restent lisibles pour les professionnels de la gestion de parc, « les constructeurs vont rationaliser les options sur les packs. L’offre va devenir plus simple avec un peu moins de choix à court terme, avant de se redéployer », poursuit ce responsable.
Un travail sur l’information
Pour accompagner leurs clients, les loueurs se penchent sur la lisibilité de l’information : « Nous travaillons avec tous les constructeurs pour permettre aux clients de bénéficier au plus vite d’une grille de lecture simple et pratique pour la gestion de leur car policy », indique Marc Laurent. « Nous échangeons avec les constructeurs pour améliorer la lisibilité des gammes l’année prochaine. Nous réalisons un gros effort sur les échanges d’informations avec eux pour que les demandes d’options sur les véhicules ne soient pas des facteurs de lenteur dans la tarification », complète pour sa part Alexis Boehm.
Mais il n’est pas exclu que cette réglementation ait des conséquences sur la composition des parcs : des modèles, susceptibles d’être pénalisés par les nouveaux tests, pourraient être écartés des car policies… : « Nous pensons que les cartes seront rebattues, comme entre les SUV et les berlines, et les breaks pourraient être favorisés aux dépens des SUV », pointe Alexis Boehm. À suivre…