La mise en place du cycle WLTP n’épargne pas les petites entreprises. Qui se sont elles aussi penchées sur ce sujet et sur les conséquences pour leur flotte. D’ores et déjà, la réflexion est en cours pour faire appel à des véhicules moins émetteurs, avant tout hybrides ou électriques, voire pour passer au véhicule partagé. Mais tout n’est pas si simple.
Un Partner Electric a depuis quelques années rejoint la dizaine de véhicules de CMR Équipements. Cette entreprise d’électricité générale basée dans le Doubs détient des agréments pour l’installation de bornes de recharge électrique.
Comme l’ensemble des entreprises, les TPE et PME ne sont pas passées à côté d’une réflexion sur les conséquences du cycle WLTP sur leur car policy. « Dès le début de l’année dernière, nous avons commencé à en discuter avec le loueur, retrace Semina Mezi, responsable des flottes d’EBV Electronik et Avnet, deux spécialistes des composants électroniques. Nous nous sommes posé pas mal de questions pour savoir ce que cela allait amener en coûts supplémentaires. Comme nous raisonnons en TCO et que nous avons de gros véhicules de marques premium, nous pensions être touchés très négativement », constate cette responsable (voir le témoignage).
S...
Comme l’ensemble des entreprises, les TPE et PME ne sont pas passées à côté d’une réflexion sur les conséquences du cycle WLTP sur leur car policy. « Dès le début de l’année dernière, nous avons commencé à en discuter avec le loueur, retrace Semina Mezi, responsable des flottes d’EBV Electronik et Avnet, deux spécialistes des composants électroniques. Nous nous sommes posé pas mal de questions pour savoir ce que cela allait amener en coûts supplémentaires. Comme nous raisonnons en TCO et que nous avons de gros véhicules de marques premium, nous pensions être touchés très négativement », constate cette responsable (voir le témoignage).
Semina Mezi reconnaît qu’elle a été opportuniste en maintenant une car policy orientée vers le diesel. Après avoir consulté les loueurs, évalué les répercussions possibles sur le budget de cette flotte de 140 VP majoritairement composée de modèles premium, « nous avons préféré attendre et nous avons bien fait puisque le WLTP n’arrivera finalement qu’en 2020. »
En attendant le WLTP en 2020…
Le manque de visibilité sur le WLTP l’an passé, avec l’étape provisoire du NEDC corrélé cette année, a également conduit une entreprise comme Puratos à ne pas bouleverser sa car policy. « Pour les émissions, nous avons une limite à 130 g. Nous n’avons rien changé en 2018 en raison du WLTP qui n’était pas encore très lisible. Nous referons un travail une fois que tous les constructeurs auront les modèles qui répondent à ces critères », indique Antoine Moriceau, gestionnaire des 170 véhicules de ce spécialiste des ingrédients et des solutions pour les boulangers, pâtissiers et chocolatiers (voir le témoignage).
Si elles n’ont pas encore abouti, les réflexions liées au passage au WLTP sont donc lancées. Chez EBV Electronik et Avnet, l’essence a fait son apparition dans la liste des véhicules proposés aux salariés. Cette motorisation est suggérée aux conducteurs quand elle est pertinente par rapport à la loi de roulage du collaborateur. « Nous avons limité à 30 000 km par an le nombre de kilomètres au-dessous duquel il n’est plus possible de recourir au diesel », décrit Semina Mezi. L’hybride rechargeable est aussi susceptible de faire son entrée dans la flotte. « Mais nous allons l’encadrer, notamment en nous renseignant au préalable sur le mode de conduite des salariés qui le choisissent », poursuit la responsable, en avançant là aussi la nécessité de faire correspondre l’usage de cette motorisation avec les déplacements des salariés.
… les TPE-PME sont actives
Mais Semina Mezi soulève aussi les problèmes liés à l’intégration de ces motorisations dans le parc : « Cela pose les questions de la recharge des véhicules et du remboursement des charges aux salariés qui utiliseraient une prise chez eux. » L’hybride rechargeable pourrait toutefois être intéressant pour les SUV : « Nous en avons beaucoup et pour les garder, c’est peut-être la meilleure solution », concède la responsable.
La prudence des TPE-PME à faire évoluer leur car policy vers de nouvelles motorisations n’est cependant pas antinomique avec quelques changements, voire des démarches innovantes. Chez CMR Équipements, un Peugeot Partner Electric a depuis quelques années rejoint la dizaine de véhicules de cette entreprise d’électricité générale du Doubs. « Je m’intéresse à l’électrique parce que cela constitue aussi un vecteur d’affaires », explique Damien Glerean, le gérant de l’entreprise. Pour ce responsable, ce Partner Electric a offert l’occasion d’échanger plusieurs fois avec des passants lors de ses déplacements en ville. Des rencontres qui ont débouché sur des achats de véhicules électriques… et l’implantation de bornes par son entreprise qui détient des agréments pour l’installation de bornes de recharge électrique et de domotique.
Damien Glerean avait intégré ce Partner Electric à la faveur d’une opportunité commerciale : « Cet utilitaire est en location sur sept ans avec 10 000 km par an. Il fait peu de kilomètres : un peu plus de 10 000 km pour trois ans jusqu’ici », détaille-t-il. Une première expérience qui laisse penser que la part de l’électrique pourrait être plus importante dans le parc : « Je peux basculer en tout-électrique avec des véhicules capables de 250 km d’autonomie. Il serait alors possible de faire Besançon-Dijon sans se poser trop de questions », estime ce responsable (voir le témoignage).
Le véhicule électrique en question
Reste qu’il faut aussi anticiper la recharge des véhicules. Une question que Damien Glerean connaît bien et qui n’est pas sans poser de problème : « Nous sommes implantés dans un village où les maisons disposent d’une puissance de 6 kWh. Si l’on installe une grande quantité de bornes de recharge de 7 ou 11 kWh, le village ne sera capable de le supporter sans moyen de production et de stockage privatifs », souligne ce gérant d’une entreprise d’électricité générale.
Pour sa part, GMT Conseil, spécialiste de l’intégration de solutions de gestion, va bientôt passer au 100 % hybride ses cinq véhicules. Dans cette entreprise basée à Lescar en périphérie de Pau, la flotte se destine aux huit salariés qui emploient les véhicules dans le cadre de leurs missions de commerciaux, consultants ou développeurs. Pour justifier son choix, Pierre Terquem, dirigeant de GMT Conseil, avance que « l’hybride a indéniablement une influence sur le comportement de conduite. » Et outre ces hybrides, GMT Conseil veille à ce que les déplacements des salariés restent maîtrisés : « Pour les améliorer, nous optimisons les plannings des collaborateurs en les faisant partir la veille au soir et dormir sur place quand le trajet est trop long », illustre Pierre Terquem (voir le témoignage).
De l’autopartage en mode électrique
Cet intérêt de certaines TPE-PME pour les motorisations alternatives vient aussi dans le prolongement d’une réflexion sur les solutions de mobilité offertes aux salariés. « Nous avons pris l’an passé la décision de mettre deux véhicules 100 % électriques en autopartage, des BMW i3 », rappelle Semina Mezi pour EBV Electronik et Avnet. Des véhicules proposés aux salariés qui n’ont pas de voitures de fonction, mais qui peuvent contribuer à familiariser l’ensemble du personnel à la conduite électrique. « Ce sont des habitudes à prendre et ce n’est pas évident, on le voit avec les i3, ne serait-ce que pour la recharge ou la gestion du câble, prévient Semina Mezi. Nous faisons beaucoup de communication par e-mails avec notre loueur Alphabet pour familiariser les salariés avec l’autopartage et l’électrique ».
Cette réflexion sur les mobilités peut aussi déboucher sur des solutions plus traditionnelles comme le pool de voitures thermiques. « Nous réfléchissons à un pool afin d’ajouter des véhicules de service pour les salariés qui ne sont pas motorisés en remplacement des locations courte durée », projette Antoine Moriceau pour Puratos, en évaluant à un par site le nombre de véhicules nécessaires. Chez Altares, cette réflexion va encore plus loin. À la tête d’un effectif de 200 personnes, ce spécialiste de l’analyse et la valorisation de bases de données économiques d’entreprises a récemment retenu le fleeteur Holson pour gérer son parc d’une soixantaine de voitures de fonction. L’objectif est notamment de bénéficier d’une meilleure visibilité sur l’utilisation de la flotte et sur les dépenses liées. Mais ce choix de fonctionnement a aussi eu pour effet de donner du recul sur la pertinence de la proposition des véhicules aux salariés (voir le témoignage).
Quelle mobilité pour les salariés ?
« Faire appel à un fleeteur, c’est aussi récupérer des informations sur le nombre de voitures employées, l’évolution des modes d’utilisation et pourquoi pas arriver à se désensibiliser de ce sujet », expose Damien Dreyfous-Ducas, Head of Transformation, en charge des RH et de la flotte pour Altares. Une réflexion qui pourrait permettre d’envisager de substituer au parc des solutions de mobilité. « La flotte pourrait ainsi évoluer vers de l’autopartage », ajoute ce responsable qui relève très justement : « Pour l’entreprise, c’est la fonction première de mobilité qui a un intérêt, pas le véhicule. » Un constat qui pourrait être mis à profit dans nombre de sociétés, y compris les plus grandes.
Retrouvez {{title}} dans le Guide Flottes Automobiles.
En utilisant notre site, vous consentez à l'utilisation des cookies.
Ils nous permettent notamment de vous proposer la personnalisation de contenu, des publicités ciblées en fonction de vos centres d’intérêt, de réaliser des statistiques afin d’améliorer l’ergonomie, la navigation et les contenus éditoriaux.
Cependant, vous pouvez à tout moment choisir de désactiver une partie de ces cookies en suivant les instructions fournies sur la page Politique de confidentialité.